Sans bile et sans rancune, James Iha trompe les Smashing Pumpkins pour flirter avec une pop légère et séduisante. Etre guitariste des Smashing Pumpkins ne doit pas être un boulot poilant tous les jours : on ne souhaite à personne d’être obligé de faire des prouesses les jambes écartées, sous les ordres d’un patron tyrannique, […]
Sans bile et sans rancune, James Iha trompe les Smashing Pumpkins pour flirter avec une pop légère et séduisante.
Etre guitariste des Smashing Pumpkins ne doit pas être un boulot poilant tous les jours : on ne souhaite à personne d’être obligé de faire des prouesses les jambes écartées, sous les ordres d’un patron tyrannique, de pointer à l’usine métallurgique quand, à l’évidence, on aimerait laisser musarder ses six cordes… Ainsi, quand il rentre du boulot et range sa guitare en V et ses amplis réglés à 11, James Iha se rappelle que l’instrument peut aussi être un plaisir, la composition un jardin secret plutôt qu’un champ de foire. Car si on imagine volontiers le studio se transformant, en compagnie de Billy Corgan, en un fascinant jeu de pistes, avec ses pièges, ses fausses routes et ses escalades, on imagine mal une guitare aussi légère supporter l’épaisseur vraiment cruche de ce groupe dès qu’il se retrouve sur scène. On savait James Iha très proche d’Evan Dando mais comme toutes les pop-stars sont les amies de l’Australien, on ne pouvait pas imaginer que leurs écritures pouvaient également être liées.
On apprend ainsi que James Iha rejette toute responsabilité pour les épais et orageux bavardages que sa guitare s’autorise au sein de la maison mère : en onze chansons, elle ne quitte pas une seconde une écriture sage et rangée, un folk-rock radieux que seule Madame Soleil aurait pu déceler chez les Smashing Pumpkins (Madame Soleil avait donc écouté 1979, Soothe ou la plupart des faces B de l’époque Mellon collie & the infinite sadness). L’avantage étant que Let it come down n’est donc en aucun cas un album de guitariste en manque, mais celui d’un guitariste en trop-plein : on se souvient ainsi de John Frusciante sautant en marche du bruyant train-train Red Hot Chili Peppers ou de Bob Mould s’évadant de l’asile Hüsker Dü, pour l’un et l’autre mettre le fracas en sourdine. Ils en étaient ressortis tout noirs, les chansons carbonisées, tordues. James Iha, lui, en ressort miraculeusement indemne, ses petites chansons taillées dans un bois vert et flexible pas dans une branche calcinée. Il y avait pourtant danger : quand ils sont en vacances de sérieux, les Smashing Pumpkins s’offrent des reprises franchement new-wavasses de Cure ou Depeche Mode une passion souvent attribuée à Iha. Mais c’est ici une autre écriture anglaise qu’il essaie de parler sans accent, une langue rupestre et épanouie qui évite heureusement de lorgner vers d’autres obsessions britanniques de cet encyclopédiste, des Smiths à Syd Barrett. On a beau avoir entendu les chansons de Let it come down depuis notre tendre enfance (chez les Beatles comme chez Lilac Time), elles s’attaquent doucereusement à nos faiblesses, à notre impuissance chronique à rejeter une mélodie décolletée, à repousser les avances d’une pop-song aussi câline (l’idéal Lover, lover ou Sound of love). Des caresses suffisamment troublantes pour passer l’éponge sur des rogatons pue-du-bec (No one’s gonna hurt you, Jealousy) ou sur quelques platitudes où l’on devine Lennon à l’oeil nu (Winter, Be strong now).
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