Alain Gerber, parallèlement à sa carrière d’écrivain prolixe et protéiforme, continue depuis plus de trente ans, d’être l’un des commentateurs les plus inspirés de la jazzosphère. Membre de la mythique petite équipe de Jazz Magazine du tournant des années 70 (avec Carles, Comolli, Marmande, etc.), producteur à France Musiques et France Culture d’émissions-cultes et indéboulonnables, […]
Alain Gerber, parallèlement à sa carrière d’écrivain prolixe et protéiforme, continue depuis plus de trente ans, d’être l’un des commentateurs les plus inspirés de la jazzosphère. Membre de la mythique petite équipe de Jazz Magazine du tournant des années 70 (avec Carles, Comolli, Marmande, etc.), producteur à France Musiques et France Culture d’émissions-cultes et indéboulonnables, Gerber, même s’il semble aujourd’hui s’être un peu détaché de l’actualité de cette musique dans ses dernières métamorphoses, demeure l’un de ses plus grands spécialistes lorsqu’il s’agit d’évoquer le « roman du jazz » ? l’entremêlement des grandes et petites histoires qui font sa saga. Sa monographie de Lester Young est à ce titre exemplaire. Partant d’enregistrements précis qui servent à la fois de toile de fond sonore et de bornes discographiques à son évocation, Gerber tire simultanément plusieurs fils (déroulé biographique, considérations esthétiques, panorama historique, portraits littéraires, digressions poétiques’) pour tisser le portrait intime et infiniment complexe d’un des plus grands saxophonistes de l’histoire du jazz, avec Coleman Hawkins, Sonny Rollins et John Coltrane. C’est à la fois fluide et érudit, toujours amoureux de son sujet, passionnant de bout en bout. A l’arrivée, on a qu’une envie : replonger dare dare dans la musique vaporeuse de celui qui, comme le dit si justement Gerber « a donné tant de bonheur à ses semblables en leur inspirant tant de mèlancolie. «