Avec son festival “Les yeux fermés”, la Gaîté Lyrique s’apprête à organiser une série de concerts à vivre dans le noir complet, sans écrans ni téléphones portables. Joueur et radical.
Et si l’on fermait les yeux, l’espace dun instant ? C’est en une ligne le pitch simple, poétique et efficace que proposent le directeur artistique et programmateur musical Guillaume Sorge conjointement avec La Gaité Lyrique (Paris, 3e) du 11 au 13 juin. Comme pour adoucir le retour à la vie tumultueuse après un an et demi de confinements et reconfinements.
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Les yeux fermés comme trois soirs de musiques électroniques : Une ouverture avec le musicien d’ambient I:Cube, le chercheur Jonathan Fitoussi, partenaire de Xavier Veilhan (et dont l’album Espaces timbrés sorti avec Clemens Hourrière en 2018 était mixé par I:Cube), et le nouveau venu Joseph Schiano Di Lombo, auteur d’un premier album, Musique de niche, mêlant habilement pop et classique, ambient et humour.
Un second soir avec la musicienne expérimentale et plasticienne Félicia Atkinson, la techno aussi atmosphérique qu’excitante de Voiski, et la musique hybride de Tryphème. Enfin, cloture avec l’excellent producteur Low Jack, le duo israélien de musique minimale habituellement qualifiée de Weird wave Winter Family, et l’artiste japonaise Tomoko Sauvage, qui travaille avec des micro sous-marins plongés dans des bols en porcelaine remplis d’eau.
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Sixième sens
A vivre assis·es ou allongé·es, ces expériences sont pensées comme un moyen de focaliser totalement l’attention du public sur la musique en le privant de sa vision. Une idée qui accentue nécessairement le côté intime de l’expérience. Guillaume Sorge, directeur artistique à l’origine de ce stimulant projet, nous explique: “J’ai eu la chance de voir Autechre jouer dans le noir dans les années 90, j’en garde un souvenir très intense : une perte totale de soi-même dans le son, une épiphanie intime et radicale. Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus disait Proust, ce projet est ma tentative de retour vers ce paradis. » Quant à l’interdiction des smartphones, il argue du fait qu’il souhaite questionner « le contexte d’écoute et le rapport à la performance » et ainsi « renouer avec une expérience à la fois intime et collective, en se créant au passage un moment pour soi où l’on n’est ni “joignable”, ni dérangé. » « Je suis persuadé aussi qu’on écoute mieux dans l’obscurité, débarrassés des stimuli de nos smartphones et du regard de l’autre. En terme de programmation musicale, c’est aussi un terrain de jeu quasi infini qui m’excite énormément” conclut-il.
De quoi laisser espérer que l’expérience, aussi radicale, chercheuse, joueuse que déroutante et à n’en pas douter concluante, donnera naissance à d’autres. Pour plus d’informations, rendez-vous la semaine prochaine sur le site de la Gaîté Lyrique.
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