Les Vines ont donné le 30 avril à Manchester l’avant dernier concert d’une trop longue tournée, destinée à accompagner Highly Evolved, leur premier album acclamé par la critique.
Si l’on peut juger de la qualité d’un groupe à la taille des salles dans lesquels il joue, alors les Vines sont en pleine ascension. C’est la troisième fois en dix mois qu’ils viennent jouer à Manchester, et après deux concerts dans les petites salles de l’université, ces jeunes Australiens montent en grade et s’invitent cette fois dans l’écrin du Manchester Apollo.
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On remarquera que, dans le même temps, les Vines n’ont fait qu’un seul et unique concert en France, au Bataclan à l’automne dernier. Manchester 3, France 1, les temps sont durs pour les fans français de rock. Les jeunes groupes à prétention planétaire semblent de plus en plus concentrer leurs efforts dans d’épuisantes tournées américaines et dans la conquête des c’urs de la jeunesse (et de la presse) anglaise, au bon goût réputé. Dans le cas des Vines, le résultat est mitigé : en décembre dernier leur tournée américaine a tourné au fiasco après une bagarre sur scène et des problèmes d’ego. Par contre le groupe a su se créer une base de fans impressionnante en Angleterre, où l’on compare sans problème les Vines à Nirvana.
C’est donc devant une foule imposante, et attentive, que les Australiens vont entamer leur concert, avec In the jungle, titre qui reflète bien l’ambiance lunatique de leur album Highly Evolved. « Lunatic », terme anglais signifiant « fou à lier », évoque aussi parfaitement le comportement du leader du groupe, Craig Nicholls, qui réussit le tour de force de se faire passer pour le nouveau Kurt Cobain, tout en présentant la même coiffure que Mireille Darc.
On ne va voir que lui pendant le concert, avec son jeu de guitare chaloupé, ses attitudes autodestructrices, sa voix magnifique malgré des hurlements stridents. On ne sait jamais si l’on à faire à un bouffon hystérique ou à un génie habité. Pendant ce temps, le reste du groupe assure un rythme de croisière et les morceaux s’enchaînent sans grande surprise.
Bien sûr, des titres comme Get Free, Highly Evolved et l’inestimable Outtathaway ! déclenchent des scènes d’hystérie collective. Bien sûr Homesick est un hymne taillé pour les stades qui fait sortir les briquets et chanter la jeunesse. Mais cette communion avec le public reste intermittente et l’on attend mieux d’un groupe qui se doit de confirmer en live sa réputation flatteuse. Les Vines n’arriveront ainsi pas à régler leurs problèmes de son, ce qui ne permettra pas d’apprécier à leur juste valeur les morceaux inédits comme Amnesia ou Evil town.
Au fil du concert Craig Nicholls semble de moins en moins concerné, se contentant de mépriser ouvertement le roadie chargé de réparer ses destructions de matériel. Ce type devrait d’ailleurs être canonisé pour la patience avec la laquelle il remplace les guitares et micros sur lesquels le leader des Vines se défoule.
Le morceau final, un inédit au titre engagé et conceptuel (I fuck the world), est à l’image de tout le concert : efficace mais joué sans grande conviction. La performance des Vines se termine sans rappel, après seulement cinquante minutes de live. A 17 livres (25 euros) la place, la minute de concert affiche un tarif particulièrement élevé pour le fan anglais, même s’il est vrai que le concert des Australiens était précédé de deux très bonnes premières parties : Rocket Science et You am I.
Ne nous y trompons pas, les Vines sont un grand groupe, mais il leur reste encore à gagner en maturité et constance. Le chemin à parcourir est encore long si ces Australiens veulent franchir un nouveau pallier et remplir la Manchester Arena, la plus grande salle de concert d’Europe, lors de leur prochaine venue en terre mancunienne.
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