Sombre et romantique, le deuxième album de Karkwa va chercher des poux à Luke autant qu’à Radiohead.
Karkwa, dont sort ici le deuxième album (paru il y a deux ans dans son Québec natal), pourrait sans forcer, et sous leurs propres longitudes, chercher de belles noises aux nouveaux maîtres du rock en français, Luke. Les mêmes vents mauvais fouettent dans leur musique à forte tête, la même matière noire y emporte la lumière, la même grandiloquence romantique, assumée et joliment achevée, flotte au fond de chaque abysse. Karkwa pourrait être un Luke qui n’aurait pas fait de l’électricité totale et du rush permanent son unique vocabulaire, un Luke qui aurait, en marge d’une réunion secrète des révolutionnaires rock ou après une saignante rupture, rencontré les ambitions de Radiohead.
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Car outre le goût commun avec les Français pour les mots douloureux et mélodramatiques, on retrouve aussi et surtout, chez ces Québécois au bel accent, un véritable talent pour les morceaux géométriques, le fantasme architectural des Anglais pour d’impressionnantes constructions pyramidales – ces assemblages complexes et pièces montées soniques font d’ailleurs merveille sur scène, où le groupe excelle, peut-être plus encore que sur disque.
Sur le plutôt frappant Les tremblements s’immobilisent, sur le sonique M’empêcher de sortir, l’excellent Vertige, le magnifiquement arrangé Les Vapeurs, digne de Kid A, ou le sombre Le Coup d’Etat, les atmosphères s’installent mais ne stagnent jamais longtemps, le temps s’étire vers l’infini, mais sans jamais croiser l’ennui.
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