Les formations à tiroirs fleurissent cet été. Dernière en date : Them Crooked Vultures, groupe composé de musiciens de Queens of The Stone Age, Led Zeppelin et des Foo Fighters. On ne sait rien encore, sauf qu’ils enregistrent. Avant eux, d’autres formations, appelées supergroupes, ont mixé des groupes prestigieux. Un rêve de fan, équivalent musical de « l’équipe de foot idéale », pour le meilleur et pour le pire.
The Dead Weather (The White Stripes, Queens of The Stone Age, The Raconteurs et The Kills), Discovery (Vampire Weekend, Ra Ra Riot), Monsters of Folk (M.Ward, Bright Eyes et My Morning Jacket). Ces derniers mois, on a senti les médias s’enflammer régulièrement pour tel ou tel puzzle prestigieux crédité de l’appellation de « supergroupe ». Gage de qualité, ou simple artifice de promo ?
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La dénomination ne date pas d’hier. Sans trop aller fourrer son nez dans les linceuls, on se souviendra du clinquant Million Dollar Quartet, formé en 1956 avec pas moins que Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, et Elvis en tête de gondole, immortalisant le moment avec l’enregistrement d’un seul jam d’une après-midi dans les studios Sun Records.
Par la suite les line-up aux œufs d’or sont devenus légion, que ce soit les Crosby, Still, Nash & Young, ou le magnifique combo de The Travelling Wilburys (Bob Dylan, Georges Harrison, Tom Petty, Jeff Lynne et Roy Orbison). Au registre punk on citera entre autre Osaka Popstars (Ramones, Black Flag, Misfits, Voidoids), The Transplants (Rancid, Blink 182), et en metal A Perfect Circle (Marilyn Manson, Smashing Pumpkins, Tool). Mais les supergroupes ne sont pas uniquement l’apanage du rock.
En hip-hop aussi on a connu des collaborations fructueuses, que ce soit entre des producteurs et des rappeurs (Gnars Barkley : Cee-Lo et Danger Mouse), des Djs et rappeurs (Reflections Eternal : Talib Kweli et Dj Hi-Tek, mélange magique), ou plus récemment le groupe Child Rebel Soldier regroupant Pharrell Williams (The Soldier), Kanye West (The Rebel) et Lupe Fiasco (The Child). Tout cela sans compter tous les groupes de rappeurs reconnus, tels que les excellents Wu Tang Clan par exemple, mais qu’on qualifiera davantage de collectifs, car s’articulant autour d’individualités fortes.
Si tous ces groupes bénéficient ipso facto d’une reconnaissance, ils n’en sont pas moins tenus de faire leurs preuves, et par extension d’une alchimie loin d’être acquise.
Ainsi les anciens groupes en manque de leader qui vont piocher chez le voisin d’à côté (Audioslave et Velvet Revolver, peu convaincants) ne sont pas pour autant meilleurs qu’un autre, et ne proposent souvent qu’un « remâchage » maladroit de leur répertoire.
D’autre part, les egos surdimensionnés ne sont pas gages de bonnes bouillabaisses, et on citera par exemple celui de Billy Corgan, perdu entre la traversée du désert de The Smashing Pumpkins et sa tentative ratée avec Zwan. L’avantage possible est que des regroupements d’egos forts peuvent aussi bien être synonymes d’énergie positive, et créer des bravades duellistes comme pour The Dead Weather (le clip de Treat Me Like Your Mother est éloquent), Jack White et Alison Mosshart se renvoyant la balle avec une ferveur toute particulière.
Un autre écueil est sans doute le manque de motivation des membres pour fonder un projet parallèle à leurs projets personnels, comme ce fut le cas pour Crosby, Still & Nash qui perdirent Neil Young en cours de route, ou plus récemment pour The Good, The Bad & The Queen, regroupant le temps d’un album Damon Albarn (Blur), Paul Simonon (The Clash), Simon Tong (The Verve), et Tony Allen.
Dernièrement, Josh Homme (Queens of The Stone Age), John Paul Jones (Led Zeppelin) et Dave Grohl (Foo Fighters) alimentent le buzz autour de leur nouveau supergroupe Them Crooked Vulture, et de leur tournée à venir. En Europe, on a eu vent que Rock En Seine annonce un groupe mystère (nom de code : Les Petits Pois), alors que le Pukkelpop (Belgique) et le Lowlands (Pays-Bas) font part d’un groupe supplémentaire dans leur programmation.
Si la plupart des projets ne sont pas pérennisés au delà d’un ou deux albums, d’une tournée, voire d’une simple session de jam (Million Dollar Quartet, The Dirty Mac), l’enthousiasme reste logiquement de mise à chaque annonce d’un nouveau supergroupe dans les médias musicaux. Pour le reste, on attend vos pronostics avec impatience.
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