A Toulouse, pour cette nouvelle édition des Siestes électroniques du 1er au 10 juillet, la météo n’a pas été la meilleure amie de l’electro. Notre journaliste s’est consolé aux sons des prestations de Fedaden, Nôze ou encore Brooks. Compte-rendu.
Tombée d’entrée sous le joug de la loi de l’emmerdement maximal, la cuvée 2005 des siestes électroniques toulousaines n’a manifestement pas été bénie des dieux de la musique Deux annulations de dernière minute ? Machine Drum, pour avoir raté son avion, Max Richter, pour n’avoir pas pu prendre le sien, à Edimbourg, le lendemain des attentats londoniens’ ?, de récurrents problèmes de son et une météo chagrine le deuxième week-end : tout a concouru à saper le moral des organisateurs qui, pourtant, ont su vaillamment affronter l’adversité et faire en sorte que le festival ne vire pas au fiasco intégral.
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De fait, cette série de fâcheux pépins n’aura pas empêché les amateurs de farniente et/ou de sonorités électroniques de venir en nombre lézarder ? ou gigoter, quand la musique s’y prêtait ? sur les fort accueillantes pelouses du jardin du Musée des Abattoirs. Il n’est pas inutile de rappeler que tous les concerts se déroulant dans le jardin du musée sont gratuits, choix on ne peut plus louable qui permet de ne pas restreindre le public au seul cercle des initiés.
Payante, la soirée d’ouverture était, elle, organisée dans la cour de l’Hôtel d’Assézat : c’est là où les ennuis ont commencé? A l’annulation susmentionnée de Machine Drum (remplacé par un Feadz bien pataud) s’est en effet ajouté l’arrêt précoce ? au bout d’une vingtaine de minutes’ ? du live de Modeselektor, suite à l’apparition de forces de l’ordre (toujours là quand on n’a pas besoin d’elles’) fermement décidées à faire régner le silence à une heure (00h30) où l’honnête riverain est censé pouvoir dormir tranquille. Toulouse, ville morose ? Allons, allons, quelle drôle d’idée
Enfin, s’il y au moins un Toulousain qui n’a pas dû être mécontent, c’est bien Denis Fedabeille, alias Fedaden, qui a eu la chance d’ouvrir le feu à 22h et de faire apprécier, sans tracas d’aucune sorte, ses morceaux à la fois raffinés et toniques (tout ce que, désolé d’insister, ne fut pas le set de Feadz). Se situant dans la mouvance de ce hip-hop instrumental dont le Endtroducing de DJ Shadow reste un inusable jalon, Fedaden sortira à la rentrée un album qu’il va falloir surveiller de près.
Au cours du premier week-end de réjouissances en plein air ? sous un soleil éclatant ? se distinguèrent surtout le set bien profilé du Berlinois Daniel Meteo, le live turbulent des trois fantasques de DAT Politics et les rythmes ondulants de Jan Jelinek, l’un de ces méticuleux orfèvres qui font de Berlin la capitale incontestée du dub minimaliste, style musical parfaitement adapté aux nécessités de la sieste
Condamné à la manquer pour cause de concurrence déloyale de Bonnie Prince Billie passant le même soir à Toulouse, je ne peux porter sur la prestation de Thomas Fehlmann qu’un jugement indirect : selon une source proche (tellement proche qu’il s’agit de ma tendre et chère ), cette prestation fut d’une élégance exemplaire, ayant su en deux temps trois mouvements communiquer aux popotins encore présents sur les pelouses une furieuse envie de se trémousser.
Max Richter ne pouvant se rendre à Toulouse pour les raisons que l’on sait, Sylvain Chauveau s’est retrouvé seul à l’affiche du deuxième vendredi soir (8 juillet). Le cadre majestueux de l’Auditorium St-Pierre des Cuisines offrait a priori une idéale antre de résonance à la musique de l’auteur de Nocturne impalpable, accompagné pour l’occasion par quatre instrumentistes (alto, violoncelle, clarinette et piano). Par faute d’un certain manque d’unité et d’amplitude, le concert n’a cependant pas entièrement convaincu : ainsi l’ouverture, tendue vers un dépouillement radical, m a-t-elle semblé assez nettement supérieure à la conclusion, constituée de quatre reprises de Depeche Mode, en guise d’avant-goût à un album à venir. Plutôt réfractaire (pour ne pas dire allergique ) à la musique du groupe de Martin Gore, je me contenterai de dire que ces reprises présentent au moins l’avantage de rendre (pas tout à fait assez ) méconnaissables les originaux.
Après la disparition brutale du soleil en début d’après-midi, la journée du lendemain a été riche en averses, parfois violentes (fin du bulletin météo) ? d’où une densité au mètre carré assez faible du côté du jardin des Siestes’ Ceux qui ont bravé les intempéries et sont restés jusqu’au bout ont dû subir le non-mix ? un navrant numéro de pousse-disques exécuté sans l’ombre d’un début de chouia de conviction ? de Marc Collin mais ont ensuite été largement récompensés de leur bonne volonté par Nôze, joyeux agitateurs déjà repérés au Sonar. En parfaite forme physique, grâce à un échauffement intensif à la vodka, nos lascars ont servi pendant près de deux heures leur sacrée mixture ? à base de house bien secouée ? à un public assoiffé de son.
Le manque de véhicule m ayant conduit (si j’ose dire ) à faire l’impasse sur la soirée organisée hors du centre-ville, j’en viens directement au dimanche, jour de clôture marqué par un retour du soleil, timide mais suffisant pour drainer une belle affluence. Si ce fut un vrai bonheur de pouvoir laisser ses oreilles vagabonder au gré de l’heure de libre écoute offerte par arteradio, ce fut un non moins vrai supplice de devoir endurer l’affreuse noisy-pop au rabais de Magnetophone. Vint ensuite le tour de Vladislav Delay et AGF qui, séparément puis ensemble, se perdirent un peu dans des élucubrations sonores pas forcément très palpitantes’ Ils passèrent heureusement le relais à l’Anglais Brooks qui, armé de son laptop et de quelques bons petits tubes, mit un swinguant point final à la session 2005.
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