2014 : année Fauve, oui, mais pas que. De Damon Albarn à Metronomy, en passant par Lana Del Rey, Lily Allen et Tinariwen, de gros et beaux rendez-vous nous attendent. Aperçu.
Mark Daumail, Cascadeur et Owlle
Avec Cocoon, Mark Daumail avait pris l’habitude de digresser du folk à la soul, en reprenant OutKast ou Jay-Z par exemple. Mutation étonnante poursuivie par Speed of Light (sortie en mai), où le songwriting toujours aussi pop et efficace change de grammaire, s’aventurant vers une soul moderniste à la Frank Ocean, voire Justin Timberlake. Un pas (de danse) de côté que ne lui pardonneront peut-être pas les adeptes du spleen de Cocoon, mais dont il faut, dans la pop d’ici, saluer le culot et l’ambition.
L’ambition, également au générique, en guest-star même, du second album de Cascadeur, Ghost Surfer (sortie le 3 février). Lui aussi, par des chemins détournés, triture une forme hybride de soul-music, plaintive mais épanouie, passée par la pop la plus luxuriante et une électronique du silence que ne renierait pas James Blake par exemple. Le chanteur casqué a composé une BO chimérique, mais délestée de toute mélancolie, murmuré d’une voix désormais autoritaire, libérée, audacieuse, rejointe par des timbres rares (Midlake, Tindersticks).
Lauréate du concours inRocKs lab 2011, Owlle avait notamment empoché la possibilité d’enregistrer des titres en Angleterre. Car ne pas se fier au titre de son premier album, France (à paraître le 20 janvier) : c’est résolument dans une Angleterre pop – de Florence & The Machine à La Roux, d’Ellie Goulding à Bat For Lashes – que s’invite, insolemment, celle qui se nomme également France dans le civil. Entre hi-NRG bariolée et romantisme aux teintes plus sombres, torch-songs hautement lyriques et tubes electro- pop, son premier album révèle un joli mélange de gourmandise et d’espièglerie.
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Breton
Après Other People’s Problems, premier album dense et intense enregistré dans une banque abandonnée du sud-est de Londres, c’est encore plus à l’Est que les touche-à-tout de Breton se sont délocalisés pour inventer la BO de leur vie de jeunes Anglais. A Berlin, dans d’anciens bâtiments de l’administration communiste, le collectif de musiciens et réalisateurs a donné vie à War Room Stories, second disque à l’envergure étourdissante où beats et claviers syncopés, choeurs r’n’b et cordes redéfinissent ce que signifie être un groupe en 2014.
Lily Allen
Presque cinq ans après It’s Not Me, It’s You, la jeune Anglaise revient en force avec un nouvel album qui fait déjà du bruit. Avec le clip de son single Hard out Here, elle crée le débat autour des sales manies de l’industrie musicale : féministe convaincue, pop-star insoumise, Lily Allen ne semble toujours pas décidée à se calmer – et c’est tant mieux. Son troisième album s’annonce électrique et sucré, piquant et coloré – tout n’a donc pas changé depuis son mégatube explicite, Fuck You.
Florent Marchet
Après Gargilesse, Rio Baril et Courchevel ancrés sur la Terre, on a désormais Marchet sur la Lune ! Sans rien abandonner de ses tourments existentiels ni de son humour perché, le chanteur français le plus aventureux conjugue simplement son pessimisme social au futur et le décore pour l’adoucir de guirlandes pop aux clignotements synthétiques. Cette odyssée en douze tableaux évoque Houellebecq qui aurait croisé Jean-Michel Jarre et Souchon en 2045 après une révolution génétique.
Bruce Springsteen
En boxe, un titre de champion du monde se dispute en quinze rounds. En rock, ça peut aller au-delà. La preuve avec l’inusable Springsteen qui entame sur le ring sa dix-huitième reprise, catégorie poids lourd. Flanqué d’un nouveau sparring partner/ guitariste (Tom Morello, de Rage Against The Machine), animé d’un fighting spirit comme au premier jour, Bruce s’est pris un sacré coup de jeune. Entre des covers de The Saints (Just Like Fire Would), de Suicide (Dream Baby Dream) ou des punk folkies de The Havalinas (High Hopes), son nouvel album ne manquera pas de mettre les poings sur les i : le boss c’est encore lui !
Temples
On les avait découverts au Midi festival, puis à celui des Inrocks l’an passé, tout en eye-liner et en cheveux sauvages. On les retrouve cette année avec de tout aussi belles tignasses et un premier album aux guitares et chœurs venus des années 70. Enregistré à la maison, Sun Structures irradie de pop psyché comme le Lonerism de Tame Impala en 2012. 2014, année du soleil.
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