Du 10 au 18 novembre se tenait à Nevers la 20e édition du festival D’Jazz qui mélangeait une fois de plus pointures du jazz international, créations exclusives et jeunes pousses locales. Compte rendu de la dernière soirée du festival qui s’est déroulé en compagnie, entre autres, de Louis Sclavis et d’Archie Sheep.
Samedi 18 novembre, à 17 heures, le festival s’apprête à vivre les dernières mélodies d’une édition anniversaire. Fidèle à ses ambitions de mêler productions jazzistiques contemporaines, créations et artistes reconnus, les ultimes concerts ont offert à une salle comble de purs instants délectables, entre ode à la vie et poésie nomade.
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C’est tout d’abord le quatuor dynamique et original TTPKC & le marin qui a donné au théâtre italien de la ville les premières notes d’une soirée pleine de richesse et d’humanisme. Les quatre musiciens, Adrien Amey au saxophone alto, Han Sen Limtung au saxophone ténor, Sylvain Tamalet au baryton et Antonin Leymarie à la batterie, ont offert au public une heure et demi de musique intelligente, drôle, et énergique. Mêlant minimalisme, sonorités électroniques et thèmes plus traditionnels comme la valse ou le rock, la formation à sonorité acoustique est parvenue avec aisance à entremêler morceaux enflammés et passages oniriques chargés d’émotion.
L’ ivresse balbutiante allait éclater quelques instants plus tard : les prodiges Aldo Romano à la batterie, Louis Sclavis à la clarinette et au saxophone soprano et Henri Texier à la contrebasse rentraient sur la scène de la Maison de la Culture, pour partager leur « root africaine » sur des photographies du non moins génial Guy Le Querrec. Encadrant toute la scène sur une immense toile, les uvres de l’artiste ayant parcouru l’Afrique font écho aux sonorités du trio. Ils nous emmènent alors dans un univers empreint de poésie, de virtuosité, et de vertige, inspirés par leurs rencontres sur le continent africain. Le trio formé en 1995 nous livre savamment les mélodies de leurs trois albums, Suite africaine, Carnets de route et African Flashback.
Avec sobriété et élégance, les musiciens dessinent des mélodies émouvantes, langoureuses et lyriques, nous transportant au fil des photographies absolument magnifiques de celui qui fut l’initiateur de ce projet, dans un univers d’un humanisme profond. C’est debout que la salle salue les quatre artistes brillants, pour pouvoir partager quelques instants de plus ce périple envoûtant, mais surtout pour les remercier de tant de talent.
On regrette déjà que le voyage soit terminé, mais celui qui nous attend va être tout autant délicieux : le très grand Archie Shepp s’apprête à rentrer sur scène, accompagné par le Dar Gnawa de Tanger. Saxophoniste ténor, et soprano, pianiste, chanteur, compositeur et dramaturge, c’est un très grand monsieur qui offre les derniers instants de la vingtième édition. Emprunt de soul et de blues, il est l’un des fondateurs du Free Jazz, et a enregistré avec les plus grands, de Chet Baker, à Lester Bowie, en passant par John Coltrane. Son quartet, composé de Tom McClung au piano, Wayne Dockery à la contrebasse et Steve McCraven à la batterie, épouse avec intelligence les sonorités traditionnelles de quatre musiciens marocains alternant gumbri, chant, et crotales.
Ils signent ensemble une musique engagée, s’inspirant de l’histoire de l’esclavage dont ils sont les descendants. Groove, mélodie de transe, rythm’n’blues et gospel s’unissent alors pour un concert puissant. Le public bat le rythme avec eux, certains même se lèvent pour danser comme emportés par le miracle de la transe. On en ressort ému et heureux, à l’image de cette soirée de clôture, digne d’un anniversaire.
Site officiel du festival : www.neversdjazz.com
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