Cocosuma c’est fini ? : Fat Chimo et Chab the Jab reviennent sur les mésaventures de leur trio pop en répondant à nos questions et en vous proposant un clip et un titre en écoute de leur testament discographique, We Were A Trio.
Parfois, les accidents révèlent un groupe. Cocosuma est un groupe accidenté, amputé de Kacey, sa chanteuse rentrée en Suède au Noël dernier pour décider de ne jamais revenir. A l’annonce de cette nouvelle, Chab the Jab et Fat Chimo du Japon décident de continuer leur travail, basé sur les vestiges de leurs jours à trois. We Were A Trio est donc un disque construit autour de ce départ et de cette absence brutale. Titre, paroles, illustrations et atmosphère générale : au final, tout concorde. Il y avait quelque chose de spécial entre ces trois-là, et We Were A Trio le laisse transparaître à merveilles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Fat Chimo revient sur cette aventure pop dans l’interview qui suit et en profite pour vous faire découvrir le testament discographique du avec le clip très triste de Did you ever see (réalisé par Cesar Vayssié) et un titre en écoute, Bam Tululu.
Comment ressentez-vous le départ de Kacey ?
Quand elle nous a annoncé qu’elle restait en Suède après les vacances de Noël, ça nous a coupé les jambes, les bras et la tête ! C’était vraiment comparable à une rupture amoureuse. Dès son arrivée dans Cocosuma en 2003, les choses avaient fonctionné : certains morceaux de Reindeer Show the Way (deuxième album de Cocosuma, sorti à la rentrée 2004) étaient déjà composés, mais ses voix ont fortement orienté la couleur globale du disque. Fin 2004, on a enregistré quelques morceaux et là encore, quelque chose de nouveau se passait, une alchimie
Alors comment expliquer sa décision ?
Elle n’a pas seulement quitté Cocosuma. Elle a aussi quitté Londres et arrêté ses études. Comme si elle faisait une crise de la trentaine à 22 ans’
Il n’a pas été question de travailler avec elle à distance ?
C’est ce que nous faisions déjà puisqu’elle habitait à Londres. Mais on n’est pas Royksopp ou Zero Seven : on voulait avancer ensemble à trois, ne serait-ce que pour préparer les concerts.
Comment vous est venue la décision de sortir We Were a Trio ?
On avait entre les mains quelques morceaux enregistrés avec Kacey fin 2004, et on voulait vraiment les sortir, peut-être en vinyle, surtout pour avoir une trace. Mais en avançant, les choses se sont assemblées comme par magie : ce nom d’album, les illustrations du livret faites par Missbeck… Et ce qu’on pensait être un simple recueil de chansons s’est transformé en album.
Et aujourd’hui, comment percevez-vous cet album ?
C’est étonnant : certains titres ont été enregistrés à un an d’intervalle mais une sorte d’unité s’est produite naturellement. J’en suis très fier ! Jusqu’ici, on avait toujours l’impression de pouvoir faire mieux. Là, même dans ses imperfections, ce disque a quelque chose de touchant, peut-être parce que c’est un accident de parcours’
Vous le jouerez en live ?
Pour l’instant, aucun concert n’est prévu’ On nous complimente sur le disque, c’est frustrant de ne pas pouvoir le défendre sur scène.
Et maintenant, quel avenir pour Cocosuma ?
Pour l’instant, on travaille sur d’autres projets en tant que producteurs. On cherche doucement une chanteuse, mais on ne veut pas s’y remettre tout de suite. C’est aussi pour cela que l’album est sorti tel quel : quand on se fait larguer par une fille après trois ans, on ne ressort pas deux semaines après avec une autre.
We Were a Trio est-il un concept album ?
Quasiment, puisque tout tourne autour d’un thème : les illustrations, le titre… On a même trouvé un texte de Jame Saint James, un auteur américain des années 60 affilié à Ginsberg et toute la clique, pour illustrer le premier morceau de l’album. Tout bon album raconte une histoire, le tracklisting n’est jamais fait au hasard : ce sont comme des chapitres qui s’assemblent.
D’où viennent les paroles de la chanson ″We Were a Trio″ ? On dirait un dialogue de cinéma
C’est une interview du leader des Mamas and Papas ! On avait fait ce morceau pour le deuxième album, il s’appelait alors ″We Are a Trio″. Mais il était plus de circonstance quand on l’a mis au passé.
Vos influences sont-elles exclusivement musicales ?
Nous sommes de gros bouffeurs de disques. Notre premier album était une somme de tout ce qu’on aimait : De La Soul avec les Housemartins et les Boo Radleys. Mais depuis, c’est plus éclectique. Pour Reindeer Show the Way, j’ai écrit le texte et la musique de ″Sparks″ en regardant le DVD de ″La Ligne Rouge ″. Je prends parfois des notes en lisant…
Vous aimeriez faire une musique de film ?
Les musiciens qui déclarent ça, c’est vraiment un gros cliché ! Forcément, le cinéma est tellement universel ! Depuis l’avènement de la musique électronique, on entend souvent cette expression d’une musique « cinématographique ». Mais la musique a toujours évoqué des images ! Et c’est dépréciatif, ça sous-entend que la musique ne pourrait pas vivre par elle-même. Avec Cocosuma, on essaie de laisser à l’auditeur le choix de chemins différents : j’aime bien que les gens interprètent nos textes comme ils l’entendent.
On retrouve cela dans le nom même de Cocosuma ?
Oui, Cocosuma a une signification précise, mais on veut laisser les gens l’interpréter à leur guise.
En parlant de votre nom, avez-vous l’impression de souffrir de l’ombre de CocoRosie ?
C’est vrai qu’on nous confond ! Mais avant CocoRosie, il y avait Senior Coconut et d’autres. De toutes façons il y a moins de groupes en Coco que de groupes en The !
Syd Matters estime que certains médias lui posent des barrières sous prétexte qu’il chante en anglais, le ressens-tu aussi ?
Complètement ! Et pas seulement de la part des radios et de leurs quotas, la presse aussi est réticente. Elle encense le moindre groupe anglais ultra référencé comme Maximo Park, mais cogne sur le français qui a le malheur de ressembler un tout petit peu à autre chose. Même dans des articles dithyrambiques sur Syd Matters, le champ lexical et les tournures de phrase le rabaissent. On ne va pas verser dans le Sardou ou Cabrel sous prétexte qu’on est français ! Cali le fait très bien mais ça me casse les couilles !
Pour autant, vous aimez les chanteurs français ?
Mathieu Boogaerts est quasiment le seul dont je me sente proche, il va vers une sorte d’épure avec un album super triste mais très beau. Mais il ne passe pas en radio, tandis que Cali est disque de platine J’aime aussi Keren Ann et Camille. Je suis persuadé qu’à l’origine, sa maison de disque ne voulait pas sortir son album. Mais elle a trouvé son public avec un disque original. Tous ces gens chantent en français mais transcendent bien leurs influences, comme Gainsbourg qui a réussi à faire aussi bien de la pop que du reggae ou des percussions africaines.
Des claques musicales récemment ?
Je suis un réac de la musique, j’aimerais trouver quelque chose qui m’excite autant que Ram de McCartney que j’écoute depuis 13 ans, mais je n’y arrive pas ! Il y a tant de citations de citations, ça sent le renfermé ! J’aimerais pouvoir dire que j’adore The Others et Maximo Park, mais je connais les disques qu’ils ont copiés, il n’y a aucune substance. Ces groupes ont un certain savoir-faire dont la France manque peut-être, mais du coup, la musique française a un côté frais que tous ces groupes n’ont pas.
– www.cocosuma.net
– www.thirdsiderecords.net
Credit photo : Marco dos Santos
Avec l’aimable autorisation de 3rd Side Records
{"type":"Banniere-Basse"}