Ecrites pour lui-même ou pour son harem, voici dix perles cachées du répertoire de Gainsbourg, à traquer dans les recoins obscurs des albums et des compilations.
Serge Gainsbourg, L’anthracite
(extrait du 25 cm N°2, 1959)
A ses débuts, Gainsbourg s’en va piocher avec son arrangeur Alain Goraguer dans tous les folklores, histoire d’étancher la soif d’exotisme du public de l’époque. Une mélopée arabe sert donc ici de toile de fond, même si le texte n’a pas grand chose à voir avec la semoule, et c’est plutôt mieux senti et respectueux que les musiques colonialistes qui fleurissaient encore en ces temps-là.
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Serge Gainsbourg, Baudelaire
(extrait du 25 cm N°4, 1962)
Pas du tout effrayé par la comparaison qu’on pourra faire avec ses propres textes, Serge adapte le grand Charles (Le serpent qui danse) et le résultat est foudroyant. D’autant que Gainsbourg y accole une musique bossa ondoyante telle que Stan Getz vient tout juste de l’importer du Brésil.
Serge Gainsbourg, La saison des pluies
(extrait de l’album Confidentiel, 1963)
La formule magique de l’album Confidentiel (Elek Bacsik à la guitare électrique, Michel Gaudry à la contrebasse) ici à son zénith. Gainsbourg chante avec l’amplitude d’un crooner fifties et le tremolo d’un chansonnier d’avant-guerre. Le texte et la musique sont du travail d’orfèvre maniaque.
Michèle Arnaud, Les papillons noirs
(45T, 1966. Disponible sur la compilation Gainsbourg chanté par, Emi 1996)
Un morceau très important dans la carrière de Gainsbourg : c’est grâce à la reprise que fit Bijou de ce diamant noir en 78 que Serge vit subitement sa côte remonter, notamment chez les jeunes, et sa carrière rebondir d’autant. Il existe deux versions de l’originale, dont une ou Gainsbourg double toutes les voix. A noter que la Michèle Arnaud en question est la grand-mère de Clémence Arnaud, présentatriste télé sur France 2.
France Gall, Attends ou va-t en
(extrait de l’album Baby Pop, 1966)
Parmi tous les singles écrits par Serge pour France Gall, celui-ci est l’un de ceux qui a le moins marché. Normal : c’est le meilleur. Son harmonica ravageur et sa rythmique totalement surprenante en font l’un des exercice pop les plus aboutis et singuliers des années 60 françaises. A noter la reprise qu’en fit le duo synthé-toqué français Mikado dans les années 80.
Mireille Darc, Le drapeau noir/Hélicoptère
(45T, 1968. Disponible sur la compilation Compartiment 23)
A l’époque, Mireille Darc était la vamp franchouillarde des films de Lautner, dotée d’une chute de reins qui faisait damner les concierges et les routiers. Serge n’y était sans doute pas indifférent, mais à l’époque il avait mieux sous la main (B.B.). En attendant, les deux chansons qu’il lui concède sont exquises, notamment grâce aux orchestrations pop de Michel Colombier.
Serge Gainsbourg, Mister iceberg
(Face B de Sea, sex and sun, 1978. Disponible sur diverses compilations)
Une orchestration typique de l’époque, pop légèrement pompière, mais la chanson est légère, la mélodie gracile et le texte sans prétention. Très proche, en fait, des pubs qu’écrivait Gainsbourg pour Martini au même moment (voir l’album inédit du coffret Gainsbourg Forever). A noter qu’il existe une version anglaise de ce morceau.
Jane Birkin Le velours des vierges
(Extrait de l’album Ex-fan des sixties, 1978)
Une ode raffinée au dépucelage, mais surtout un exercice troublant de dédoublement vocal, inhabituel chez Jane, que l’on doit à l’homme orchestre anglais Alan Hawkshaw, l’arrangeur fétiche de Gainsbourg dans les années 76-78.
Serge Gainsbourg, Negusa nagast
(extrait de l’album Mauvaises nouvelles des étoiles, 1981)
Pour sa deuxième virée jamaïcaine, Gainsbourg (qui écrivait à l’époque tous les textes au dernier moment) se fend d’un petit cours d’histoire légèrement moqueur sur le Négus Haïlé Sélassié : « croire c’est aussi fumeux que la ganja, tire sur ton joint pauvre rasta, et inhale tes paraboles. » Hum, quelqu’un a t-il traduit les textes aux musiciens ?
Serge Gainsbourg, La noyée
(Inédit extrait du coffret Gainsbourg forever, 2001)
Gainsbourg avait offert cette valse sépulcrale et renversante à Yves Montand (une adaptation en chanson d’un thème qu’il avait écrit pour le film Le voleur de chevaux de Polanski), mais ce malotru tergiversa et finalement se défila (trop morbide pour mon Yvounet). Tant pis pour lui, il passa ainsi à côté d’un chef-d’ uvre, dont il demeure heureusement cette version piano-voix interprétée par Gainsbourg.
Christophe Conte
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