Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils tous ici.
LUNDI
Oneohtrix Point Never Zebra
Drôle de Zébre, effectivement, pour démarrer la semaine en faisant des ricochets sur un océan de mercure. Les perspectives s’embrouillent, le shimmy trouble les regards mélancoliques : on est bien en compagnie de Oneohtrix Point Never et de son électronica qui construit et déconstruit son ouvrage avec la même passion, la même ferveur, mais jamais le même rythme ou entrain. Car on parlera ici, à l’ancienne, de variation autour d’un thème, obsédant et volatile. Vous ne finirez pas cette musique en nage, mais en nuage (et surtout pas en nu-age).
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Concert le 21 novembre à Paris (La Gaité Lyrique)
MARDI
Ancient Times Hieroglyphic
Ces “temps anciens” auxquels font référence ces jeunes gens de Brighton remontent à l’Antiquité, à la préhistoire : les années 80. C’est tellement loin pour eux qu’ils la voient toute floue, l’indie-pop d’alors, déformée, sublimée par la distance. La basse martiale est donc logiquement branchée directement sur la mélancolie, les guitares jouent rêveuses et le chant, lui, s’autorise un lyrisme hautain, peu entendu depuis Raymonde ou Morrissey. Et le pire, c’est que leur Hieroglyphic fonctionne à merveille, jouant ligne claire sous la lune. Juste pour leur info : dans les années 80, on n’utilisait déjà plus les hiéroglyphes. C’est loin, mais quand même.
MERCREDI
Saint Pepsi Burn
Dans une leçon osée de placement de produit, Lana Del Rey chantait l’an passé : “My pussy tastes like Pepsi”. Pareillement porté sur le vice, les hanches qui ondulent et les sourires langoureux qui fanent en spleen, Saint Pepsi bricole à sa façon un drôle de funky instable, plutôt ombrageux sur ce Burn alors que d’autres titres révèlent la face nettement plus fêtarde, voire orgiaque de Ryan DeRobertis, l’homme qui caresse ces machines avec lubricité.
JEUDI
Art Vandelay The Three Rules
Les trois règles de ce jeune Américain ? Embarquer le hip-hop dans les tréfonds de l’effroi et du froid sans pourtant jamais s’ankyloser ou s’angoisser ; rester cool et souple même quand les claviers plongent dans les abysses ; garder le flow caoutchouteux, suave et agité quand tout autour se barre en vrille noire. Venu de Seattle, Art Vandelay, un pseudo qui en argot pourrait être l’équivalent morne de Mr Toutlemonde, énonce ici un manuel de savoir survivre dans le show-business : il parle de la “ricine de Walter White”. Il y a de quoi paniquer.
http://youtu.be/kg0XCoageG8
VENDREDI
Sunset Krystal
“Sunset” comme crépuscule – et la nuit sera sombre, longue et cruelle. Imaginez le lyrisme échevelé de Fauve mis en musique par Justice. Ou Daniel Darc remonté des ombres pour accompagner Gesaffelstein. C’est, un tout petit peu, ce qu’on entend sur cette chanson martiale, à la gravité/grandiloquence en hommage à l’adolescence. Une alliance entre musicien et plasticien (Franck Rivoire et Raphaël Siboni) qui justifie à elle seule l’ouverture du YoYo : un lieu où danser sur de l’électro en plein milieu du Palais de Tokyo.
SAMEDI
Swearin’ Watered Down
Swearin’ ? Pas vraiment de gros mots pourtant dans ce rock mieux élevé qu’il ne le prétend. OK, les guitares font la sagouine, le chant fait la garce, le bruit parle fort. Mais c’est du chiqué : c’est juste pour secouer, déniaiser un peu des mélodies qui, sorties dans la rue comme telles, passeraient sinon pour des saintes nitouches. Alors que là, le mélange, à la Breeders, entre leur grâce et leur crasse fait merveille.
DIMANCHE
Amatorski Needle in the Hay (Elliott Smith cover)
Il faut finir la semaine en beauté, passer tout ce dimanche avec Elliott Smith, qui se suicidait sauvagement il y a dix ans. Et dans l’avalanche de concerts-hommages et de reprises-du-souvenir, on est tombé en amour pour celle des Belges d’Amatorski, qui osent la distance, la légèreté, la langueur sur le risqué Needle In The Hay, sombre histoire d’aiguille pas du tout dans une botte de foin.
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