Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils tous ici.
Lundi 30
Télépopmusik // Sound (Feat. Mark Gardener)
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Dans un petit studio souterrain du Nord de Paris, habité de statuettes inquiétantes héritées de la pop-culture, Télépopmusik continue sans répit d’oeuvrer pour le mariage pour tous, pop, électro, rock et même shoegaze. Car en plein revival – de l’esthétique April 77 à une multitude de groupuscules américains – de ce rock comateux, embrouillé d’échos et riche en mélodies électrochoquées, les Parisiens s’offrent un pilier du genre, l’ancien Ride Mark Gardener.
Un homme qui, sur la foi de la seule chanson Vapour Trail, mérite l’amour éternel. Et ce n’est certainement pas avec cette électro grondante, chamanique que retombera l’estime : psalmodié d’une voix de loup solitaire, son chant sans effets fait des merveilles dans ce fracas glagla. Le genre de trésor de pop mutante qu’on attend généralement de Massive Attack.
Mardi 01
Maxim Maillet // Ladyboy
De Flavien Berger à Sébastien Tellier, ils sont nombreux à chercher les raisons d’un échec, d’une capitulation : celle de la variété française. Au lieu de se réjouir de l’explosion pop des eighties – Taxi Girl, Daho, Elli & Jacno, Rita Mitsouko etc – ils replongent dans les eaux plus troubles et agitées des années 70, quand l’électronique naissante et la chanson française ont tenté une noce d’audace – de William Sheller à Christophe, de Patrick Juvet à Bashung.
Une époque où il aurait pu se passer du sublime, du cosmique, trop rarement effleurés, tripotés. Venu de Reims et proche de Brodinski, Maxim Maillet se souvient de cette ébullition restée le plus souvent en germes et fantasmes, en une pop sexuelle et chiffonnée, trouble comme un Houellebecq raide sur le dancefloor. On sent qu’on a trouvé un ami, là.
Mercredi 02
Gleemer // Weekend Sisters
Visiblement, le shoegazing anglais de la charnière eighties/nineties continue d’exploser têtes, tympans et lignes d’horizon des jeunesses pâles et suburbaines américaines. C’est aujourd’hui dans le Colorado que l’onde de choc autrefois générée par My Bloody Valentine fait des petits dégâts sur la bonne marche des guitares et des cerveaux, fournissant à Gleemer un plan de vol détaillé. En hommage à ces années-là, le groupe commercialise son album en cassette.
Jeudi 03
The Holy Coast // The Highest Love
Revendiquer dans son fan-club un ancien membre des Smiths (bon, OK, c’est le bassiste Andy Rourke) n’est pas offert au premier groupe venu. Il y a reconnu en expert le son psychédélique et tourneboulant qui, à la fin de son règne, affolait les nuits indies de l’Haçienda, remixes de My Bloody Valentine en tête.
Après Gleemer du Colorado hier, le groupe de Kevin Shields compte à nouveau ses ouailles ici avec The Holy Coast d’Arizona, trio spécialisé dans la musique en strates, en delays caverneux et en soupirs lancinants, mais qui ont la bonne idée d’inviter une vraie voix, apeurée et éloquente, au dessus de ce vertige électro-électrique.
Vendredi 04
Suna // About Love
Il ne se passe pas grand chose dans cette house-pop légère jusqu’au gazeux, mais ce petit frémissement, ce souffle léger dans la torpeur reste un étrange plaisir, une caresse qui peut virer à la griffure, un murmure qui peut virer au mantra. Suna a remporté un concours de remixes pour les aminches de Tsugi : ça peut virer au Sunami.
Samedi 05
The Chills // Molten Gold
Qu’on me pardonne cet instant de nostalgie, voire de larmes aux yeux, mais les Chills, héros absolus d’une pop néo-zélandaise adulée depuis des décennies, sont de retour avec un nouveau single. Bien sûr, ça ne joue plus aux hauteurs affolantes de Pink Frost ou I Love My Leather Jacket, quand le groupe inventait dans le noir complet un psychédélisme étonnamment bucolique sous sa tension terrible, une musique de ravissement et d’effroi qui devait autant au Velvet qu’à Joy Division, aux Byrds qu’à Scott Walker.
Mais ces carillons de guitares radieuses continuent de jouer un brillant je t’aime moi non plus avec la voix unique de Martin Phillipps, un homme dont les cordes vocales ont ligoté toute la tristesse du monde. Et ça suffit à être happy/sad, comme disait Tim Buckley.
Dimanche 06
Real Lies // North Circular
Mike Skinner et ses Streets encombrées de papier gras, de canettes défoncées, de verres brisés et de vomi de kebab vous manquent ? Nous aussi. Comme nous manquent ces histoires tragicomiques d’amours minables, de cuites lamentables, de deals foireux et de parties de jeux vidéos désœuvrées. Comme nous manquent aussi cet humour tordu, ces visions fulgurantes de Londres, ces beats patraques et ce chant avec des poches sous les yeux.
Miracle : on retrouve une partie de charme grognon chez Real Lies, qui fantasment ici sur périphérique nord de Londres, pas exactement encadrée de palmiers et mimosa – il faut être poète ou fou pour ainsi être bouleversé par les néons crevards ou l’asphalte souillé. Vivement qu’on dissèque au bac les haïkus sans mensonges de Real Lies.
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