Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils tous ici.
LUNDI 17
Local Natives Ceilings (Crash Island remix)
Spécialistes des remixes téméraires – de Phœnix à TV On The Radio –, les quatre garçons de Crash Island font avec leur musique ce qu’ils ont fait avec leur groupe : mélanger les cultures, les sons et les palettes. Venus de France, d’Espagne ou d’Afrique du Sud, mais farouchement londoniens pour cette liberté de navigation, ils s’attaquent aujourd’hui au mélancolique Ceilings des Californiens de Local Natives, le dénude de sa grandiloquence, lui font prendre des somnifères et lui font faire de curieux rêves, colorés et agités, la mélodie en sueur, en pleurs.
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MARDI 18
Call Her Alaska Alive Thoughts
Album maudit, vertigineux, le Berlin de Lou Reed a poussé certains d’entre nous à la dépendance : une leçon catastrophique de vie distillée dans des mots scandaleux, qui ont fourni à au moins deux groupes leur patronyme. On connaissait les Waterboys, qui doivent leur nom au glaçant The Kids (“I am the water boy, the real game’s not over here…”). On découvre Call Her Alaska, qui ont emprunté leur nom à Caroline Says II (“All her friends call her Alaska… it’s so cold in Alaska…), autre monument désolé de cet album. Les Londoniens, menés par une femme fatale que l’on a connue sous d’autres cieux (sous le nom de Sara Schiralli) sourient beaucoup dans leur pop pareillement enjouée, comme pour conjurer le sort de ce nom maudit. On est loin des carnages de Caroline & Jim dans les films noirs de Berlin et cette chanson, qui évoque l’innocence des Sundays, n’en est que plus que précieuse en cet hiver indien.
MERCREDI 19
Johanna Glaza Shall I Be A Saint
Johanna a vu le loup mais ça ne l’a pas plus impressionnée que ça : elle est partie. Désormais en solo, l’ancienne chanteuse de Joana & The Wolf sort son premier single de femme libérée, qui se pose pourtant de bien curieuses questions : “Shall I be a saint?” Ce à quoi la chanson répond avec fermeté : une sainte sans doute pas, et une sainte nitouche encore moins. Sans l’électricité abrupte de son groupe, l’Anglaise s’éloigne des canons Patti Smith/PJ Harvey pour se lover dans une pop chimérique à la Kate Bush, dans des frimas où sa voix résonne avec une chaleur et une animalité encore plus troublante. Après dix écoutes, cette chanson rend ivre, fou, obsédé.
JEUDI 20
Beaty Heart Kanute’s Comin’ Round
Vus il y a belle lurette en support de Rapture, ces Anglais masqués sortent enfin de leur studio cocon en une explosion de joie et de couleurs. Au gris/beige réglementaire des années Cameron, aux uniformes pareillement cintrés de la génération fluo, ils s’autorisent ainsi une pop bariolée et vraiment déréglée, qui est un enchantement pour les yeux, une joie pour les pieds et une fête pour tes fesses. Faut-il voir dans ce titre un hommage au footballeur Frédéric Kanouté, qui fit une belle carrière à Londres ? Attention aux âmes sensibles : il y a des scènes de mime dans cette vidéo.
VENDREDI 21
Dolomite Minor Girl Of Gold (live)
Le revival grunge continue : même à Southampton, les kids ressortent de la naphtaline les liquettes en flanelles, les guitares souillonnes et le cheveu qui dit merde au coiffeur. Duo mâle dont l’allure rappelle pourtant un duo entre Hope Sandoval et Jim Reid de Jesus & Mary Chain, Dolomite Minor joue effectivement en accords mineurs un rock lourd, sale, méprisant, la morgue et la morve suintant de chaque beat primitif, de chaque riff des cavernes.
SAMEDI 22
Tamu Massif Azora
On en était certain, mais chaque jour de nouveaux groupes le confirment : malgré une longévité météorique, WU LYF était un groupe important, et désormais influent. Fauve ≠, Palma Violets et, aujourd’hui, Tamu Massif confirment tous à leur façon à quel point le rock écorché, douloureux des Mancuniens n’est pas resté lettre morte. On le retrouve, apaisé, pacifié au coin d’un piano, dans le chant inquiet de Dave Dixon, une de ces voix d’apatride qui pourrait compter.
DIMANCHE 23
Slow No Wake Everyone Needs Someone
“Everyone needs someone” ? Pas si sûr. Par contre, tout être normalement constitué a besoin de chansons, de ces disques qui remplacent avantageusement des amis, de mélodies qui ne hurlent pas n’importe quelle honte sur Facebook. Les amis reconnus d’Adam Theron et Lee Rensch sont nos amis : Mazzy Star ou Can pour les idées qui tournent gracieusement en rond ; Philip Glass et Arvo Pärt pour la présence assourdissante du silence. On découvre les Américains après une centaine de chansons enregistrées en cachette dans une chambrette et on n’a désormais qu’une idée en tête, alors que sort leur premier album : hacker leur ordinateur pour se vautrer dans ces musiques flottantes, fluctuantes. Musique minimale ? Comment expliquer alors qu’elle soit si riche en suggestions ? Everyone needs Everyone Needs Someone.
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