Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
LUNDI 13
Andromakers // Stupid Sun
Plutôt jusqu’alors réputées pour leurs entrelacs de voix cotonneuses et pour leur électro lunaire, les Andromakers regardaient la pop à travers une vitre embuée, un vitrail, un kaléidoscope. Elles la découvrent pourtant avec une netteté et une précision inédites sur ce Stupid Sun éclatant, sommet de leur nouvel EP disponible – les coquines – en deux singles distinct qu’il faut assembler. Mais pas de pièces détachées, pas de puzzle à bâtir, aucun effort Ikea à fournir pour jouir dès la première écoute, et pleinement, de cette chanson qui force à siffloter et dodeliner sur la chaise longue. Une redéfinition de la sunshine pop.
MARDI 14
Valentina // Wolves
On avait repéré le nom de Valentina dans les crédits de Gabriel, le phénoménal single de Joe Goddard, qu’elle avait juste… composé. Renvoi de bons procédés : le grand homme d’Hot Chip accueille aujourd’hui sur son label Greco-Roman l’Italo-londonienne, pour un Wolves qui fait danser des slows langoureux aux incubes et aux succubes – et nous fait hurler comme un loup ivre de sang frais dans les brumes anglaises, dès que vient enfin l’aube, moment parfait pour cette musique de fin de fête, de mal de tête.
MERCREDI 15
Vance Joy // Riptide
On connaissait le concept de chansons-gigognes, mais pas encore celui de voix-gigognes : le jeune Australien possède ainsi plusieurs cordes (vocales) à son arc (en ciel). Voix autoritaire, voix plaintive, voix folk retenue, voix pop exaltée : Vance Joy les a toutes apprivoisées, au service de son songwriting qui raconte le vent dans les cheveux, les fins d’après-midi chill à Melbourne et le ukulélé heureux. Le folk, sans la dépression nerveuse, sans la barbe à poux, sans la chemise en flanelle à carreaux, sans la casquette John Deere : air frais.
JEUDI 16
Koreless // Sun
L’excellent label Young Turks adore signer des groupes dont les noms cartonnent au Scrabble : the xx, sbtrkt et maintenant Koreless. Koreless est le projet, titanesque, du très jeune Lewis Roberts, Anglais poupon installé à Glasgow, où son cerveau et son laptop se sont mariés pour créer une musique étrange, à la fois planante et menaçante, pacifique et agressive. Car si on pense aux grands hommes de la pop ambiante, de Talk Talk à James Blake, son approche encore plus radicale du son dévie ces magnifiques moments de paix et de silence vers des carnages industriels comme les affectionnait le label Warp. Il vient du dubstep, sans doute : mais il s’en est échappé avec des steps de géant.
VENDREDI 17
Jeremie Whistler // Cold Heart
Jérémie Rose est un sale menteur : sa chanson s’appelle Cold Heart, alors que son cœur est d’artichaut, il n’est qu’amour, bonté et chaleur. Comme chez Thomas Azier ou Woodkid, le Parisien joue ainsi au bord de la banquise, à la frontière de la grandiloquence, mais jamais glacé, jamais hautain. Derrière, il fait frisquet dans cette chanson martiale, mais une voix comme ça, c’est le Gulf Stream qui fait fondre les icebergs et pousser du mimosa au Groenland.
SAMEDI 18
Findlay // Off & On
Ni futuriste, ni défoncé, ni hanté, ni flamboyant, ni arrogant, ni révolutionnaire. Mais au contraire : respectueux des codes, studieux, classique, humble et conservateur. Bref, pas vraiment Manchester. Mais c’est le son, viril et traditionaliste, dont s’est entiché, en banlieue de Manchester, la jeune Findlay, qui pourrait tout aussi bien venir du Tennessee ou du Texas avec son rock gouailleur, récemment vu en première partie de Jake Bugg. Attendons juste que Jack White tombe sur ce Off & On !
DIMANCHE 19
Laurel Halo // Throw
Le dernier album de Laurel Halo s’appelait Quarantine et effectivement, on avait longtemps vécu en huis clos avec son électro-virus, qui avait rongé les centres nerveux en s’attaquant à tous les membres : psychédélisme, electronica ou dub. Sur cette ambiant-music pour mauvaise ambiance, Laurel Halo rajoutait une couche de glace : sa voix, évoquant les carnages de Leila ou même Nico. Depuis, l’Américaine a remixé John Cale et surtout apprivoisé les ombres, qui viennent danser une chorégraphie désordonnées sur un riche nouvel EP, Behind The Green Door. Dont est extrait ce Throw à la techno exténuée, impassible – et muet. On ne vous raconte pas ce qu’il se passe derrière la porte verte, mais ce n’est pas un hasard si un titre s’appelle Sex Mission… Bon dimanche, donc.