Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
LUNDI 6
Yuksek Last Of Our Kinds
Il en a peut-être eu marre, à un moment, Yuksek de jeter par les fenêtres ses idées, de les offrir à d’autres en tant que remixeur, producteur ou songwriter. Pour conserver un peu plus méticuleusement son travail de titan, pour donner une terre d’accueil à ses nombreuses collaborations, le Rémois a ainsi créé son label, Partyfine. Rejoint par la Danoise de Brooklyn Oh Land, il s’offre ici un pop-song carabinée, franche, imperturbée. Car infidèle pour une fois à son mélange de colère froide et de spleen contagieux, à ses sabotages de pop, il signe une vraie chanson à siffler sous la douche, à danser dans les campings, à grimper dans les charts. De la pop, en un mot.
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MARDI 7
The River Cry While I Lie
En 1999, elle était élue seconde femme la plus désirable du rock par les lecteurs du Melody Maker. Quatre ans plus tard, elle quittait la basse, le rock, son groupe JJ72 et se consacrait à ses études. Mais après dix ans de silence, Hilary Woods est de retour (le Melody Maker et JJ72 ne lui ont pas survécu), aux commandes solitaires de The River Cry. Elle était sensée avoir étudié le cinéma pendant cette absence : on la soupçonne d’avoir aussi pris des cours du soir en écriture, arrangements et production. Nettement échappée de l’excitation d’un rock souillon/brouillon, elle visite aujourd’hui à pas feutrés un rock autrement plus complexe – et de son âge –, dans lequel elle croise d’illustres aînées ayant suivi le même parcours de la rage vers le sage : PJ Harvey ou Hope Sandoval de Mazzy Star.
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MERCREDI 8
Leikeli47 Heard Em Say (feat. Curtains)
Panique dans les guiboles, affolement du système nerveux avec ce hip-hop traînant, cassant, minimal et pourtant dévastateur : venue de New York avec des idées noires en tête et des beats en rafales en bandoulière, Leikeli47 atteint le vertige sur des a capellas où son flow passe du sprint frénétique au slo-mo avec une science de l’étirement et de la dynamique qui laisse pantois. Mais c’est encore plus obsédant quand elle distribue, au compte-goutte, quelques beats et hooks tous plus rouillés et infectieux les uns que les autres.
http://www.youtube.com/watch?v=gGQc0NgJnzk
JEUDI 9
Denai Moore Gone
Son EP s’appelle Saudade et cette mélancolie, cette gravité ne sont vraiment pas de son âge. Quelles mille vies, quel chaos, quelles expériences la jeune londonienne a-t-elle pu traverser pour, à moins de 20 ans, déjà les chanter avec cette aura et cette autorité de sage ? On sait que papa jouait du reggae, mais elle a choisi une folk-soul pas gaie : magnifique et solennelle, à l’image de ce craintif Gone On reparlera d’elle, ce qui rime avec Adele.
VENDREDI 10
Ruby Waiting For Light
En 1995, sur la foi d’une poignée de singles indécents et incandescents où se câlinaient machines et songwriting (Paraffin ou Tiny Meat), l’Ecossaise Lesley Rankine, sous le nom de Ruby, se retrouvait en couverture des Inrockuptibles, alors que sortait son premier album sur le label indé le plus en vue de l’époque: Creation. On la perdit ensuite un peu de vue, elle revient avec un nouvel album et cette chanson déjà en écoute, au bord de l’explosion mais simulant la sérénité, la béatitude. On la connaît : tout ceci est aussi radieux et bucolique qu’une scène extérieure dans Twin Peaks.
SAMEDI 11
Daniel James The Stone and The Hollow
Il y a quelques semaines, on découvrait ébahi ce songwriter irlandais de Londres, nettement plus jeune et moins sage que sa musique. Toujours en duo avec sa mélancolie, il s’offre ici les images idéales pour sa musique d’absence et de nostalgie. Décidément, du clip inouï de Jackdaw à celui de The Stone & The Hollow (tourné dans un parc abandonné de Floride), il a parfaitement saisi le pouvoir cinématographique de sa musique : elle assurera sa fortune sur des BO à venir, où ses chansons seront parfaites pour illustrer les séparations, les quais de gare et les bateaux qui partent. Toujours la nuit.
DIMANCHE 12
The Dedicated Nothing Love Me Girls
Yéyé, drôle, insouciant et coquin : oui, bien sûr, ce clip sépia des Biarrots de The Dedicated Nothing l’est, jusqu’au bout des longboards, jusque dans les tréfonds des banana hamacs de sacrés danseurs. Mais derrière cette euphorie, cette exaltation, ce mythe du endless summer, il y a dans cette chanson et ces images une beauté assez crépusculaire : cette fougue que le groupe jette par les fenêtres, ces hormones qui sortent de la casserole, c’est l’adolescence qui s’en va, comme chez les Undertones ou les Buzzcocks. Ça fait toujours de sacrées pop-songs énervées.
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