Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
LUNDI 8
Cymbals The Natural World
C’est quoi, cette fascination pour les cymbales ? On me dit dans l’oreillette que c’est parce que le nom Triangle est déjà pris… Bref : après Cymbals Eat Guitars il y a quelques années, on s’est amouraché des Cymbals et de leur mélange de funk chelou, de disco sale et de new-wave fêtarde sur un premier single, Like An Animal, qui mettait le feu aux fesses. Un joli travail que continue, en format plus ramassé, ce nouveau single qui donne envie de retourner danser dans les années 80, quand le dancefloor était rendu glissant par les larmes – on dansait sur The Cure ou Modern English, ceci explique cela.
MARDI 9
1939 Ensemble Sad French Song
S’ils veulent, on peut leur en fournir, des sad french songs – il suffit de leur envoyer la playlists de quelques radios naphtaline pour ça. Les deux garçons aux manettes de cette Sad French Song ne sont pas chanteurs (le morceau est instrumental) mais batteurs : le concept de super-group uniquement composé de batteurs rend heureux – et un peu craintif aussi. L’un fut batteur des Breeders, l’autre prof de percussion et à eux deux, ils tabassent l’électricité sur cet instrumental déchiré par des lames successives de vibraphone, en un genre de post-rock halluciné et parfait pour accompagner une visite barbare chez le dentiste.
MERCREDI 10
Fred C Dobbs Oh Girl
Et si, le temps d’une pause, on arrêtait de se laisser emporter par la profondeur vertigineuse d’une production, par les délices soniques de musiciens savants… Production : on n’est même pas certain que ce Londonien connaisse le mot. Mais composition, ça, il est champion (régional). Des Shangri-La’s à Daniel Johnston, c’est le souvenir de tout un monde de filles sauvages et de garçons illuminés qui défile ainsi dans son garage, dans sa pop saturée, dans ses rengaines primitives et ravies. Et sa saleté fait un bien fou aux oreilles trop choyées.
JEUDI 11
Hey Sholay Wishbone
Collectif regroupant musiciens, cinéastes et agitateurs de tous poils (longs, majoritairement), Hey Sholay est établi entre Leeds et Sheffield. Soit l’Angleterre rieuse, bucolique et poilante qui sert aujourd’hui de cercueil à la révolution industrielle et l’industrie minière. Pas étonnant, donc, que ces cinq jeunes gens aient choisi l’évasion, en un psychédélisme tonitruant, qui chasse le gris avec ses refrains multicolores et ses cascades de guitares, pas neuves bien sûr, mais joliment impétueuses. Ça suffira.
VENDREDI 12
Teleman Cristina
De Christine d’House Of Love à ce Cristina de Teleman, voici un prénom qui, comme les Caroline ou Stephanie, a donné au rock quelques immenses chansons. Derrière cette électro douce comme un loukoum du paradis se cachent des anciens de Pete & The Pirates, groupe à guitares hilares et véloces que l’histoire a regardé de haut : quelle idiote. Devenus Teleman après, visiblement, une rencontre décisive avec quelques synthés anglais – de Django Django à Alt-J –, ces trois Londoniens continuent de jouer la pop qui veut le bonheur, en changeant juste d’outils. Et cette fois-ci, l’histoire a intérêt à brancher le Sonautone : un tube est là.
SAMEDI 13
Rhume Biarritz
Le nom du groupe n’est pas innocent : Rhume, comme un gros coup de froid sur le rock français. On ne reconnaît pas le Biarritz de leur chanson : ville morte, atomisée, gagnée par une banquise depuis la mort du gulf stream. Comme chez Psykick Lyrikah ou Fauve, on repense avec émotion à Diabologum dans ce rock heurté, postillonné, désespéré, dans ce hip-hop cramé, lessivé, déglingué. Rhume vient de Dax. Ça rime ici avec anthrax.
DIMANCHE 14
The National Fanfare of Kadebostany Walking with a Ghost
Rappel de géographie en ce dimanche studieux. Cette Fanfare Nationale vient de Kadebostany, un pays aussi réel que la Syldavie ou la Bordurie. Un pays enclavé dont les traités commerciaux obscurs avec la Suisse autorisent la fanfare nationale de commercialiser sa musique sur le label Mental Groove. Comme il a traversé les montagnes en chaussures de randonnées et en culotte de cuir à peine tanné, leur nouveau single nous parvient avec beaucoup de retard : il n’a par contre perdu en route ni sa sensualité, ni son étrangeté.