Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
Lundi 16
Wilhelm // Psychonight
Sur leur photo, on croirait une club mixte de gymnastique de campus californien `74. L’Amérique, en short ou non, c’est l’Eldorado de ces Espagnols, qui rêvent à haute voix d’une pop décadenassée par les effluves hippies, dépucelée par les grooves stressés du New-York post-punk, dévergondée par une électro aux mains baladeuses. Ils citent effectivement un best du 21e siècle selon Pitchfork parmi leurs influences – Animal Collective, Vampire Weekend, Passion Pit… –, mais mélangent le tout avec une telle liesse, un tel enthousiasme, une telle vélocité qu’avec Wilhelm, les fêtes de Pampelune durent toute la vie.
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Mardi 17
Formation //Back Then
Quelques semaines après l’enthousiasme (on a dansé la chenille tout seul) provoqué par leur Young Ones, on retrouve déjà les Londoniens de Formation tripotant sans pudeur une vaste discothèque sexuée, rénovant avec les outils électroniques les plus luisants les grooves en nage de la Northern Soul ou les chaleurs intimes du Philly Sound. Et à ce jeu lubrique, les jumeaux sont des sacrés coquins, réussissant avec ce Back Then l’un des premiers tubes de 2015 à dépasser les 100° sous les t-shirts, sous les maillots. Ils seront en concert à Paris le 26 mars au Point Éphémère. Vous pourrez un jour crâner en disant que vous y étiez !
Mercredi 18
Florian B // Fade To Grey
Remarqué à La Nouvelle Star, Florian B y a fait partie, comme Mathieu Saïkaly ou Julien Doré par exemple, de ceux pour qui la musique était chose sérieuse, pas bradable, pas résumable à quelques vaines prouesses vocales. Devenir gris ? Certainement pas, car contrairement à ce que jure cette bonne vieille scie eighties de Visage, Florian B rêve en couleurs, imposant austérité et dénuement, mais bonne mine, à cet hymne exubérant des années romantiques-toc.
Jeudi 19
We Are The City // Friends Hurt
L’air est sarcastique, la mélodie se plie à cette espièglerie : on ne s’ennuie jamais avec les Canadiens de We Are The City, trois Zébulons aux ambitions de titans, qui ont déjà même tourné leur propre premier film. Pourtant, pas de cinéma dans cet indie-rock sans chichis mais chaud-chaud, bricolé sur des outils prêtés par Pif Gadget, avec une voix incroyablement en avant, et avec de bonnes raisons : elle enchante cette pop-song de trois fois rien, aussi à l’aise dans l’acoustique légère que dans l’électricité maltraitée. “It hurts when friends are hurting.” Le premier qui fait du mal à cette chanson va manger ses molaires dans un potage au sang.
Vendredi 20
Dralms // Crushed Pleats
Après les excités We Are The City, on reste sans se forcer au Canada, entre les mains autrement plus perverses de Christopher Smith, producteur et surtout âme de Dralms. Bien accompagné, il offre à ses voix sur le qui-vive un canevas inconfortable de beats grinçants et de basses autoritaires, qui délimitent un pré carré aux angles aigus, aux teintes délavées, moroses. Et pourtant, de ce fouillis glauque naît une musique claire et vibrante, une genre de soul médicamenteuse et agitée de spasmes, comme chez Portishead. Un album de cet acabit pourrait être dangereux, surtout en hiver.
Samedi 21
The Moon // Eureka Moment
Ce n’est pas seulement parce qu’elles s’appellent The Moon, mais pas mal de labels leur offrent actuellement la lune. Il faut dire que les Londoniennes apportent ce brin de folie, de fun, d’espièglerie et de candeur dans un indie-rock anglais qui sent le vieux garçon, la sinistrose et la pisse de chat. Tout ceci est peut-être approximatif, bancal, mais tellement pétillant et jovial qu’on se retrouve à chaque fois le sourire, voire la bave aux lèvres, con comme la lune.
Dimanche 22
Vallis Alps // Young
Elle vient de Canberra en Australie, lui de Seattle aux Etats-Unis. Entre Parissa et David : plus de 12 000 kilomètres, que d’eau que d’eau. On ignore où le duo répète (« on se retrouve à mi-chemin ?”, warf), mais la consistance, la fluidité, l’âme visible de ses chansons ne sentent jamais la composition virtuelle, avec internet pour tenir les chandelles. Car tout ici sent le bien-être, la complicité, jusque dans ces productions miniatures, ces beats de cristal, ces chants de nuages. On pense bien sûr, enfin, on songe, à d’autres anesthésistes de pop-songs, de The xx à London Grammar. Mais il y a ici un côté plus enjoué, plus résistant à la mélancolie. Les Vallis Alps sont une chaîne de montagne lunaire – et lunaire, cette musique sans bruit l’est aussi.
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