Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
Lundi 9
Maxim Maillet // Love Computer
Imaginez un DJ hagard mixant les chansons de Houellebecq et les grooves mécaniques de Moroder lors de la kermesse officielle, carré VIP, organisée pour la fin du monde. Imaginez-vous tanguer mollement dans l’attente du néant, tenter un slow lubrique sur cette chanson qui se prête strictement au dégoût, valser en éructant tout ce que la lâcheté vous aura empêché de dire jusqu’à ce point de non-retour. Avec son titre kraftwerkien et sa belle glauquerie, ce nouveau titre du Rémois Maxim Maillet confirme tout le bien qu’on pensait de ce proche de Brodinski, dont il serait la face B, le dark side : la débandade après la débauche. Entre Blind Digital Citizen, Grand Blanc et Maxim Maillet, une drôle de façon d’envisager la sensualité en temps de crise.
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Mardi 10
The Little Secrets // All I Need
Étourdi par la vie, on avait oublié ce dicton : “c’est mardi, c’est scally”. On file donc toutes affaires cessantes pour Liverpool retrouver The Little Secrets qui, à ce rythme sautillant (pensez à un jeu de marelle), ne devraient plus longtemps rester un secret. Le single de ce duo mixte s’appelle All I Need – titre culotté à Liverpool depuis les Beatles – et effectivement, il contient tout ce dont a besoin l’indie-pop : la naïveté mélodique des groupes de Sarah Records, le goût sucré-acide de la bubblegum-pop sixties, la grâce éthérée d’un chant de sirène sur la Mersey. Une chanson tellement fraîche et nostalgique qu’elle donne envie de porter des jupes en Vichy. Même les garçons.
Mercedi 11
AfterParty // South America
Il y a quelques semaines, on dansait les chaussettes à plat sur le merveilleux Retro de ce Suédois à la bio cocasse, ancien métalleux devenu électronicien en souvenir d’une compilation de jeunesse, un genre d’électropopeurodancemachine… Bien nommé, AfterParty excelle dans l’électronique d’après liesse, d’après fête, quand les corps continuent machinalement à s’agiter, mais que le cœur n’y est plus. Confirmation avec ce nouveau South America, qui modernise l’esprit morose et horizontal des Pet Shop Boys, en une pop-song où la ligne de synthé évoque la flûte de pan péruvienne de Los Craignos, le groupe de folklore andin de Bagneux qui rend les parcours de métro un peu plus insupportables. Le lecteur de Bourganeuf, très à cheval sur les verdicts, nous réclame un avis plus clair. C’est formidable. Ça va comme ça ?
Jeudi 12
Lxury feat. Deptford Goth // Square 1
Qu’il murmure ses comptines arides sur fond de cordes lacérées et de beats toxiques ou susurre lascivement, comme ici, une house retenue par les pieds, on adore la voix inexpressive, impassible, et du coup affolante, du Londonien Deptford Goth. Associé à Lxury, il traverse ici en spectre une house-music fondamentalement anglaise, qui donnera du fil à retordre à Disclosure : incroyable la vitesse à laquelle cette scène londonienne se défie, se répond, collabore et évolue. C’est à ce prix-là qu’on avance, qu’on échappe à la sclérose, aux petites habitudes.
Vendredi 13
Algiers // But She Was Not Flying
Il y a quelques mois, on s’enthousiasmait devant le rock brutal d’Algiers, comme on se cassait les dents sur un site crypté qui, en guise d’informations, offrait un aveuglant dazibao où s’entrechoquait des images de cassettes Factory Records ou des photos des Black Panthers, Sun Ra, PiL, Alan Vega ou Agnes Varda. On y entendait un blues-rock déchiqueté par un crocodile défoncé, impitoyable, celui qui rugissait déjà dans les bayous de Gun Club ou de Birthday Party. Désormais signés par la label Matador, alors qu’ils juraient ne jamais sacrifier leur art sur l’autel du commerce, les sauvageons d’Atlanta reviennent avec un rock légèrement plus civilisé (?) mais toujours aussi flippant dans son épaisseur, dans sa capacité à abriter monstres et cauchemars entre ses strates. C’est fascinant, mais très nettement déconseillé deux heures avant le sommeil.
Samedi 14
Boxed In // Mystery
C’est samedi : fesses, hanches et genoux ont aussi le droit à leur musique. La tête n’est pas invitée à la fête, ou alors strictement pour dodeliner avec un air niais et heureux sur ces beats savants et incisifs, qui font marcher au pas camarade l’obstination du krautrock et la jubilation de la house. Mais comme les gars de Boxed In restent anglais, il y a plein de satanés petits hameçons pop sur la ligne : comment ils parviennent à faire tenir debout un tel fouillis d’influences reste un Mystery et boule de gomme.
Dimanche 15
Turtle // Colours
Mélodie rampante et beats à la cave : voilà précisément la musique à laquelle on avait envie d’abandonner son dimanche – et son énergie, voire sa volonté. Car cette électro venue de Glasgow possède sa manière vicieuse d’anéantir le système nerveux, de transformer un hyperactif en légume bienheureux, à force de loops-lassos qui imposent leur sérénité, allument la lumière blanche dans la grande forêt sonore. Beau comme du M83 qui aurait sifflé un jéroboam de sirop contre la toux.
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