Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
Lundi 15
Zun Zun Egui // African Tree
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On a écrit Zun Zun Egui, surtout pas Zen Zen Egui : c’est en toute frénésie, en excitation contagieuse que ce groupe reprend les choses – et les accélère – là où les Talking Heads les avaient laissées sur leur influent I Zimbra. Le chanteur et guitariste sprinteur du groupe est Mauricien, la furie des claviers est japonaise, la chanson s’appelle African Tree, les influences viennent souvent de New York – la no-wave, par exemple – et c’est dans un des carrefours anglais les plus agités que le groupe s’est formé : Bristol. Le concours est déjà lancé pour celui qui trouvera une étiquette qui tiendra sur cette musique remuante : certains vont y perdre leurs cheveux et leur latin.
Mardi 16
Déjà Vega // The Test
“Manchester, so much to answer for”, épisode 674566. Déjà Vega sont trois, comme les Spacemen 3, dont ils partagent un goût prononcé – entre autres – pour le rock psychotrope, les voyages sans billet de retour dans le cosmos, les dérives de guitares luminescentes. Car cette musique brille dans le noir, comme ces créatures monstrueuses et leurs hypnotiques ballets des tréfonds de l’océan : boucles de bonheur diffus, confus, têtues dont on reparlera en 2015 – si on en revient.
Mercredi 17
R.O.E. // Good Times
Il n’y a pas de raison : la coolitude, voire l’apathie branleuse des nineties – de Pavement à Weezer – n’est pas l’exclusivité du rock. La nostalgie ne saurait donc se limiter aux seules guitares maltraitées de ces années indolentes. On reparle ainsi beaucoup du hip-hop à la coule, à la baba-cool même parfois, des grands A Tribe Called Quest ou Arrested Development, particulièrement influents chez les jeunes anglais de Hawk House ou, ici, chez le Chicagoan R.O.E. (pour Rising Over Envy). Son single s’appelle Good Times et on a une petite idée de l’époque détendue dont il parle !
Jeudi 18
The Anchoress // Long Year
Derrière ce son aussi barbare que sensuel et ce nom de groupe en trompe-l’œil se cache une femme seule, Catherine Anne Davies. Et seule, on l’imagine effectivement, sauvageonne galloise aux idées noires et gestes nerveux, méfiante et tendue comme une jeune PJ Harvey quand elle accueillait la presse une fourche à la main dans sa campagne du Dorset. Mais le miracle, ici, c’est mélange entre âpreté et luxuriance, bottes en caoutchouc et souliers de satin, qui fait la grandeur inédite de ces chansons aussi à l’aise au CBGB’s que dans les théâtres de Broadway. Gothique et flamboyant, donc.
Vendredi 19
Bantam Lyons // I Want To Be Peter Crouch
Vous êtes nombreuses et nombreux à vous en plaindre sur notre service Minitel : on ne parle pas assez de football dans cette rubrique. Ces Nantais récemment invités aux Trans s’en occupent et offrent cet hommage à un Anglais lui-même responsable de chants de tribunes parmi les plus absurdes et comiques jamais osés en Angleterre : le géant Peter Crouch. Souvenons-nous, par exemple, de “He’s big, he’s red, his feet stick out the bed”, délicieusement chanté à tue-tête pas les fans de Liverpool. Musicalement, le I Want To Be Peter Crouch de Bantam Lyons est un tantinet plus sophistiqué, mais il peut se reprendre en mâle chorale et épique – pour peu que vous connaissiez une voix capable de reproduire le larsen shoegazing adidas et une autre le carillon affolé de guitare indie-pop eighties. Le jeu à la nantaise, la classe.
Samedi 20
Mahaut Mondino // Jungle
Dans le rock, les fils-à-papa n’ont pas fatalement hérité du mojo : pour un Jeff Buckley, un Baxter Dury, combien de rejetons Marley ou Dylan sans grande envergure ? On accueille ainsi avec l’oreille ferme Mahaut Mondino, fille de Jean-Baptiste Mondino, photographe/vidéaste, chez qui la musique reste tellement chevillée au corps qu’on oublie parfois qu’il n’a été que brièvement musicien (le single La danse des mots). Et c’est sans passe-droit que Mahaut – qui a fait ses armes dans la musique de pubs et dans les studios d’enregistrements, où elle geeke comme une championne – prend aujourd’hui d’assaut notre iPod, avec ce premier single de soul compactée, excentrique, ricochant en parfaite torpeur sur une mer d’huiles essentielles.
Dimanche 21
Pointe du Lac // Spiegel Im Spiegel
C’est un rituel des aubes laiteuses du dimanche : attendre le jour avec Arvo Pärt, ses tocsins et ses cordes déchirées. Il faut être inconscient pour se lancer dans une reprise du terrassant Spiegel im Spiegel de l’Estonien – et le Français Pointe du Lac mérite d’abord notre incrédulité, puis notre admiration puis notre amour avec cette version dédramatisée pour guitares droites, interférences solaires, synthés en nappes suspendues au vent. Musique d’ascenseur, mais celui de Roald Dahl.
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