Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils tous ici.
Lundi 14
Max Jury // Christian Eyes
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Pendant que Lana Del Rey fantasme sur la torpeur et la nonchalance du Laurel Canyon de Los Angeles, le jeune Max Jury – que l’on a vu en première partie de l’Américaine – semble lui y vivre, dans une cabane en bois, en junk, en planches récupérées dans le Pacifique. En 2015, on parlera beaucoup, en sifflant même d’admiration, du bon gars à trogne de hobo beau – et on patientera avec ce Christian Eyes (t’as d’beaux yeux, tu sais), qui l’impose en héritier direct de Gram Parsons (qu’il cite). Un vieux sage, noble et noueux, de 21 ans.
Mardi 15
Zola Blood // Grace
“Nous sommes influencés par Arthur Russell, Portishead ou Trentemøller…” Des groupes, saligauds, savent nous prendre par le sentiments, tirent sur la corde sensible comme si c’était la sonnette d’alarme. Ces Londoniens, heureusement, ne se contentent pas d’empiler les influences comme des trophées promis à la poussière, mais en nourrissent leur musique comme la réalité alimente les rêves : en pièces détachées, en fragments épars.
Signé sur le label auquel on doit le Laughing Stock de Talk Talk, Zola Blood n’a encore donné aucun concert, mais on sent clairement que son univers est le studio, où il lustre maniaquement des chansons aussi déstructurées que vénéneuses. Cet été, on les emportera à la plage, pour faire de la plongée avec.
Mercredi 16
Loston // Next Exit
On avait adoré, jusqu’à l’adulation, son remix de Too Much de Sampha, monument de soul instable, gazeuse. On s’était pareillement prosterné devant sa relecture du Retrograde de James Blake. L’Australien cesse enfin de faire du bien aux autres pour s’occuper de son propre artisanat. On ne parle pas ici de sa carrière florissante de designer graphique, mais de celle, pareillement visuelle, d’électronicien horizontal, dont les titres se déploient majestueusement, au ralenti, en un R&B touffu et méconnaissable. Next exit ? La gloire.
Jeudi 17
The-Dream // Black
Quand il ne compose pas des tubes planétaires pour Beyonce, Jay Z ou Rihanna (oui, le coup d’Umbrella, c’est lui), l’Américain Terius Youngdell Nash devient The-Dream. En activité depuis presque quinze ans, celui que son manager (qui sait de quoi il parle) décrit comme “le Morrissey du hip-hop” est effectivement un homme d’engagement, de conviction, de coups de gueule comme en témoigne son brûlot Black – “Classism is the new racism”, chante-t-il dans ce vague Manifeste des Soixante du rap adulte.
Vendredi 18
Elli Ingram // C’Dawha
Est-ce la proximité de Croydon et de son collège de musique où furent éduquées Amy Winehouse et Adele ? Ou est-elle carrément dans sa ville de Brighton voisine au bord de mer de la même Adele ? C’est résolument dans cette famille de soul-singer à chair laiteuse et amygdales renforcées que s’invite en force cette jeune chanteuse, dont le timbre possède encore quelques épines, quelques angles que la production, on l’espère, ne gommera pas en une soul lisse et javellisée, en cadeau idéal de la fête des mères (des grands-mères).
Samedi 19
Georgia // Be Ache
Souvent tapie dans l’ombre quand il s’agit de perturber, de détourner R&B ou hip-hop (chez Micachu, Kate Tempest ou Kwes notamment), la jeune londonienne s’éjecte du siège de batteuse pour un tour de force sous les projecteurs. Même si elle continue à taper sec et enragé, même si elle s’est entourée de synthés pas commodes du tout, elle réussit pourtant, d’une voix suave et brumeuse, à calmer les ardeurs de ce chaos. On parle beaucoup à Londres de cette pop étrange et inconnue, avec ce mélange de fascination et d’incompréhension réservé à ces chansons schizophrènes, où la voix et la musique se chicorent sans merci.
Dimanche 20
Betty The Shark // Popcorn
C’est dimanche et logiquement, on va glander à Biarritz (ou plutôt Anglet ici). Où, entre deux vagues à surfer et un gros fou rire avec ses copains de La Femme, la douce Lee- Ann Curren (oui, la fille du légendaire californien Tom Curren) et son groupe enregistrent dans l’écume des chansons divagantes. Fatalement très cool, cette musique (ici, une vieille maquette) a étendu le domaine de la planche : on peut désormais surfer depuis la Côte des Basques jusqu’au cosmos.
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