Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils tous ici.
LUNDI 12
Stats // Where’s My Money
Le chanteur de ces Londoniens nombreux s’appelle Ed Seed – et c’est un vrai bad seed. Le genre de voix qui donne des ordres – “dansez sous peine de tibias cassés”, par exemple – et tonne dans le désordre d’un funk minimal, à la LCD Soundystem/Talking Heads. Un chant pareil, au service d’une mélodie aussi épurée, tamponne normalement sans même y penser le passeport pour la gloire. Ed Seed, d’ailleurs, s’impatiente : “Where’s my money?” Il va falloir passer à la caisse.
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MARDI 13
Yvette // Vibrations
Les chansons ne sont pas du tout récentes, mais on vient juste de croiser Yvette, et on a envie de le crier sur les toits. Pas Horner, mais avec tous les honneurs, cette Yvette est en fait un duo de Brooklyn qui, d’incantations macabres en new-wave industrielle, a ramené la musique à l’état sauvage, à la guerre du feu, à la boue et au sang. La chanson s’appelle Vibrations et croyez-moi, croyez l’échine labourée et les sens affolés : c’est une bad vibration.
MERCREDI 14
Paume // Transalpine
Signé sur l’excellent label Melodic de Manchester, le Français Paume a peut-être choisi sa maison de disques en fonction de son nom, qui accompagne parfaitement son électro à grands yeux songeurs et hameçons mélodiques imparables. Avec une suavité, une coolitude à la Mount Kimbie, Paume fera partie de ces ambassadeurs – on pense également à Holy Strays ou Torb – qui regénéreront à l’étranger l’image de l’électro française, peut-être plus charnelle et moins frénétique. Une musique à danser et à rêver dans le même élan, aussi complexe dans ses échaffaudages (on pense à un autre titre, Love Fifteen) que suave et éloquent dans le récit. Jeu de Paume : jeu malin, jeu coquin.
JEUDI 15
Danslow // Russia
Un grand voyageur : de son Mexique de naissance à son Berlin d’adoption en passant pas des labels espagnols, de l’indie-pop à l’électro brumeuse, Pierre Danslow a beaucoup tenté, beaucoup goûté. Il s’est notamment goinfré en route de disco et donc de house française, ce que digère sur un hamac dans un hammam son Russia sudatoire.
VENDREDI 16
Ben Ellis // The Night
Depuis sa chanson Memories In The Cold, on aime ce Français trop discret, décontracté sur l’harmonie, souple sur la guitare, relâché sur le chant, insouciant sur la mélodie… Il y avait du Weezer dans ce mélange d’innocence et de labeur, de branlotterie et de soin – et c’est tellement rare en France qu’on traite la pop en égale, sans chichis, sans respect, sans cérémonial qu’on embrasse Ben Ellis pour ces crimes de lèse-majesté (d’Angleterre). On le retrouve nettement moins électrique, nettement plus ordonné et robotique sur The Night, BO idéale de ce moment où la nuit bascule de la retenue à l’abandon, de la fête vers l’inconnu. La nuit, quoi.
SAMEDI 17
Franklin // Cold Dreamer
Sous le nom de Franklin, de Franck Rabeyrolles ou de Double U, ce Français voltigeur étudie depuis des années déjà le même espace aérien, pur et grisant, où toute une scène américaine – de Postal Service à MGMT – fait le sexe avec les étoiles. Mais lui évolue peut-être encore plus près du soleil, en tout cas de la sunshine-pop, tant son psychédélisme flâneur évoque parfois les constructions baroques des Zombies ou Left Banke. Il s’en éloigne un peu avec l’électro ombrageuse de Cold Dreamer, aux structures sévères mais aux rêves nonchalants.
DIMANCHE 18
Vertical Hold // Injustice
On finit la semaine dans le froid, la grisaille et le malheur porté en élégant costume d’occasion, peut-être même volé à un mort. Chaque semaine, dans cette rubrique, un jeune groupe singe, robotique et glacial, la scène anglaise, souvent du Nord, du début des années 80 : fascination légitime pour cette musique qui voulait danser malgré sa camisole de glace, être funky dans la chambre froide. Leeds, Sheffield ou Manchester fournissaient alors la BO morne des danses en pardessus, lèvres gercées et gestes raides. Quitte à se faire froid dans le dos, autant remonter aux originaux, notamment à ces mystérieux londoniens qui n’ont sorti qu’une triplette de singles, mais dont on retrouve avec joie (division) la scansion austère et le groove martial.
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