Des centaines d’anecdotes pour tirer un portrait juste et drôle du rock
Genre littéraire florissant dans les pays anglo-saxons, où les publications sur le rock savent aussi sourire et regarder le Panthéon par le petit bout de la lorgnette, les “miscellaneous” – collections d’anecdotes en capharnaüm – n’ont jamais été traitées en France avec le manque de sérieux nécessaire. Remercions donc ce triumvirat d’érudits de ne pas s’être contentés de juste compiler et traduire les dizaines de livres et numéros spéciaux de journaux anglais, mais d’avoir vraiment pétri sa propre pâte, faite de souvenirs intimes, de fables locales et d’archéologie goguenarde. Le rock, en France, méritait d’être ainsi raconté, en creux, par ces milliers de non-événements, ces histoires insignifiantes, ces légendes merveilleuses qu’on se raconte l’hiver, au coin des vieux. Mais si on évoque les ici les origines du nom de Plastic Betrand ou des noms insolites de groupes français des seventies (Etron Fou Leloublan, etc…), pas de préférence nationale dans ce vaste foutoir, débarrassé, comme le veut le dogme du genre, de toute idée de hiérarchie, de haute et basse culture. On passe ainsi de “quelques protest-song qui ont changé le monde” aux “musiciens ayant fait une apparition dans Miami Vice”. Car le rock est ainsi, à la fois Coca Cola tiède en tasse plastoc et Château Pétrus en décanteur de cristal – et il faut cette vue d’ensemble pour en dessiner les contours, les méandres, les reliefs. Et rien de mieux pour raconter son histoire, à la fois grande et petite, que ces dérisoires annales. Comme Gilles Verlant, un des trois auteurs, possède ses habitudes à la chaîne cryptée, on dire même : Annales +.