Retour apaisé, mais sans pantoufles, de la teigne du rock français.
Son premier album lui aura pété à la figure. Trop fort, trop cru, trop identitaire.
Comme beaucoup de cinéastes, d’écrivains, de groupes arrivés dans un moment où on n’attendait qu’eux, France Cartigny en a eu plus qu’elle ne pouvait en supporter. Pendant qu’elle prenait le temps de digérer sa surirradiation, l’actualité et l’air du temps l’ont oubliée.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cinq ans après, le deuxième album : En place, passé inaperçu alors qu’il révélait une France dessalée, rétablie dans ses désirs, son blues et sa mélancolie de femme. C’était il y a quatre ans. Et les additions sont cruelles : neuf ans après son premier disque, alors que la trentaine lui échappe, France Cartigny a enfin recollé les morceaux sur ce troisième recueil, Les Meilleurs. Comme les jours meilleurs, les désirs meilleurs, les amours meilleures, les accords meilleurs, les désaccords meilleurs même.
Soit un disque d’intérieur, un pacte de paix avec soi-même, sa musique, ses envies… Une collection de chansons qui se moque du temps, des avis, des imbéciles et des érudits : un truc simple, proche de l’os, des cuisses et du cerveau. Tout électrique, en noisy-pop raide et rigoriste, mais aussi en suggestion, retrouvant les motivations premières de Sensations, son tout premier essai, avec finesse et distanciation, dans des comptines fourrées au venin.
Dans cet impeccable costard orchestral, France a la classe. Avant-hier, elle pétaradait dans la gouaille, elle se replie aujourd’hui dans le minimalisme et enroule de magnifiques fables cyniques, là où elle gueulait jadis la jouissance de la différence.
{"type":"Banniere-Basse"}