Confrontation de performances entre artistes de Lisbonne et de Marseille, ou comment interroger les liens troubles entre fiction et réalité.
Résister à la transformation de la création en un système de production qui lamine l’essence même du geste artistique, fait d’expérimentations, d’essais et de rencontres, tel est l’enjeu du travail mené par Alain Fourneau, qui a fondé le Théâtre des Bernardines. « Depuis quinze ans, des créneaux d’expérimentation existaient aux Bernardines, mais nous avons créé Les Informelles au moment où un mouvement général nous a rejoints, rejetant l’essoufflement du système de production et mettant en avant la nécessité de revenir à l’idée de démarche et d’expérimentation. Le système tel qu’il fonctionne aujourd’hui gomme toute dialectique possible entre l’essai et l’ uvre. »
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Cette dialectique est au c’ur de la programmation des Informelles. En ouverture, la comédienne Claire-Ingrid Cottenceau, en résidence aux Bernardines depuis plusieurs mois, invite le public à découvrir Station n.f., une installation plastique et sonore qui témoigne d’un travail en cours mené avec les habitants de Marseille et donnera lieu à d’autres présentations, d’étape en étape, jusqu’à la création d’un spectacle prévu en 2002. Une démarche déjà initiée lors de sa précédente création, Les Têtes penchées (cf. Les Inrockuptibles n° 277), qui met en crise la posture de l’artiste comme celle du public et les liens de plus en plus troubles entre fiction et réalité. « Pour la compagnie, chaque moment de présentation ou de création trouve son origine dans une série de rencontres conduisant par imbrications, expérimentations, cheminements personnels et aléatoires à la naissance d’une forme différente qui interroge le rapport du réel à la fiction et inversement le rapport de la fiction au réel. »
Une déclaration d’intention qui donne tout son sens à la série de soirées réunissant des artistes de Lisbonne (le collectif Cão Solteiro, Mónica Calle, João Rodrigues, Lucia Sigalho…) et de Marseille (Yan Allegret, Clémentine Baert, Alain Béhar, Eva Doumbia, Julien Moine, Gaëtan Vandeplas…) pour une confrontation d’essais et de performances. En final, le collectif belge TG Stan présentera Tout est calme, d’après Maître de Thomas Bernhard. Un spectacle en bonne et due forme aux Informelles ? Oui et non. Puisque aucune représentation n’est l’objet de répétitions. Formellement informel…
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