Second volet d’un diptyque entamé en mars, le sixième album des Anglais regorge d’hymnes rock embrasés.
Pour éviter le poids écrasant d’un double album, les Anglais de Foals ont eu la bonne idée de sortir cette année deux disques à sept mois d’écart, les deux facettes d’un même projet intitulé Everything Not Saved Will Be Lost (“tout ce qui n’est pas sauvegardé sera perdu”, message d’alerte informatique et d’urgence environnementale). Composée de huit chansons et de deux courts intermèdes instrumentaux (les aériens Red Desert et Ikaria), cette seconde partie se veut plus musclée dans ses riffs terrassants, mais aussi davantage tournée vers la spiritualité dans ses textes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une croix recouverte de végétation trône d’ailleurs au centre de la pochette, et Yannis Philippakis, cerveau en ébullition du quatuor, s’est inspiré de ses récentes visites dans les monastères du mont Athos. “J’avais envie d’évoquer la mortalité dans toute la seconde moitié de cet album, explique-t-il. En écrivant les paroles, mes préoccupations m’ont conduit vers une sorte d’élégie.”
Des singles dévastateurs
Ce requiem épique s’appelle Neptune (plus de dix minutes au compteur) et clôt ce diptyque en laissant bouche bée ses auditeurs devant ses dimensions grandioses et ses sonorités nouvelles. “Je ne sais pas si elle est révélatrice des pistes qu’on va explorer par la suite, sourit Yannis. Je n’ai aucune idée de ce qu’on va faire ensuite. Mais c’est vrai qu’elle ne ressemble à rien de ce qu’on a pu écrire avant. On s’est autorisés à improviser ensemble sans couper. On a trouvé ça grisant et dangereux en même temps. Peut-être qu’on renouvellera l’expérience. Dès qu’on a composé ce morceau, on a su d’emblée que ce serait la fin, la conclusion parfaite des deux parties.”
Tout au long de ce second volet, on retrouve la maestria de Foals à façonner des hymnes rock qui laissent la tension s’accumuler avant de la libérer dans des explosions électriques, emportant tout sur leur passage – citons, par exemple, les singles The Runner et Black Bull, aussi dévastateurs sur scène que dans leur version en studio.
Mais Foals a toujours eu plus d’atouts dans sa manche qu’un groupe de rock lambda. Capable de signer des morceaux hors format, de plaquer des petites notes de guitares frêles mais perçantes sur ses riffs gargantuesques, ce quatuor continue à surprendre, onze ans après son premier album, et à élever le débat grâce aux observations de Yannis, leader à la fois réfléchi au quotidien et déchaîné en concert.
“Ce disque débouche sur un finale très personnel : je parle de mes sentiments vis-à-vis de l’Angleterre d’aujourd’hui et du fait de ne plus parvenir à trouver un sanctuaire nulle part sur Terre. On a tous un endroit qui nous fait rêver et où l’on pourrait se réfugier si ça tournait mal chez nous – pour moi, ce lieu a longtemps été la Grèce (où il est né, et où vit encore une partie de sa famille – ndlr). Mais à présent, face aux dérèglements climatiques, aucun lieu n’est à l’abri.” Avec sa voix cuivrée et ses messages puissants, le chanteur durcit le ton, et son groupe prend une ampleur rarement égalée dans le rock anglais actuel. Intense.
Everything Not Saved Will Be Lost – Part 2 (Warner)
{"type":"Banniere-Basse"}