Deux des révélations de ce début d’année viennent du pays d’Ikea : la brillante Frida Hyvönen et les puncheuses Those Dancing Days partagent l’affiche du festival Les Femmes s’en mêlent, qui débute cette semaine. A lire, écouter, et voir.
Copenhague la proprette, début mars. Le ciel est bas mais les espoirs s’en foutent : on va rencontrer Frida Hyvönen, Suédoise déjà admirée pour son très beau premier album Until Death Comes. On découvre une trentenaire élégante, immédiatement imposante mais encore gentiment timide à ce moment de la journée – un félin enragé engoncé dans un corps calme. Elle commande un Martini dry, et on s’inquiète un peu : il n’est que 3 heures de l’après-midi.L’écoute amoureuse de son récent, second et magnifique Silence Is Wild, fascine. Qui peut, ainsi, se frotter avec une grâce égale aux dramaturgies bariolées de Rufus Wainwright autant qu’aux coulures sirupeuses de la pop FM des années 90 ? Qui peut approcher la force froide de Kate Bush tout en lançant quelques morceaux vers les astres brûlants d’Abba ? Silence Is Wild est un parfait objet pop. Un condensé de plaisirs coupables vite déculpabilisés par un sens mélodique et dramatique absolument imparable et, paradoxalement, par une absence totale de cynisme. Un recueil de chansons aux textes ahurissants, souvent adaptés de ses correspondances personnelles, entre intimisme cru (l’impressionnante December, dans laquelle elle raconte un avortement par le détail), drôlerie cruelle (My Cousin ou Science) et parodies délirantes (la formidable ouverture Dirty Dancing ou Scandinavian Blonde, “chanson contre le racisme dont nous souffrons, nous, les Scandinaves péroxydées”, se marre-t-elle). Silence Is Wild est l’oeuvre d’une fille élevée lentement loin des villes, [attachment id=298]éduquée par la radio, les cassettes des copains, par MTV – avant que l’éducation s’accélère brutalement dans le clinquant des villes et les tourments des années sexuées. Enregistré pour la première fois en groupe et en quelques jours à peine, Silence Is Wild est, surtout, une petite libération pour Hyvönen. Un écrin plus velouté pour les beautés déjà découvertes sur Until Death Comes – un album taillé pour la scène. Car Frida y brille, méchamment. Le soir même, rendez-vous au Jazzhouse. L’éclairage est tamisé, le public policé. Le spectacle, lui, sera plutôt polisson : Hyvönen, sur scène, se mue en vamp fascinante, blague en permanence, fait sa maligne, joue avec le public, avec ses textes, avec ses chansons. Elle occupe l’espace, squatte la vision, pleine et entière. Elle chante merveilleusement. Et fait un carton.
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A découvrir ici avec trois morceaux, puis aux Femmes s’en Mêlent.
Dirty Dancing
Scandinavian Blonde
December
Bruine et espoirs identiques le lendemain. Direction Malmö, en Suède, à une quarantaine de kilomètres, pour rencontrer Those Dancing Days. Il suffit de traverser un pont et le temps passe brutalement à l’ouragan : on y rencontre cinq jeunes Suédoises entre 19 et “bientôt 21” ans, cinq petites furies pour une interview menée à un train de grand huit – le Debaser, lieu de la rencontre, jouxte un mini-parc d’attractions de centre-ville. [attachment id=298]Les cinq adorables fusent comme des feux d’artifice, speedent comme des insectes dingues, se coupent sans arrêt la parole, réfléchissent tout haut, se marrent à tout bout de champ. Elles sont d’une grande drôlerie, énergiques jusqu’à la frénésie, parfaitement sûres d’elles-mêmes, aussi malignes que leur musique. Qui d’ailleurs leur ressemble : de la pop atomique et tubesque, synthétique et zigzagante, uppercut mais planquant sous les rushs sonores quelques jolies pointes de mélancolie postadolescente. Entre des Pipettes à fortes têtes, des Strokes au féminin, un The Organ plus fun, des Blondie modernisées, leurs chansons sont les oeuvres encore un peu vertes de jeunes filles prises en pleine crise de hype alors qu’elles n’ont pas encore terminé leur croissance. Mais, sur disque et plus encore sur scène, elles crampent les zigomatiques des plus fainéants – et tous les autres muscles des plus danseurs.
A découvrir ici en vidéo, puis en tournée dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlent.
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