Attendu depuis trois ans, le premier album des Clones, Safety Copy, est à l’honneur cette semaine sur lesinrocks.com. Découvrez le clip de Crazy Boys, parfait condensé de l’art incendiaire de ce duo pas comme les autres.
La première fois que je me suis intéressé aux Clones, j’ai eu quelques mauvais pressentiments. Ce fut d’abord une photo représentant deux types, le crane rasé, se ressemblant comme deux gouttes d’eau. J’avais beau essayer de penser à autre chose, mais cette imagerie des jumeaux, férus de technologies étranges, me rappelait instinctivement l’un de mes chocs cinématographiques, l’effrayant Faux-semblants du canadien David Cronenberg.
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Dans ce film magistral, devenu pour moi une source de cauchemars récurrents, deux frères jumeaux, tous deux gynécologues, poussaient à l’extrême leurs ressemblances. L’arrivée d’une femme dans ce n’ud de névroses les faisait irrémédiablement sombrer dans la folie.
Avec mes idées confuses sur le sujet, j’imaginais Safety Copy, le premier album des Clones, comme un croisement entre les délires paranoïaques des jumeaux de Cronenberg et ceux tout aussi morbides de Matmos sur leur album A Chance to cut is a chance to cure, réalisé entièrement à partir de samples d’outils chirurgicaux.
J’ai donc esquivé les Clones pendant quelques temps, trouvant de multiples prétextes pour ne pas avoir affaire à leurs musiques et ainsi éviter de retrouver mes frayeurs d’adolescent poltron. Et pourtant un jour, le disque a finalement atterri sur ma platine. Tous mes geignements absurdes ont pris fin dés l’intro de l’allumé Crazy Boys.
Les Clones ne sont pas des chirurgiens schizo, ni même des Raëliens convertis à l’art du dance-floor. Ce sont deux frères jumeaux, issu d’une famille post-soixante huitarde, tombés très tôt dans le milieu techno à l’époque où les « free » étaient légion et le collectif Spiral Tribe représentait le nec plus ultra d’une techno dissidente et libertaire.
Elevés aux sons tribaux des raves dans toute l’Europe, Julien et Nicolas ne tardent pas à taquiner les platines dés qu’on leur en laisse l’occasion. Peu à peu, les Cyber Clones, leur premier nom de scène, se font remarquer par leurs prestations live furieuses. Ils publient quelques maxis sur de micro labels et le buzz finit par les rattraper. Contacté par Sony, le duo signe un contrat discographique et s’attèle à la réalisation d’un album.
A partir de ce moment-là, trois ans seront nécessaires au duo pour penser, composer et tester leurs compositions. Dans un ancien hangar situé à Vincennes, il peaufine ce Safety Copy, condensé explosif d’une dizaine d’années passées dans le milieu techno. Et le résultat ? excusez le mauvais jeu de mots ? est décoiffant.
Nos amis rasés ont mis suffisamment d’influences dans ces onze titres, du rock alternatif à la techno pure et dure en passant par la jungle et la house, que l’ensemble évite intelligemment la monotonie. Des titres aussi explicites que Shut up & dance ou Groove comes back font office de tuerie intégrale sur le dance-floor, d’autres passages, comme le psychédélique Evolution ou le déglingué War games, installent une ambiance plus contemplative.
Dans les deux ambiances, les Clones font régulièrement mouche et leur prestation live intense au récent festival des Inrocks n’a fait que confirmer la pertinence de ce duo chauve mais jamais à court d’idées. Pour vous convaincre, lesinrocks.com vous ont dégotté la vidéo de Crazy Boys, réalisé par le doué Gautier Houillon, à visionner au format Real Video.
Avec l’aimable autorisation de SONY MUSIC
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