Retour sur cette première journée de festival, également marquée par les prestations des américains At The Drive-In et Allah-Las.
Jésus, Marie et Allah veillant sur le Parc de Saint-Cloud en ce premier jour, via leurs émissaires écossais (Jesus & Mary Chain) et Californiens (Allah-Las), les déluges promis par Jupiter (le vrai) devaient donc s’arrêter aux portes de cette quinzième édition.
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Bon, ce fut partiellement le cas et c’est encore bien imbibés que les courageux et curieux festivaliers ayant à cœur de découvrir sur scène le brillant français Barbagallo ou la jeune révélation belgo-congolaise Témé Tan durent faire le déplacement. Nos indics sur place (on arrivait trop tard) nous ont fait savoir que tel humide inconfort valait toutefois la peine. Happy when it rains, chantaient avec un certain sadisme Jesus & Mary Chain il y a de ça 30 ans. Le sadisme était leur discipline favorite à l’époque, car s’ils parvenaient à contenir sur disque leur nihilisme suicidaire, en adoucissant de mélodies surf-pop leurs guitares en lames de rasoirs, les deux Dalton de Glasgow, Jim et William Reid, ne s’attardaient jamais sur scène très longtemps. Leurs premiers concerts duraient rarement plus de vingt minutes et on en ressortait avec des acouphènes pour l’éternité et sentiment de s’être bien fait escroquer. Rien de tel aujourd’hui, où leurs concerts jubilées rassemblent quadras et quinquas nostalgiques des années où le rock faisait encore semblant d’être un produit inflammable. Assagis, remerciant le public et déroulant un programme sans faute (les impérissables Just like honey ou April skies…), même si les chansons du dernier Damage & Joy, album qui mettait fin à vingt ans d’absence dans les bacs, ne seront pas celles qu’on sifflera spontanément sous la douche le lendemain. A propos de douche, ils ont évité de jouer Happy when it rains, sans doute pour ne pas faire dans la provoc inutile avec Monsieur Météo.
At The Drive-In : un show bluffant par éclairs mais un peu ennuyeux sur la longueur
C’est par temps relativement sec également que l’on retrouvait d’autres vieilles et bruyantes connaissances une heure auparavant, en l’occurrence les Texans de At The Drive-In, qui ont eu la bonne (?) idée de se remettre à la colle après un long tunnel d’expériences séparées (The Mars Volta, De Facto, Sparta) et un retour sur album, le premier depuis 17 ans, plus tôt dans l’année. Pour ceux qui ont déjà pratiqué le site de Rock en Seine, on sait que certaines pentes un peu raides occasionnent parfois des emballement de guiboles, voire pour les moins chanceux des dégringolades impossibles à maitriser. Depuis toujours, les chansons de At The Drive-In font penser à ça : à des types qui s’emballent en se marrant, et qui finissent parfois par bien se ramasser le beignet dans l’herbe – voire par la fumer, mais c’est une autre histoire. Cedric Bixler ressemble de plus en plus à un MC5, et le groupe à une improbable collusion entre le punk-rock amerloque le plus licencieux et le Muppets Show. Assez marrant 20 minutes, bluffant par éclairs (les dérives prog jouées à mille à l’heure) mais un peu ennuyeux sur la longueur, leur show est parfait pour ceux qui ont investis dans des bouchons d’oreilles en téflon, les autres devant prendre légèrement leurs distances s’ils ne veulent pas que le festival s’arrête ici pour leurs tympans. Toutefois, les Texans ont compris le message en ne jouant que 40 minutes au lieu d’une heure.
Un concert syndicalement excellent pour les écossais de Franz Ferdinand
C’eut été vraiment dommage de rater la énième performance de Franz Ferdinand à Rock en Seine, autres Ecossais de cette journée que l’on nous promettait marquée par des douches de même provenance, mais qui finalement continuait de se dérouler sans la moindre trombe d’eau à la nuit tombée. Ceux qui n’avaient pas vu le groupe ces derniers mois auront pu apprécier la nouvelle coloration de Alex Kapranos, désormais blond/blanc, et le jeu du nouveau guitariste Dino Bardot, qui a remplacé le partant Nick McCarthy depuis l’an dernier. Un membre supplémentaire également aux claviers, mais au final un concert de Franz Ferdinand syndicalement excellent, c’est à dire sans mauvaise surprise mais sans surprise quand même. En s’exprimant tout du long en français, Kapranos sait qu’il est ici sur l’une des terres où son groupe n’a jamais manqué de rassembler les foules, lesquelles se désespèrent toutefois de ne pas découvrir de nouveaux morceaux aussi marquants que ceux des deux premiers albums. Car si on les adore, et si Alex le crooner n’a sans doute jamais si bien chanté, on ne va peut-être pas revenir à chaque fois pour se dégourdir les genoux sur Take me out, Matinée, Do you want to, et gondoler d’allégresse sur Walk Away. Le prochain album prévu en janvier, espérons-le, apportera une nouvelle livraison de ces chansons angulaires mais irrésistibles de la part d’un groupe au savoir-faire unique mais trop mollement exploité.
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Allah-Las, encore un peu secoués après les évènements de Rotterdam
Plus tard, les Allah-Las sembleront un peu déboussolés de reprendre le fil de leur carrière hédoniste de surfeurs-pop sans histoire, après avoir dû annuler un concert trois jours plus tôt à Rotterdam pour cause de voiture piégée à proximité de la salle. Personne ne sait encore avec certitude si le nom de groupe y est pour quelque-chose (un soldat de l’apocalypse urbaine ayant peut-être jugé le blaze blasphématoire, on n’est plus à une aberration près), mais en tout il planait durant ce concert une drôle d’ambiance pas vraiment festive. Pas grave, on se rattrapera demain.
Christophe Conte
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