Qu’il s’invite au générique en tant que producteur ou qu’influence, l’Américain Sufjan Stevens irradie deux albums délicats et fervents.
The Welcome Wagon Welcome to…
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Chalet de rondin, champ de neige : sur la pochette de Horse Feathers, on retrouve précisément l’atmosphère bucolique mais menacée d’un grand disque de 2008 : le For Emma, Forever Ago de Bon Iver. Et c’est aussi ce même mélange de recueillement et de luxe qui illumine, à la bougie ou au soleil d’hiver, le folk fervent de ces Américains qui ont eu la bizarre d’idée de piquer leur nom au film Plume de cheval des Marx Brothers. Car côté gags et gaudriolle, ne pas trop compter sur ces chansons à l’austérité rayonnante, chantées en chorales mixtes avec une ferveur digne des ballades les plus ombrageuses de Sufjan Stevens.
The Welcome Wagon Welcome to…
On retrouve l’Américain à la production de The Welcome Wagon, duo de Brooklyn dont le chanteur est pasteur presbyterien et la chanteuse Monique (pas de contrepétrie). Monique, donc, tentée par le diable (le Velvet), les anges (The Smiths) mais surtout par son mari, Vito, qui la ramène béate sous les vitraux, à chanter à tue-tête des musiques de peur et de salut, du gospel au folk.
Comme souvent dans la petite congrégation réunie autour de Sufjan Stevens, on barbotte parfois un peu ici dans le bénitier. Mais on ne se moque pas de gens qui veulent à ce point, pour tous, le bien, le beau, la paix et les chapeaux de paille de pêcheur de poisson-chat. Irradiant de bienfaisance et de ferveur (comme le rappelle le merveilleux Sold! To The Nice Rich Man, étrange tranche de soul seventies autrefois compilé par Sufjan Stevens) , ce premier album semble tellement tout ignorer du cynisme, de sa terre, de son époque, de son environnement qu’il en devient le contrepoison, le contrepoint. Soudain, avec ce luxe de détails et cette profusion de sons typique de Stevens, The Welcome Wagon transformera votre train-train, votre transport en commun, en train fantôme, en Pullman, en RER pour le paradis. “You made my day” sussurre une de ces torch-songs. Merci effectivement d’avoir sauvé le quotidien du banal.
JD Beauvallet
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