Catherine Ringer enterre les Rita, et revit chez Rota.
[attachment id=298]C’est d’un courage hors du commun dont Catherine Ringer fit preuve lors de la tournée du printemps 2008 en hommage à son compagnon, Fred Chichin, disparu quelques mois plus tôt. Comme elle l’explique dans l’interview, qui apparaît en bonus au DVD de cet enregistrement à La Cigale, elle n’est revenue à ce répertoire des Rita Mitsouko qu’au prix d’une patiente et douloureuse ascension, gravissant la montagne du chagrin par paliers successifs, sanglotant et s’interrompant après deux couplets d’une chanson lors des répétitions, puis au bout de trois couplets, et ainsi de suite jusqu’à surmonter l’épreuve. Veuvage en public, enterrement des Rita Mistouko en fanfare : ce moment particulier, la chanteuse l’arrache à la fatalité pour le rendre à la musique, à ce carpe diem endiablé résumant tout l’esprit des Rita, C’est Comme Ca, Andy, Marcia Baila qui sonnent ici comme des barouds d’honneur. Ses musiciens l’assistent avec un parfait [attachment id=298]mélange de dureté et de feeling, dans ce qui s’apparente beaucoup à une catharsis en public. Le répertoire intègre ça et là des reprises classieuses de Bowie, Mink De Ville et du Velvet Underground. Celle de la chanteuse italienne Mina, L’Importante E Finire (L’important est de finir !) servant de transition avec l’autre actualité musicale de Catherine, l’album Rendez-Vous Chez Nino Rota, sur lequel elle interprète deux chansons en duo avec Mauro Gioa, Belfegor Stomp et Parle Plus Bas, thème du Parrain rendu célèbre par Dalida. Sur ce projet assez inégal, elle se retrouve entourée de quelques grandes dames de la chanson internationale comme Martirio, Susanna Rinaldi, Ute Lemper et Sharleen Spiteri, et s’en sort d’autant mieux qu’elle est certainement la plus fellinienne de toutes, autant duchesse que poissonnière avec cette façon stylisée de se sortir les tripes. Pour celle qui demeure la seule suffragette de la chanson que nous n’ayons jamais eu, la seule à jamais paraître, à jamais esquiver, à jamais dessoûler de sa scandaleuse franchise, l’important était sur ces deux disques d’en finir (en beauté) avec son passé, et de songer à se construire un avenir.
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