Une enquête de l’association américaine Southern Poverty Law Center (SPLC) a pointé du doigt les errements des plateformes de musique en matière d’éradication des contenus racistes : d’iTunes à Amazon en passant par Spotify, tout le monde doit faire le grand ménage.
Broadsword, Absurd, Bully Boys : ces groupes inconnus du grand public sont des white power bands, c’est-à-dire des traductions musicales de la théorie de la suprématie de la race blanche. Ces concentrés de violence sonore constituent une sorte de métal de bas étage avec un son agressif et des paroles ouvertement racistes, appelant sans ambiguïté à la haine. Petit extrait ci-dessous pour vous faire une idée, il s’agit des paroles de Fire Up The Ovens (« allumer les fours »…) par Bully Boys.
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We’re gonna burn till the last jew burns
Fire up the ovens, fire up the ovens
Fire up the ovens – let’s do it again!
Vous aurez vite fait la traduction, il s’agit de brûler les Juifs jusqu’au dernier en veillant bien à préchauffer le four à fond. Problème que l’enquête du SPLC met en évidence : ce titre – ainsi que tout l’album – était disponible sur l’iTunes Store, retiré depuis la publication du rapport de l’association. Petite preuve ici :
Des artistes suprémacistes dans les suggestions d’écoute
On retrouve de la « musique raciste » sur iTunes, Amazon, Spotify, Google Play et quasiment toutes les plateformes qui doivent gérer un nombre significatif de fichiers musicaux. Vous me direz, « chacun écoute ce qu’il veut » ou encore « il faut taper les noms de ces artistes dans la barre de recherche pour tomber dessus, donc être déjà un gros raciste à la base », ce à quoi l’enquête du SPLC répond fort bien : d’abord, la présence de contenus explicitement racistes est une violation des termes et conditions d’utilisation de la majorité des plateformes concernées, spécialement Amazon, et ne doit pas être traité comme un excès de zèle en matière de censure.
La présence de ces groupes en ligne est illégale, c’est bien pourquoi iTunes et compagnie ont commencé le ménage une fois le rapport du SPLC publié. Autre souci : les white power bands bénéficient d’une publicité profondément malsaine et stigmatisante pour les fans de métal. Vous pouvez tomber sur la page d’un groupe white supremacist en cliquant sur un artiste suggéré qui vous est inconnu. Une mésaventure qui est arrivée à beaucoup de fans de métal et de hardcore, à qui les plateformes proposaient un renvoi vers des groupes racistes simplement parce qu’ils étaient répertoriés dans ces catégories musicales.
Cependant, la modération reste difficile à gérer pour les plateformes, notamment Spotify qui procède au cas par cas sur la base des signalements des utilisateurs. Mais une prise de conscience du problème, considérant le fait que le mouvement néo-nazi américain s’est toujours appuyé sur la musique pour perdurer, ne peut être qu’une bonne chose.
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