Habituée aux pensionnaires du troisième âge venus pour des séjours de thalasso, la station thermale d’Aix-les-Bains s’est animée au rythme d’une jeunesse rock pour la 15ème édition de Musilac. Au programme : Phoenix, Archive, The Pirouettes ou encore Kery James et Justice. Une cure de rock réussie en bord de lac.
Si un festival se jugeait à son panorama, Musilac serait sans conteste le plus prisé de France. Durant quatre jours (au lieu de trois jusqu’alors), le public d’Aix-les-Bains a assisté à une litanie de concerts alliant tête d’affiches (Airbourne, Die Antwoord, Texas, Vitalic, The Strypes….) et jeunes promesses dans un cadre idyllique. Bordé par les montagnes d’un côté et un splendide lac de l’autre, Musilac a quoi de plaire. Comme lors d’un grand prix de Formule 1 à Monaco, de nombreux bateaux se sont mêmes amarrés pour profiter du spectacle en première loge.
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Parfois boudé pour sa prog jugée trop commerciale (Cali, Vianney…), le festival qui a pour emblème un chat ressemblant étrangement au Totoro de Miyazaki avait réservé cette année une scène entière aux “paris sur l’avenir en matière d’électro, de pop, de rock ou même de chanson”. On y retrouvait notamment Juliette Armanet, Paradis, The Pirouettes, Deap Vally ou encore Blossoms et Aerobrazil.
Tous les facteurs d’un festival réussi étaient donc présents : une organisation et une sécurité millimétrée, un paysage à couper le souffle, une météo parfaite et une ambiance familiale et décontractée. Retour sur les temps forts du festival.
https://vimeo.com/218432545
Day 1
Jeudi 13 juillet, 17H, les barrières s’ouvrent. Dans un mouvement spontané, les premiers festivaliers courent à perdre haleine jusqu’au premier concert. Sur la scène de la Montagne, c’est Lescop qui ouvre le bal sous un soleil de plomb. Accompagné de ses trois musiciens, le chanteur, chemise noire et lunettes noires, débute son live avec Echo, titre issu de son album du même nom. S’ensuivent ensuite David Palmer, son tube La Forêt, ou encore Dérangé et La Nuit Américaine, pour le plus grand bonheur du public aixois. Le tout accompagné de la célèbre danse extatique et hypnotique du natif de La Rochelle.
Sur les scènes principales s’enchaînent ensuite le rock puissant des quatre jeunes français de Last Train, le rap engagé de Kery James portant cagoule et gant de combat, les tubes interplanétaires de Two Door Cinema Club ou encore le hard-rock des australiens d’Airbourne. Un peu plus loin, sur la scène du Korner, Lulu Gainsbourg, Juliette Armanet et Paradis apportaient un vent de fraîcheur et de légèreté aux festivaliers installés sur la pelouse.
Si les deux concerts de clôture, menés par Die Antwoord et Fritz Kalkbrenner, sont parvenus à enflammer le festival avec brio, Phoenix restera sans conteste le coup de coeur de cette première journée. Quelques jour après leur passage aux Eurockéennes de Belfort, les quatre français ont illuminé Musilac avec une scénographie parfaite. 22H, la scène s’éclaire progressivement, interrompant un groupe de festivaliers en plein chifoumi. Seul un coeur rouge bat dans le noir. Une référence à leur dernier album, Ti Amo. Titre qui ouvrira le live, par la suite alterné entre leurs derniers titres (J-Boy, Tuttifrutti, Telefono…) et les plus mythiques (Lisztomania…). Au cours du show, un miroir géant s’incline et reflète le sol de la scène. Bluffé par ce live, le public aura même la joie de toucher leurs idoles de près. Quelques minutes avant la fin de concert, le chanteur Thomas Mars se lance en slam sur la foule. Il se hissera même debout, tel Moïse marchant sur l’eau, sous le crépitement des smartphones. Une image qui restera dans les mémoires d’Instagram.
Day 2
Vendredi, seconde journée du festival, un public deux fois plus nombreux a fait le déplacement. Ce succès ne déroute pas la bonne organisation de Musilac et les passages toujours relativement aisés entre les scènes.
Tandis que la soul de Lee Fiels & The Expression inaugure la scène de la Montagne, laissant ensuite place au rock suédois de Royal Republic ou encore au groupe de Sydney Midnight Oil, le duo de The Pirouettes enchante la scène du Korner. “C’est cool, vous faites partie de ceux qui ne sont pas allés voir Vianney” lance Léo aux festivaliers. “On est vraiment contents d’être là, on a pu se baigner et se faire masser aujourd’hui. Baptiste (ndlr : le guitariste) a fait un saut de 15m dans le lac” poursuit l’amoureux de Vicky, seconde moitié du groupe. Elle en crop-top bleu et short violet, lui en noir de la tête aux pieds, le couple dans la vie comme sur scène interprètent les titres de leur album Carrément Carrément : L’Escalier, 2016, Au bord de l’eau… ainsi qu’un nouveau titre inédit : Tu peux compter sur moi. Un titre toujours sur le thème du couple avec une dose nouvelle de noirceur : dispute et jalousie.
Après un passage culinaire par le stand tartiflette (un passage obligé), retour sur la grande scène avec Ibrahim Maalouf puis Sting (puis un featuring d’Ibrahim Maalouf avec Sting!), dans l’attente d’Archive. Minuit résonne, les écrans projettent une succession d’images inspirées de têtes de mort, nouvelles technologies et formes géométriques psychédéliques. Après une longue introduction, peut-être même un peu trop longue, les titres de leur dernier album The False Fondation s’enchaînent jusqu’à l’apogée : le titre Fuck You, repris en choeur par la foule.
Day 3
Pour l’avant dernière journée, au tour de Max Jury d’ouvrir le bal sur la scène de la Montagne. Entouré de ces trois musiciens et d’une choriste, le jeune américain arrive sur scène vêtu d’une chemise jaune à fleur qui fera son succès. “On aime ta veste” hurle désespérément un festivalier durant plusieurs morceaux. “Mais qui porte une veste ici? Ah ma chemise tu veux dire! Merci, j’aime beaucoup la tienne aussi” finira par répondre le chanteur au festivalier… torse nu. Avant de continuer à interpréter les titres qui ont fait son succès : Princess, Home… “J’adore la France, je pourrai rester ici pour toujours” lâche t-il avant de quitter la scène sous les acclamations.
Et tandis que les deux californiennes de Deap Vally occupent le Korner de leur rock puissant, le duo de Cocoon se charge de la scène du lac. De retour sur scène pour présenter leur troisième album, Welcome Home. “On veut que vous chantiez avec nous pour la prochaine, c’est simple” déclare le chanteur Mark Daumail avant de lancer les premières notes du mythique Chupee.
Après un passage mémorable de Texas, Justice est chargé de clôturer la journée. Au programme, un show rythmé par d’impressionnants jeux de lumière et de de gigantesques panneaux lumineux suspendus. “L’idée était de sortir du standard des concerts électro avec deux mecs dont tu vois seulement le buste puisqu’ils sont coincés entre leur console et un écran LED géant”, confiait Xavier De Rosnay juste avant son show. Pari réussi. Tantôt dos à dos tantôt de biais, les deux génies de l’électro française enchaînent le meilleur de leurs trois albums. Au bout d’une heure, Xavier se hisse même sur la foule en guise de conclusion, son célèbre blazer frappé du sceau des Raiders sur le dos. Un peu plus loin, un festivalier parti en slam se fait rattraper par la sécurité et scande “je vais bien je vais bien pas de panique”. Une nouvelle victime de Justice.
Day 4
Après la grande messe de Justice, nous sommes contraints de mettre les voiles le lendemain, dimanche. Un vrai crève-coeur puisque Petit Biscuit, Jamiroquai ou encore les lads de Blossoms étaient programmés en cette “journée du seigneur”. A défaut d’avoir la patience d’attendre un an, nous prenons d’ores et déjà rendez-vous avec l’édition d’hiver du Mont-Blanc en avril prochain. En effet, pour la première fois, Musilac se délocalisera en bas des pistes des Alpes.
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