Elysian Fields continue de faire le sexe avec les coeurs sur un nouvel album sensuel et voluptueux. Rencontre (mouvementée) et critique.
Depuis sa création il y a plus de quinze ans à New York, Elysian Fields n’a jamais fait la couverture d’un magazine. “Pas même d’un tout petit, ou d’un fanzine.” Pas même, non plus, celle d’une revue érotique : c’est pourtant là que le groupe, à la sensualité ravageuse, pourrait s’afficher. La paire formée par Oren Bloedow et Jennifer Charles ne semble pas souffrir de cette bouderie du grand public.
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Au contraire. “Nous sommes parvenus à construire ce petit monde progressivement. Nous avons été aidés par des proches, venus jouer gratuitement chez nous, ou simplement nous rendre service, pour nous permettre de continuer. On doit un paquet de dîners à pas mal de gens aujourd’hui.” Last Night on Earth est la septième pièce du tableau dessiné par Elysian Fields loin des unes des journaux et des radios FM. Loin du chauffage aussi : son enregistrement en plein hiver, dans le studio non chauffé de Bloedow, a nécessité bonnets et écharpes.
C’est, surtout, l’oeuvre la plus aboutie d’un groupe parvenu à dépasser ses querelles internes et ses problématiques amoureuses pour continuer à créer ensemble. Autrefois en couple, Charles et Bloedow se sont séparés à la ville il y a quelques années. A la scène, le duo a tout de même prolongé sa collaboration. “Ça s’est fait naturellement. On avait passé tellement d’années à écrire des morceaux de rupture que ça avait dû nous préparer”, sourit monsieur. Et madame, très émue, d’ajouter, voix tremblante et larmes aux yeux : “Cette relation est tellement sacrée pour moi. Ce que nous créons à deux, ça a toujours été plus grand que nous, il n’y avait donc pas de raison d’arrêter. Avant, par exemple, quand je disais quelque chose de difficile ou méchant dans la vie à Oren, il le prenait mal. Mais si je l’écrivais dans une chanson, il trouvait ça super.”
C’est en arborant fièrement l’album Blues & Roots de Charlie Mingus que Jennifer Charles avait séduit Oren Bloedow. “En voyant ce disque, j’ai compris qu’elle faisait partie de ces filles qui préfèrent afficher un poster d’Humphrey Bogart qu’un de Russell Crowe sur le mur de leur chambre. Qu’elle se foutait des modes.” Du blues, il y en a peu sur Last Night on Earth. Mais il y a tout un tas de choses : de la soul, de la chanson, de la pop (Chance), du jazz (Chandeliers) ou du rock comme chez Nick Cave (Red Riding Hood).
“Cette fois, explique Oren, on a voulu s’inspirer des musiques que l’on écoutait adolescents. De Bowie à Queen, des Beatles à Led Zeppelin.” Old Old Wood, d’ailleurs, avec son refrain vaporeux, n’aurait pas détonné sur Wish You Were Here de Pink Floyd. Avec son timbre de voix interdit aux mineurs, Jennifer Charles continue de se faire chanteuse-bombinette et d’alimenter tous les fantasmes du monde.
Brûlante, la New-Yorkaise redevient celle qui, il y a dix ans, crevait les coeurs et jouait les allumettes sur le Lovage de Dan The Automator. “Je n’ai jamais cherché à être sexy. Je ne sais même pas ce que ça veut dire. J’ai simplement essayé d’être sincère. C’est peut-être la même chose ?” Pas vraiment.
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