Le nouvel album de Melina Duterte, abouti et sophistiqué, confirme nos espoirs portés en Jay Som.
Se sentir attendu peut parfois s’avérer intimidant. “C’est étrange ce cycle qui veut que vous sortiez un album tous les deux ans, explique ainsi Melina Duterte, femme orchestre derrière le nom de Jay Som. Cela vous oblige à être créatif. Je n’aime pas ça.” Pour la première fois, la musicienne de 25 ans s’est retrouvée dans ce rôle inconfortable de l’artiste scrutée, dont le nom est autant synonyme de promesse espérée que de déception potentielle. Jusque-là, elle avait surtout composé dans son coin, publiant ses premières demos sur Bandcamp sans trop se faire d’illusions, avant de sortir un premier vrai disque, Everybody Works, en 2017. Un succès certes mesuré, mais inattendu pour Melina Duterte et sa dream pop produite en autarcie dans sa chambre d’ado.
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Des pop songs à l’évidence rare
Alors, pour surmonter ce statut et enregistrer Anak Ko, Jay Som a décidé d’ouvrir sa musique et d’inviter dans son home studio quelques copains musiciens. “Je souhaitais injecter une vibe inédite pour contrebalancer mon côté perfectionniste.” En se déchargeant par exemple des parties de batterie, elle se dégage du temps pour travailler la production et les arrangements, afin de mettre en ordre ses “idées complexes”. En cela, Anak Ko est aisément le disque le plus complet et abouti de Jay Som. La pâte DIY et lo-fi de son prédécesseur a cédé la place à des cathédrales sonores construites pierre après pierre par une Melanie Duterte minutieuse et obsessionnelle. “J’adore ajouter les couches les unes sur les autres. Commencer un morceau puis y revenir au fil des jours.”
Le résultat est sophistiqué sans jamais s’avérer intimidant. “Ma musique est très simple”, veut-elle croire. On n’est pas tout à fait d’accord avec elle sur ce point. Difficile, par exemple, de prédire la fin très Slowdive du single Superbike quand démarrent ses guitares funk, ou l’electronica qui clôt la chanson Anak Ko. Si simplicité il y a, elle est à trouver dans le goût de la Californienne, autant fan de My Bloody Valentine que de Carly Rae Jepsen, pour les pop songs à l’évidence rare, à en croire le tube de poche Crown ou la ballade faussement naïve Nighttime Drive. Anak Ko peut bien signifier “mon enfant” en philippin – le pays d’où ses parents sont originaires –, Jay Som est déjà prête à quitter la catégorie “espoir”.
Anak Ko (Lucky Number/PIAS)
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