Quel est ton rapport aux disques ? As-tu par exemple jeté une oreille sur les albums de ceux qui te citent comme une influence ? Je n’ai pas écouté l’album de Czerkinsky. En partie parce que j’ai peur d’entendre des choses que je connais déjà… J’ai un peu tendance, à tort ou à raison, à […]
Quel est ton rapport aux disques ? As-tu par exemple jeté une oreille sur les albums de ceux qui te citent comme une influence ?
Je n’ai pas écouté l’album de Czerkinsky. En partie parce que j’ai peur d’entendre des choses que je connais déjà… J’ai un peu tendance, à tort ou à raison, à me sentir plus proche de la nouvelle génération. Pour moi, c’est beaucoup plus excitant d’entendre des choses qui me surprennent vraiment, j’aime constater que des petits jeunots ont des idées que je n’aurais jamais pu avoir. Récemment, j’ai été plutôt étonné et agréablement surpris par le dernier album de Doriand : je le pensais beaucoup plus soft que ça. Plus généralement, ce que j’écoute est très éclectique. Il n’y a que dans le jazz que je ne me plonge pas trop encore, sauf lorsqu’il s’agit des disques de Miles Davis. Sinon, je suis très touché par les musiques d’Erik Satie, de Debussy, tout ce courant-là… Parmi les grands classiques du rock’n’roll, j’aime énormément Iggy Pop. Ce type est une hallucination vivante : à chaque fois que je le vois sur scène, je repars avec l’impression qu’il n’y a pas mieux, que ça n’existe pas. Surtout quand on se dit qu’il a 55 ans… J’aime bien aussi le type de bourricots classiques comme Leonard Cohen. C’est actuellement très à la mode de faire des choses minimalistes, mais lui le fait depuis longtemps, et c’est toujours pile dans la cible. Dans les choses actuelles, j’écoute un peu de tout. Sauf du rap, parce que ça me gonfle vraiment trop. A part la bande de Marseillais, IAM en groupe ou séparés, avec tous leurs disques solo. Voilà des gens qui s’intéressent vraiment à ce qu’ils font, on les sent absolument sincères. Mais tous ces crétins dont je ne vais pas donner les noms, ceux de la banlieue parigote, sont une bande de nazes exclusivement obsédés par la réussite sociale. La majeure partie du rap français, c’est de la variété de mauvais goût. Qui plus est avec des prétentions « rappeuses » complètement bidons, puisque la seule quête ici, c’est de réussir à se choper une BMW et trois « salopes ».
Es-tu un habitué des salles de cinéma ?
Non, je n’y vais quasiment jamais. En fait, je ne vais au cinéma qu’à l’occasion des projections où je suis invité. Je boude les salles obscures pour une raison très simple : on ne peut pas y fumer, et ça me rend chèvre. Et puis je n’aime pas rester dans la rue, faire la queue. En général, je vais directement d’un endroit à un autre, je ne traîne pas… Récemment, je suis quand même allé voir Pourquoi pas moi ? de Stéphane Giusti, parce que c’était une projection où je pouvais fumer. C’est une comédie marrante, un peu trop militante à mon goût, mais quand même assez fun… J’aime malgré tout le cinéma. On m’a souvent proposé des rôles, comme dans ce film dont j’ai oublié le titre par politesse et où j’étais supposé faire le méchant : je me pointais, je violais la gonzesse, je la tuais, je butais ses copains… On m’a récemment soumis des choses plus intéressantes, mais il est trop tôt pour annoncer du concret. En tout cas, je viens de donner mon accord sur deux projets. Je n’ai aucune prétention d’acteur, réussir dans le cinéma m’est totalement égal. C’est ce qui fait que ça a des chances de bien se passer pour moi : parce que je m’en fous vraiment. Un peu comme Claude Chabrol : je l’ai côtoyé lors d’un festival à Cognac où il faisait partie du jury. Il m’avait indiqué comment dormir pendant les projections : en gardant la tête bien droite pour ne pas que tes voisins s’aperçoivent que tu ronfles. Il avait un assistant qui lui filait un coup de coude à chaque fin de séance. Il a quand même fini par noter les films en fonction des endroits où il avait le mieux dormi.
Tu as déjà côtoyé, au moins musicalement, le cinéma.
Rectangle était sur la BO du premier moyen métrage d’Olivier Assayas, un film qui était d’ailleurs assez intéressant, il faudrait que je le revoie. Je suis persuadé que j’écrirai à nouveau de la musique pour un film, mais pas pour n’importe quoi, et pas pour un film avec n’importe qui. Lors de mes deux expériences précédentes, pour Olivier Assayas ou pour Eric Rohmer avec Les Nuits de la pleine lune, il s’agissait de collaborations qui rentraient dans le cadre d’un travail déjà amorcé, on avait déjà entamé des albums. Ce genre de projets, pour moi, il faut que ça coïncide avec des travaux en cours.
Un choc récent en littérature ?
Je ne lis pas beaucoup, je picore un peu par hasard, sauf quand j’arrive à m’isoler à la campagne. Là, je viens de lire un truc assez allumé que m’avait conseillé Edith Fambuena des Valentins : Les Matinaux de René Char. Voilà un livre qui m’a vraiment marqué.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Jacno, La Part des anges (Celluloid).
{"type":"Banniere-Basse"}