Quel est votre rapport à l’actualité musicale ? J’écoute beaucoup la radio, qui a sur moi une influence importante. J’ai des goûts très variés, j’aime le jazz, le rock anglais, le rock américain… Je n’écoutais pas beaucoup de musique classique quand j’étais petite, mais mon frère passait souvent des disques de jazz à la maison. […]
Quel est votre rapport à l’actualité musicale ?
J’écoute beaucoup la radio, qui a sur moi une influence importante. J’ai des goûts très variés, j’aime le jazz, le rock anglais, le rock américain… Je n’écoutais pas beaucoup de musique classique quand j’étais petite, mais mon frère passait souvent des disques de jazz à la maison. Grâce à lui, j’ai pu découvrir des tas de bons disques, c’était bien. J’aime aussi beaucoup toute une partie du funk, comme les Isley Brothers et les groupes et chanteurs du milieu des années 70. Pour moi, James Brown est une figure majeure du siècle, un personnage très influent. J’ai travaillé avec T. M. Stevens et Bernie Worrell, qui ont longtemps collaboré avec lui, et puis avec George Clinton et Bootsy Collins. Ces types sont des musiciens incroyables et j’ai enregistré d’excellentes choses avec eux pour Get close. Quant au rap ou au trip-hop, c’est comme tout le reste, il y a des choses que j’aime et d’autres pas. Mais globalement, je n’accroche pas. C’est comme le disco : 80 % de la musique disco est nulle mais il y a aussi des trucs renversants.
Vous avez été journaliste pour l’hebdo anglais NME. Qu’avez-vous gardé de cette expérience ?
Je ne voulais pas vraiment être journaliste, mais j’avais des opinions fortes concernant certains disques. En arrivant à Londres, je n’avais pas de boulot donc je suis allée voir un mec du NME pour lui demander du travail, histoire d’avoir un peu d’argent pour vivre, et c’est comme ça que j’ai commencé à écrire. Au bout d’un moment, j’ai réalisé que c’était toujours pour critiquer les groupes, je me suis sentie un peu coupable de casser tout le monde… Cela dit, je trouve les écrits journalistiques très agréables à lire, et en particulier dans la musique. Souvent, les journalistes font des trucs beaucoup plus amusants que les musiciens… Les magazines musicaux anglais sont très drôles, même s’ils sont un peu sadiques, irrévérencieux. Ils sont remplis de cruauté mais c’est très rigolo à lire. Ces lectures réveillent l’écolier facétieux qui sommeille en soi. J’aime beaucoup l’humour anglais, souvent construit aux dépens de quelqu’un d’autre. J’aime l’humour tordu de Dudley Moore et Peter Cook, je trouve ces types hilarants.
Quelle relation entretenez-vous avec l’art ?
J’ai toujours pensé que je serais peintre, que c’était ce que j’allais faire plus tard. Quand j’étais petite, j’étais bonne en dessin et en peinture, la musique est venue plus tard. J’étais plutôt une enfant introvertie, je n’aurais jamais pu jouer devant un public, ça m’aurait mortifiée… Mon mari est sculpteur et architecte, une passion que nous partageons. Je suis obsédée par les immeubles, j’en rêve même. J’aime beaucoup le design, les formes, les motifs… Mais je pense aussi que l’art est parfois surestimé. La majorité de l’art contemporain, c’est de la foutaise. Pour moi, l’art doit être beau et inspirer l’âme, pas dérangeant ou provocateur. Quand je vois de l’art dérangeant, j’ai envie de partir. Je ne tiens pas à être entourée de choses dérangeantes.
Est-ce que vous lisez beaucoup ?
Je suis une folle de lecture. Il y a très peu de choses dans la vie que j’apprécie autant que de lire, parce qu’on apprend tout dans les livres. Le Bhagavad-gita est probablement l’un des plus grands morceaux de littérature de tous les temps. En ce moment, je lis L’Amour au temps du choléra
de García Márquez. J’aime aussi beaucoup Martin Amis, j’ai lu plusieurs de ses livres. S’il n’y avait pas eu les livres, je ne sais pas ce qui me serait arrivé… J’ai longtemps été très « philosophies orientales », bouddhisme zen et d’autres choses qui ont eu beaucoup de sens pour moi. On peut tout avoir dans les livres, de la méditation, de la solitude aussi. Une des grandes tragédies de notre monde moderne, c’est que de plus en plus de gens ne veulent plus lire. Même mes propres enfants…
Allez-vous souvent au cinéma ?
J’ai eu une période intense où j’y allais une fois par semaine, mais j’ai un problème moral vis-à-vis des films : je trouve qu’ils coûtent beaucoup trop d’argent. Dépenser des millions est, en soi, un acte qui me dérange… Heureusement, de temps en temps, un film élève votre esprit et vous rend fier de faire partie de l’humanité. J’ai adoré Le Violon rouge du réalisateur canadien François Girard, avec Samuel L. Jackson. Et aussi Bullworth où Warren Beatty est fantastique. Plus récemment, j’ai adoré Chat noir, chat blanc d’Emir Kusturica, ou encore eXistenZ de David Cronenberg.