On sent chez toi des passions multiples : blues, folk, country, pop, rockabilly. Quel est, de tous ces genres, celui qui t’a le plus marqué ? Sans doute est-ce le rock’n’roll, que j’aime par-dessus tout. J’écoute aussi beaucoup de disques de country, même si le rock et la pop m’ont toujours attiré de manière plus […]
On sent chez toi des passions multiples : blues, folk, country, pop, rockabilly. Quel est, de tous ces genres, celui qui t’a le plus marqué ?
Sans doute est-ce le rock’n’roll, que j’aime par-dessus tout. J’écoute aussi beaucoup de disques de country, même si le rock et la pop m’ont toujours attiré de manière plus directe, parce qu’on peut y faire ce qu’on veut. La country est un style installé, établi ; la pop est changeante… Pour ce qui est des chanteurs, j’aimais bien Sinatra, mais j’ai toujours préféré Dean Martin, qui a une plus grosse voix et une façon de chanter plus élégante. J’adore aussi Bing Crosby, Marty Robins, Elvis également. Quand j’étais enfant, je me rappelle avoir vu un show télé avec Roy Orbison je devais être très petit, parce qu’il fallait que je sois au lit avant la fin du programme. Il portait des lunettes de soleil à l’intérieur, j’ai trouvé ça très cool, ça m’a marqué. J’ai vraiment découvert les crooners quand j’avais 12 ou 13 ans, j’essayais d’imiter leur voix. C’est à cet âge que j’ai commencé à chanter. Je chantais sous la douche parce que j’étais trop timide pour chanter ailleurs, et je chantais jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’eau chaude. Ce qui énervait mon père.
Tes souvenirs de films les plus marquants ?
J’ai toujours adoré le cinéma et j’ai une capacité extraordinaire pour me souvenir des films que j’aime. J’arrive à me rappeler de bouts de dialogues que personne ne retient. J’ai des goûts très variés : ça va des films en Technicolor j’adore ce procédé et je peux regarder même de très mauvais films du moment qu’ils sont en Technicolor à tout ce qui se passe sous les tropiques, les films où il y a des palmiers. Sans doute parce qu’ils correspondent à mon imaginaire… J’aime aussi des choses nettement moins légères, des films un peu obscurs. L’année dernière, alors que j’étais en plein enregistrement de mon album et que je travaillais sept jours sur sept, j’arrêtais tout le vendredi soir à 19 h et je conduisais jusqu’en ville pour aller dans un cinéma japonais qui passait de vieux films japonais des années 50, des séries B en noir et blanc, excellentes. J’adore ce genre de films et cette époque du Japon après la guerre, elle est à peu près identique à l’après-guerre aux Etats-Unis. Les gens sont abattus, mais toujours optimistes, certains ont tout perdu mais sont prêts à repartir de zéro. Ils sont habillés comme des Américains mais ne sont pas américains, ils jouent de la musique américaine, mais qui ne l’est pas vraiment non plus. Cela donne une dimension tordue et drôle à la fois. Je me souviens de Black test car, une histoire de rivalité entre deux entreprises japonaises qui essaient de fabriquer une nouvelle voiture et qui luttent pour créer le modèle le plus moderne. Il y avait plein d’embrouilles d’espionnage, c’était fantastique.
Enfant, tu allais beaucoup au cinéma ?
Mes frères m’y emmenaient, mais pas souvent parce que ça coûtait cher. Je me rappelle avoir vu un film appelé Raspoutine, le moine fou, du réalisateur Don Sharp. Raspoutine était soi-disant impossible à assassiner : on l’empoisonnait, lui donnait des coups de poignard, mais il restait toujours en vie. J’étais fasciné devant ça, je trouvais le film génial. A la fin, on nous a donné une fausse barbe en carton : on est tous rentrés à la maison avec nos fausses barbes en jouant au moine fou… Mon film fétiche ? La Nuit du chasseur, de Charles Laughton avec Robert Mitchum. Ce film est extraordinaire. Et n’a même pas eu de succès. C’est un signe pour moi : souvent, les oeuvres qui me touchent, chansons ou films, n’ont pas connu le succès populaire.
Parle-nous de ton expérience au cinéma.
J’ai travaillé avec David Lynch, Bernardo Bertolucci, Jonathan Demme, et je tourne en ce moment avec un réalisateur, James Rowe, dont Shepherd est le premier film. Je dois être un type avec qui il est facile de travailler parce que je me suis bien entendu avec chacun des réalisateurs. C’est Demme qui est venu me trouver en premier. J’ai un seul regret, c’est d’avoir refusé le rôle qu’il me proposait dans Dangereuse sous tous rapports c’est Ray Liotta qui a finalement joué ce tueur psychopathe. J’ai donc débuté avec Veuve mais pas trop, puis Le Silence des agneaux. En fait, j’avais fait un film au Japon des années auparavant. Un petit rôle : je porte un uniforme et je conduis une Jeep, assis à côté d’une jeune Japonaise que j’ai ramassée, et ma première réplique est: « Hey baby, qu’est-ce que tu dirais de 50 dollars pour nous deux ? » Super dialogue.