Votre chanson La Symphonie pastorale est un vibrant hommage aux grands classiques de la littérature française. De Hugo à Cocteau, sans bien sûr pouvoir tous les citer, lequel de ces grands auteurs vous a le plus marquée ? Je relis au moins une fois par an, et je dis bien au moins une fois par […]
Votre chanson La Symphonie pastorale est un vibrant hommage aux grands classiques de la littérature française. De Hugo à Cocteau, sans bien sûr pouvoir tous les citer, lequel de ces grands auteurs vous a le plus marquée ?
Je relis au moins une fois par an, et je dis bien au moins une fois par an, Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. La première fois que j’ai lu ce livre, je devais être pucelle, c’était donc un choc de plaisir, de kif et d’admiration. Or, ça l’est toujours resté : je conserve un rapport identique à ce livre, parce que c’est un chef-d’oeuvre absolu. Disons que je suis surtout attachée aux grands classiques français du XIXe, je le confesse. Stendhal, Balzac, Maupassant et Victor Hugo, hélas…
Pourquoi « hélas » ?
Je dis « hélas » pour reprendre André Gide. Un jour, on lui a demandé quel était selon lui le plus grand poète français et il a répondu : « Victor Hugo, hélas. » Je ne suis d’ailleurs pas d’accord avec lui. Gide n’a dû lire ni Rimbaud, ni Baudelaire, ni même Verlaine. Par contre, en ce qui concerne les romans, c’est vrai, Victor Hugo est sans doute le plus grand auteur du XIXème français. Les Misérables, c’est monstrueux, c’est le top du top. Un autre grand livre : La Vie devant soi d’Emile Ajar. Je l’ai lu dans un bar, je pleurais et je riais dans la même phrase. J’en parle parce que, je ne sais pas si vous vous en souvenez, dans ce livre, il y a le petit Momo qui fréquente un café tenu par monsieur Mohammed, lequel a deux amours : le Coran et Les Misérables. D’ailleurs, il les aime tellement qu’il les mélange dans sa tête. Il croit citerle Coran quand il reprend Les Misérables et vice versa. C’est lui qui dit : « Mon petit Momo, quand on écrit, on écrit Les Misérables », et je suis tout à fait d’accord avec lui.
Qui vous a donné l’envie d’écrire des romans ?
Probablement les gens que j’aimais et que je viens de citer. Et également un auteur que j’ose conseiller hautement : Colette. C’est un maître. Son style est impeccable, plus que ça, même, puisqu’il est original : à la fois accidenté et savoureux. Très savoureux, y compris quand il devient un peu savant. Mais pour autant, on ne peut pas dire que quelqu’un m’ait vraiment donné envie d’écrire. En fait, j’étais persuadée que j’écrirais un jour, le moment venu.
D’autres préférences en littérature ?
J’aime beaucoup Jean-Pierre Ceton : son roman Rauque la ville est un délice. Et un de mes livres préférés a été écrit par un Danois en 1943 : Deux êtres se rencontrent et une douce musique s’élève dans leurs coeurs de Ians August Shade. C’est génial, givré, sensuel, doux et meurtrier, terrible et exalté : ce roman est une grave gourmandise… Par ailleurs, le XIème siècle persan grouille de poètes, de philosophes et de soufis absolument merveilleux. Mon préféré, c’est le poète Farid Al-Din Attar. Il est l’auteur de La Conférence des oiseaux et du splendide Livre divin. Quant à Ibn Arabi, c’est génial et intense, même si je ne comprends qu’une phrase sur huit. Faut sortir de Saint-Cyr ou de je ne sais quelle mosquée ou confrérie soufie pour saisir toute sa pensée.
Comment décririez-vous votre rapport au cinéma ? Vous sortez, vous voyez des nouveautés ?
J’adore le cinéma mais je n’aime pas sortir. La dernière fois que je suis allée au cinéma, c’était pour Y aura-t-il de la neige à Noël ? (de Sandrine Veysset), un beau film, poétique et terrien, très attachant. Et la fois d’avant, c’était pour aller voir Van Gogh de Maurice Pialat… Par contre, j’adore voir et revoir les films que j’aime en vidéo, chez des amis par exemple. Revoir Citizen Kane et tous les Orson Welles. Revoir Le Parrain, mais pas tous les Coppola. Je reste aussi très attachée à plusieurs films de Jean-Luc Godard, dont le sublime Prénom Carmen, son dernier beau film avant qu’il ne devienne un vieux chieur. Je suis aussi une fan de Monsieur Klein de Joseph Losey et du Charme discret de la bourgeoisie de Buñuel. Il faudrait aussi parler de John Cassavetes, surtout quand il tourne avec Gena Rowlands, et puis plus récemment des films de Jim Jarmusch. Et bien sûr, j’adore les films de Cocteau. Il en a réalisé de très beaux, écrit des choses belles et poétiques, hélas ses dessins étaient nuls. On ne peut pas tout réussir dans la vie.
Quels sont les dessinateurs que vous appréciez ?
Hergé, Copi, Bilal, Sempé… Et Filipandré : un dessinateur talentueux, très drôle et très paresseux.
Une de vos nouvelles chansons s’appelle Betty Boop en août. Seriez-vous fan de cartoons ?
Je craque pour les bouilles de Betty Boop et de Mickey comme tout le monde, mais sinon, les cartoons, je m’en fous royalement.
Quelle musique écoutez-vous en ce moment ?
Mozart, Mozart et encore Mozart. C’est mon dernier coup de foudre. Et bon, mine de rien, ça fait déjà quatre ans que ça dure. Sinon, j’écoute aussi Beethoven et Björk, Chopin et Tricky, Ravel et Leslie Winner.
Vous gardez un souvenir précis de votre premier grand choc musical ?
C’était en entendant Serge Gainsbourg. Depuis le début et jusqu’au bout, Gainsbourg est et restera mon préféré, et de loin. C’est lui le plus grand. Enfin, chez les garçons. Chez les filles, c’est moi.
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