En quatre doubles CD “thématiques” - The Jazz message (1955-60), Organ and soul (1956-67), Hard bop and beyond (1963-67), The Avant garde (1963-67) - et une compil de compils, The Finest in jazz, Blue Note fait de l’ordre dans son catalogue, soigne son image et, en douceur, récrit son histoire proprement. Si les catégories proposées […]
En quatre doubles CD « thématiques » - The Jazz message (1955-60), Organ and soul (1956-67), Hard bop and beyond (1963-67), The Avant garde (1963-67) - et une compil de compils, The Finest in jazz, Blue Note fait de l’ordre dans son catalogue, soigne son image et, en douceur, récrit son histoire proprement. Si les catégories proposées sont un peu floues, qu’importe pourvu que le produit soit classieux, répertoriable et, en dernière instance, le cadeau idéal pour les fêtes… Jusque-là rien à dire, du beau travail de marketing… Plus problématique, la décision de focaliser sur la période 1955-1967, l' »âge d’or du label » comme aiment à le rappeler les notes de pochette. On sent bien qu’au-delà de la musique une logique de l’image est à l’œuvre qui engage toute l’entreprise dans une voie périlleuse : conformer l’histoire à l’image dans l’après-coup, au lieu de s’attacher à rendre la complexité d’un parcours singulier accompagnant l’évolution stylistique du jazz sur près de trente ans voilà comment des man’uvres commerciales mènent droit au révisionnisme. Le plus beau symptôme de cet effacement, c’est la disparition sur les pochettes de l’immuable sentence « The finest in jazz since 1939 ». Cette omission a pour effet de gommer les origines, l’acte de naissance même du label, ni plus ni moins. Il ne semble donc pas inutile de rappeler que c’est le 6 janvier 1939 qu’Alfred Lion, jeune Berlinois fraîchement débarqué à New York, crée le label Blue Note en enregistrant les pianistes de boogie-woogie Meade Lux Lewis et Albert Ammons, puis très vite Sidney Bechet. Au fil des ans, Lion et Francis Wolff enregistreront tous les courants du jazz, du swing au dixieland, accueilleront les troublions de la révolution bop l’orchestre de Tadd Dameron et, en 1947, la première séance de Monk en leader, Bud Powell en trio, puis le sextette de Miles Davis au sortir des séances Birth of the cool, les premiers albums de Clifford Brown… soit une période d’une richesse exceptionnelle totalement évacuée. Toutes ces réserves posées, reste la musique, magnifique évidemment. On retrouve notamment le fameux son Blue Note, et l’on se félicitera que les engagements du label auprès de l’avant-garde naissante soient enfin reconnus au même titre que son importance capitale dans l’éclosion du hard-bop et du jazz funky. Tout n’est pas si noir…
Les Années Blue Note (Blue Note/EMI)
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Stéphane Ollivier
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