Auteur d’un bel album hivernal, Cold House, le groupe anglais Hood, activiste lo-fi depuis de nombreuses années, entremêle à ses guitares de sales de beats tordus.
Hood fait de la musique depuis des années, de manière plus ou moins confidentielle, tout en continuant à avoir un travail régulier ou à aller à l’université. Comment faites-vous pour survivre ?
Chris : Nous sommes juste très heureux de pouvoir continuer à faire notre truc. C’est bien de pouvoir faire les choses à notre rythme. Nous sommes simplement intéressés par la musique, nous sommes d’abord des fans. Il n’y a jamais eu une période où je n’ai pas été enthousiasmé par la musique : c’est ce qui fait que l’on continue. Et on finit par accepter qu’il n’y ait qu’un intérêt limité pour ce qu’on fait.
Cela dit, personne ne nous a jamais demandé d’arrêter ! (rires) Vivre de la musique aurait sûrement une influence négative sur ce qu’on fait parce que pour le moment, on se fout de savoir combien de disques on vend Evidemment, nous voulons faire les meilleurs disques possibles. Mais s’ils ne se vendent pas, nous ne serons pas à la rue pour autant. Le fait d’avoir un boulot nous incite d’ailleurs à faire des choses qui soient éloignées de la vie normale. De toute manière, le monde des artistes et des musiciens n’a rien à voir avec la vraie vie. Je travaille dans un bureau et je crois bien que personne dans mon travail ne sait que je fais des disques. On n’est vraiment pas des rock stars.
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Comment percevez-vous l’évolution de la musique de Hood ?
Je crois que l’on continuera à évoluer tant qu’on fera de la musique. Je m’ennuie très vite : je trouve très difficile de rejouer les vieilles chansons. Pour moi, il faut que ça évolue tout le temps. Après le dernier album, nous avons continué à expérimenter à chercher dans plusieurs directions. L’idée était d’enregistrer sans avoir d’idée précise. Certains enregistrements étaient dans la même veine que ceux de Cycle of Days and Seasons. La tentation, bien sûr, aurait été de refaire le même disque. Tout dépend de notre humeur et de ce qu’on écoute à un moment donné.
On sent dans la musique de Hood, et notamment dans le dernier album Cold House, une tentation permanente d’aller vers davantage d’abstraction et d’expérimentation. Pourtant, vous ne versez jamais entièrement dans cette direction-là : vos morceaux sont toujours construits de manière classique et pop.
Nous sommes très conscients de ce qui fait connecter les gens : les voix, la mélodie, les paroles. Le plus intéressant est de faire de la musique expérimentale intéressante, mais qui soit écoutable. Crois-moi, j’ai une tonne de disques inécoutables à la maison, que j’adore, mais je ne pense pas que ce soit ce genre de musique que nous ayons envie de faire. Sur ce nouveau disque, il y a les choses les plus expérimentales que nous ayons fait, mais ça ne doit jamais détourner les gens.
Cold House est fortement marqué par une influence hip-hop, notamment avec la présence de deux membres de cLOUDDEAD, Dose One et Why , qui chantent sur certains morceaux. Comment s’est fait cette rencontre ?
Les types de cLOUDDEAD sont fans de Hood et nous ont envoyé une pile de disques. Je connaissais quelques disques de leur label Mush, ainsi que quelques réalisations d’Anticon, un autre collectif voisin de cLOUDDEAD. Les disques qu’ils ont envoyés nous ont tout de suite excité. Il est très rare que l’on tombe sur quelque chose comme ça, qui définit ou change les règles d’un genre. J’y entendais des éléments de choses qu’on avait pu faire dans notre musique : le sampling très lo-fi, l’approche très abstraite des chansons. Et je ne crois pas que ce soit dû au fait qu’ils utilisent aussi des machines assez primitives. C’est fantastique d’entendre des gens qui viennent d’un univers différent, mais qui reconnaissent notre influence et qui nous influencent à leur tour. Nous avons tout de suite pris contact par email et nous avons échangé des CDR. Mais nous ne les avons jamais rencontrés en personne. Ça a donné un résultat fantastique. J’avais peur qu’ils se sentent obligés de diluer leurs idées pour notre disque. Mais pas du tout : ils ont vraiment gardé leur ligne et j’en suis très heureux.
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