Entre le projet féministe des rockeuses japonaises de Chai, la magnifique collaboration entre Karen O et Danger Mouse, le disque électrique de Stephen Malkmus, la pop made in France des Innocents, l’instabilité cosmique de Buvette et « Rapture », premier projet de la superbe KOFFEE, votre semaine musicale risque d’être bien remplie.
Chai – PUNK [Heavenly Recordings]
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Originaire de Nagoya, le quatuor féminin Chai est de retour avec un deuxième album ultra-enthousiaste. Baptisé PUNK, ce projet long de 10 chansons n’a rien perdu des énergies passionnées que les jeunes japonaises avaient injectées dans leur premier projet PINK et ont même gagné en harmonie. C’est donc à la rencontre d’un indie-rock rose-fuchsia et d’une pop maximaliste féministe que nous retrouvons Chai dans cet album, semblable à un bouillonnant appel à l’émancipation. Ça se ressent intrinsèquement : les quatre filles cherchent à déstabiliser les standards japonais de beauté avec des paroles simples, presque enfantines, mais qui se veulent percutantes quand portées par la musique : « Je ne connais pas le monde, mais je me connais, et je n’ai pas peur de mon poids » dans le l’entraînant I’m Me. Elles n’oublient pas non plus de tourner la culture kawai en dérision en chantant « Le rose de mes fesses fait mon charme » dans Fashionista. Et c’est sans compter les excellentes Wintime, Family Member, ou encore Curly Adventure, qui, plein de ce rock bubblegum, coloreront votre semaine.
Salomé Grouard
PUNK est à écouter sur Apple Music.
Karen O & Danger Mouse – Lux Prima [BMG Rights Management]
L’album que Karen O et Danger Mouse ont concocté ces derniers mois est enfin arrivé, et c’est une petite pépite. Poignant et rêveur, ce projet collaboratif a harmonieusement associé le meilleur de ces deux artistes de renom pour créer Lux Prima, une invitation au voyage entre les influences, à l’aventure entre les styles, et ce pour une destination qui semble inconnue de tous.
Conventionnel mais éclectique, le duo prouve toute son alchimie dans l’anesthésiante Ministry, la rock Woman, l’aquatique Drown, l’entraînante Leopard’s Tongue ou encore dans la cosmique Nox Lumina. Ce qui est clair, c’est que, tout au long de cet album, le génie musical de Danger Mouse exploite délicieusement les capacités vocales de Karen O pour un résultat qui se veut langoureux, lugubre et unique.
Salomé Grouard
Lux Prima est à écouter sur Apple Music.
Stephen Malkmus – Groove Denied [Domino Records]
Les circonstances qui entourent l’élaboration de Groove Denied, le nouveau disque que signe l’ancien leader de Pavement, se révèlent radicalement différentes, de celles de l’enregistrement McCartney II, l’un des albums les plus expérimentaux et iconoclastes de Paul McCartney. Pourtant, les deux albums partagent une approche similaire : celle de deux artistes, devenus des icônes grâce à leurs premiers groupes légendaires, partis bidouiller l’électronique dans leur coin pour en extraire des morceaux à l’insouciance jubilatoire.
Pour la première fois de sa carrière, l’Américain à l’immuable coolitude la joue lui aussi perso et se laisse tenter par l’électronique. Cette démarche, à la limite de l’hérésie, connaissant le passif du slacker de Portland, plutôt habitué aux guitares débraillées, lui est venue lorsqu’il fréquentait les clubs de Berlin, où il résida entre 2011 et 2014. L’album Groove Denied offre une collection de titres inspirés aussi bien par la new wave et la musique électronique européenne du début des années 1980 que par le garage et le psychédélisme américain des sixties. Malkmus oblige, les mélodies sont implacables et la nonchalance reste intacte.
Retrouvez l’intégralité de la critique ici.
Groove Denied est à écouter sur Apple Music.
Les Innocents – 6 ½ [RCA Group]
Après une longue césure discographique et deux disques solos pour JP Nataf, Les Innocents ont renoué en 2012, et retracé le fil de leurs philharmonies martiennes sur un disque des retrouvailles, aussi inspiré qu’inespéré après tant d’années de bouderie.
Plus électrique et multicolore que Mandarine (2015), toujours enregistré et mixé par l’incontournable Dominique Ledudal (déjà aux manettes à l’époque de l’indémodable Jodie de 1987), leur sixième album et demi débute par l’ouverture magnifique de Quand la nuit tombe, single potentiellement imparable. Mélodistes hors pair, ils régalent l’auditeur sur ces dix pop songs, tantôt entêtantes (Apache) ou légères (Les Îles d’amnésie), solaires (Opale) ou rythmées (Les Cascades), bouleversantes (De quoi suis-je mort ?) ou contemplatives (Slow#1)
Retrouvez l’intégralité de la critique ici.
6 ½ est à écouter sur Apple Music.
Buvette – Life [Pan European Recording]
Sur l’album Life, c’est toujours le même principe : tout semble prétexte aux croisements, à la traduction sur bandes de ces multiples idées emmagasinées ces dernières années par cet Helvète underground, au déploiement d’un univers hautement cosmique, presque extraterrestre.
S’il faut tendre une oreille attentive à cet ep, c’est surtout parce que les quatre morceaux qu’il contient trahissent une certaine instabilité. Ils viennent de loin (du cosmos, probablement), ont sans doute été triturés pendant de longues nuits en studio avant de trouver une heureuse alchimie, et convoquent désormais la plénitude comme le mystère, l’infini des grands espaces comme l’imaginaire science-fictionnel.
Retrouvez l’intégralité de la critique ici.
Life est à écouter sur Apple Music.
Koffee – Rapture [Columbia]
De l’avis de tous, Koffee est promise à un bel avenir. Sony vient de placer ses billes, des figures respectées du dancehall (Protoje ou Walshy Fire de Major Lazer) la chapeautent, Usain Bolt a relayé un de ses morceaux. La presse anglo-saxonne se passionne, persuadée de tenir “le futur de la musique jamaïcaine”.
Dans ses réponses comme dans ses morceaux, Koffee dit pourtant être influencée par son environnement direct. Avant d’évoquer une nouvelle fois Toast, un titre qu’elle a écrit lors d’un voyage en Haïti et qui, avec sa rythmique héritée de l’Afrique noire et ses velléités proches d’un certain hip-hop US, prend illico ses distances avec le catéchisme dancehall, sa cadence élevée comme ses paroles tour à tour sexuelles ou politiques.
Si son premier ep, Rapture, ne bouscule pas les codes du reggae, il rafraîchit le genre et l’ouvre à d’autres perspectives. Ça peut paraître peu, c’est déjà beaucoup.
Retrouvez l’intégralité de la critique ici.
Rapture est à écouter sur Apple Music.
{"type":"Banniere-Basse"}