Alors que le froid glacial venu de Russie est de retour pour quelques jours, rien de mieux que notre sélection musicale de la semaine, plus éclectique que jamais, pour vous consoler.
OBOY – Southside
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Southside est une aventure sous l’eau, dans les profondeurs. De sa voix grave, souvent filtrée pour qu’elle résonne comme si elle était caverneuse, OBOY alterne entre son quotidien tourmenté et son onirisme morne. Dans cet album, tout est sombre, tant la musicalité que le propos. Les moments fastes sont ténébreux, les excursions nocturnes apocalyptiques et les sentiments mauvais, impitoyables. Un monde dépourvu d’empathie, de pitié ou d’amour, plongé dans le noir absolu, où le rappeur, à la recherche d’un hédonisme éphémère grâce à la drogue, s’affaire à amasser les billets pour se sortir de cette torpeur. Huit morceaux hypnotiques et souterrains qui racontent cette quête aussi obscure qu’ambitieuse.
Southside est à écouter sur Apple Music.
Bishop Nehru – Elevators : Act I & II
Co-produit par les joailliers MF Doom et Kaytranada, Elevators : Act I & II est un album en deux temps, stratosphérique puis magistral. Le premier acte est élevé, composé des productions luxuriantes et harmonieuses de Kaytranada. Le phrasé fluide, souple de Bishop Nehru se fond dans cette orchestration aussi puissante que rayonnante. La seconde partie façonnée par MF Doom s’avère plus métallique et écrasante malgré une musicalité toute aussi organique, qui mêle nombre d’instruments et de bruits ordinaires. Au sein de cet entrelacement mélodieux et foisonnant, Nehru poursuit son introspection, voluptueuse et enlevée à l’oreille mais bien plus incisive et réaliste dans le fond. Un album universel par sa justesse, qui parle d’élévations et de pesanteurs.
Elevators : Act I & II est à écouter sur Apple Music.
Essaie Pas – New Path
New Path est paradoxal, schizophrène. À la fois brutal et doux, bruyant et éthéré. Marie Davidson et Pierre Guerineau nous plonge en pleine dystopie au travers d’une musique électronique plurielle mais unique. Un futur chaotique, noirâtre décrit par les sonorités angoissantes, les boucles hypnotiques et les bruitages menaçants qui hantent l’univers sonore d’Essaie Pas. Réalisé minutieusement par le duo français, ce microcosme oppressant et autarcique, fait de dissonances tantôt oppressantes, tantôt envoûtantes et de rythmiques tantôt pesantes, tantôt lancinantes, est inspiré du roman d’anticipation de Philip K. Dicks, Substance mort.
New Path est à écouter sur Apple Music.
Hot Snakes – Jericho Sirens
Dès les premières secondes le rock syncopé et agressif des Californiens nous saisit, comme le vent matinal qui nous gifle le visage. Jericho Sirens est un album urgent, Rick Froberg chante, crie jusqu’à s’époumoner, comme s’il avait déjà perdu trop de temps, John Reis brutalise sa guitare comme pour rattraper la note qui vient juste de s’en échapper, et le batteur Mario Rubalcaba joue de sa batterie à un rythme effréné, presque suffocant, comme s’il ne pouvait plus ralentir, transcendé. Fidèles à eux-mêmes, les Hot Snakes livrent un nouvel album enivrant par son intensité étourdissante et ensorcelant par sa violence musicale. Jericho Sirens des Hot Snakes, une spirale infernale mais captivante, qui semble inarrêtable.
Jericho Sirens est à écouter sur Apple Music.
Creep Show – Mr. Dynamite
Creep Show est une fusion humaine, celle de John Grant et le trident Stephen Mallinder, Phil Winter et Benge, Mr. Dynamite, leur premier album, est une fusion sonore brute et imprévisible. 49 minutes intenses d’electro hybride, riche, psychédélique, qui, comme les créations d’Essaie Pas, nous offre une immersion au cœur d’un futur dystopique. Malgré les rythmes hachés, les harmonies distordues et les voix robotiques, une mélancolie sinistre mais mélodieuse survole l’opus. Les morceaux de plus en plus longs et toujours plus métalliques donnent ainsi l’impression d’une lente et frénétique descente aux enfers.
Mr. Dynamite est à écouter sur Apple Music.
Nakhane – You Will Not Die
On avait naïvement pensé que la Noir Wave, genre inventé par Petite Noir pour décrire sa musique, mélange de post-punk anglais et d’héritage sud-africain ne servirait pour nul autre que lui. Un genre unique pour un artiste unique. Mais à l’écoute du premier album de Nakhane, force est de constater que l’on s’est bien heureusement planté : Même voix profonde et sans âge, même appétence pour la musique anglaise (celle des clubs cette fois) et beaucoup, beaucoup de soul.
D’abord éduqué par le gospel, Nakhane, ce natif de Johannesburg, sera nourri par la suite par le hip-hop et la musique électronique des clubs gays de la capital sud-africaine. Nakhane est homosexuel, et il embrasse le sujet à pleine bouche, d’abord au cinéma où il tient le rôle-titre du film Les Initiés de John Trengrove mais aussi – et surtout- dans sa musique. Même si l’Afrique du Sud a légalisé le mariage pour tous depuis 2006, les stéréotypes liés à l’homosexualité sont encore très prégnants. C’est donc en mélangeant habilement le gospel, musique supposément sacrée, et la musique de club, musique supposément dépravée, que Nakhane trouve l’équilibre sur son premier album You Will Not Die. Découvert aux Transmusicales de Rennes l’année passée, 2018 lui appartient.
You Will Not Die est à écouter sur Apple Music.
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