Les fantaisies d’Hubert Lenoir, la versatilité de Mild HIgh Club, l’échappé solitaire d’un membre de Ratatat, le retour de José Gonzalez ou la transe de Stranded Horse, ce sont les albums de la semaine et il y en a pour tout les goûts.
Rentrée définitivement chargée pour le monde de la musique. Les derniers jours de l’été ne contrediront pas l’agenda. Au menu, de la musique directe d’Hubert Lenoir, le retour d’E.VAX de Ratatat 20 ans après son premier album solo, des compositions hors du temps de José Gonzalez, de la transe de Stranded Horse et celle de Mild High Club. Ce 17 septembre, c’est l’avalanche de sorties.
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Hubert Lenoir – PICTURA DE IPSE : Musique directe (Simone Records)
Construit sur ce qui ressemble à une longue plage parasitée par des interludes jazzy, PICTURA DE IPSE : Musique directe rappelle autant le format éclaté des derniers albums de Blood Orange, où la parole des protagonistes s’impose de façon intempestive comme dans une mixtape documentaire surpeuplée, que l’éthique performative d’un Kanye West inventant le premier disque évolutif de l’histoire de la pop avec The Life of Pablo. R’n’b futuriste (l’immense OCTEMBRE, featuring Bonnie Banane), pastiche G-funk (les basses de SECRET), bedroom pop lo-fi sous haute influence nippone (PHASE) et même quelques incursions de musique simili-concrète, le disque est ainsi infesté des obsessions sonores d’Hubert Lenoir, au point de tenter une sortie de disque façon Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967) dans un brouhaha fuyant et répétitif .
Par François Moreau
>> Notre critique : Hubert Lenoir : “Je suis dans l’album business”
E.VAX – E.VAX (Perfect Branch/Because)
L’idée, c’est une évidence, n’est donc pas de s’appuyer sur des petits tubes électroniques au BPM taillé pour les clubs. What about You, Rabindra, Karst : tous ces titres témoignent au contraire d’une volonté de dessiner des mondes oniriques qui rappellent au passage la passion de Ratatat pour Pete Drake ou Santo & Johnny. L’influence est toujours présente ici par bribes, offrant à l’auditeur·trice un voyage dans le temps aux côtés d’un musicien qui se garde toutefois de toute nostalgie. Échappé de Ratatat, Evan Mast en prolonge l’héritage sans s’y limiter : il y a de l’expérimentation et une quête d’inédit dans cet équilibre entre pop et IDM. Il suffit pour cela de rappeler son CV, notamment ses collaborations avec Kanye West, Kid Cudi ou Teyena Taylor, d’écouter le travail effectué sur les basses, aussi arrondies que ces bassins qu’elles souhaitent voir se dandiner.
Par Maxime Delcourt
>> Notre critique : “E.VAX” : les jolis petits tubes électroniques de la moitié de Ratatat
Mild High Club – Going Going Gone (Stones Throw/PIAS)
Si les collages hallucinés de Taste Tomorrow, A New High ou Dawn Patrol figurent un monde en proie à la confusion, les discours, eux, y sont intelligibles – tantôt maussades, tantôt optimistes. Avec son hédonisme en chausse-trappe – qui tient surtout à l’incroyable versatilité du cool kid de Chicago –, sa production immaculée (élaborée par des proches d’Anderson .Paak : les producteurs Knxwledge et Vicky Farewell Nguyen), ce quatrième album cache finalement un exercice réflexif sur les récentes crises socio-politiques.
Par Théo Dubreuil
>> Notre critique : Pourquoi vous devriez écouter “Going Going Gone” du génial Mild High Club
Stranded Horse – Grand rodeo (Ici D’Ailleurs…/ L’Autre Distribution)
“Contrairement au précédent, précise Yann, qui était inspiré par le folk occidental, il s’agissait ici de se focaliser sur des pulsations, d’aller vers des schémas rythmiques aptes à favoriser la danse et la transe.” C’est là toute la beauté de Towards a Waning Glow, placé en ouverture et pensé comme une synthèse des différentes velléités esthétiques de Stranded Horse. Il y a bien évidemment ce terreau folk, toujours aussi fertile et ressourçant, mais on sent également poindre des sonorités plus enjouées. Si tous les morceaux n’affichent pas la même ambition (Le Ciment dessous nos pieds, composé aux côtés de Carla Pallone de Mansfield.TYA), on retrouve peu ou prou les mêmes envies sur Rumba du trépas, dont les emprunts à la rumba et à la biguine en disent long sur cette recherche des rythmes chaloupés, cette capacité à composer des mélodies survoltées, extrêmement dynamiques et pourtant assez grinçantes dans le propos.
Par Maxime Delcourt
>> Notre critique : “Grand Rodeo”, la petite leçon d’optimisme de Stranded Horse
José Gonzalez – Local Valley (City Slang/PIAS)
Une guitare acoustique comme meilleure amie, un timbre de voix songeur et apaisant, des gazouillis d’oiseaux en guise de chœurs… Local Valley, le nouvel album de José González, charme sans aucun artifice. Les débuts du Suédois au sein d’un groupe de punk hardcore semblent bien loin. Ou peut-être pas. “J’en ai gardé quelques traces, nous confie-t-il via Zoom depuis une forêt ensoleillée. Notamment l’idée de fabriquer une musique qui pourrait déranger certaines personnes. On retrouve ça dans la plupart de mes paroles, par exemple dans Head On, proche de ce que j’écrivais durant ma période hardcore. Des textes qui accusent, qui piquent une colère, qui veulent déclencher l’action. Evidemment, beaucoup d’autres genres m’inspirent aussi.”
Par Noémie Lecoq
>> Notre critique : Âme punk et sagesse folk, José González vous invite dans sa “Local Valley”
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