Les Molochs font revivre le « Summer of Love » tandis que Ian Svenonius continue d’explorer les possibilités du rock’n’roll minimal avec le deuxième album de Escape-ism. De son côté, Swamp Dogg passe la « Southern Soul » au crible de l’auto-tune et Spiritualized ne change rien mais bouleverse tout. Quant à The Blaze, le groupe revient plus cinématographique que jamais pour publier son premier disque.
The Molochs – Flowers in the Spring
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un an à peine après la sortie de America’s Velvet Glory, Lucas Fitzsimons et Ryan Foster, reviennent avec Flowers in the Spring, le nouvel album de The Molochs. Toujours signés sur le très cool label californien Innovative Leisure (Badbadnotgood, Hanni El Khatib, Allah-Las jusqu’à peu), Lucas et Ryan revisitent plus de cinquante ans de savoir-faire en matière d’écriture pop, faisant ainsi le pont entre le garage rock made in Los Angeles du mitan des années 60 (Pages of Your Journal) et le psychédélisme sous acide époque Madchester. I Wanna Say to You sonne d’ailleurs comme une demo apaisée de Ian Brown se rappelant du bon vieux temps des Stone Roses, tandis que des morceaux comme First Time I Saw You vont plutôt lorgner du côté des rythmes du Merseybeat contemporain façon The Coral. Une musique enregistrée les yeux rivés dans le rétroviseur donc, mais si bien écrite qu’elle s’inscrit directement dans la catégorie « classique instantané » de notre discothèque.
Escape-ism – The Lost Record
En bon exégète de la culture rock, ce génie de Ian Svenonius (The Make-Up, Chain & the Gang, Weird War) a lâché l’année dernière Introduction to Escape-ism, sorte de manifeste punk et primitif à l’usage des kids en quête de créativité musicale, mais dont les compétences techniques se limitent à taper sur des synthétiseurs de percussions. De retour cette semaine avec The Lost Record, deuxième volet des aventures de son projet de rock’n’roll minimal Escape-ism, Svenonius entre dans le vif du sujet et colle une claque à l’industrie du disque avec un album radical dans son propos (The Lost Record), ironique (Nothing Personal) et fondamentalement underground dans son approche globale. Dans la veine des épiphanies les plus tordues de Suicide, The Lost Record s’avère également être complètement addictif dans ses moments les plus répétitifs. L’occasion de revoir l’épisode de Soft Focus, le talk-show de cette teigne de Svenonius, consacré à Alan Vega et Martin Rev.
https://www.youtube.com/watch?v=knWwI0-p7hw
Swamp Dogg – Love, Loss, and Auto-Tune
“Quand j’ai utilisé ce goddamned sitar en 1968 sur She’s a Heartbreaker, j’étais le seul à faire ça, mec ! Qui d’autre à part peut-être Ravi Shankar ?« , nous racontait-il au téléphone il y a quelques jours seulement. Jerry Williams Jr., aka Swamp Dogg, auto-proclamé premier DOGG de l’histoire de l’entertainment US, cultive son statut d’outsider de la musique populaire, sans jamais renoncer à regarder droit devant lui. A 76 piges, il s’associe le temps d’un album de soul passé au crible de l’auto-tune, à Justin Vernon (Bon Iver) et Ryan Olson (Gayngs). Brillant, absurde, barjot, Love, Loss, and Auto-Tune pète tous les codes de bienséance et s’impose comme l’un des disques les plus audacieux de cette rentrée. Vous allez chialer sur I’ll Pretend (And when the phone rings/I’ll pretend it’s you calling/To tell me you miss me and you’re coming home soon), bouger sur $$$ Huntin’ et tenter l’expérience du revival de la Révolution sexuelle sur Sex with your Ex.
Spiritualized – And Nothing Hurt
“Ça aurait pu être extraordinaire, si j’avais eu le talent« . Jason Pierce, l’homme-orchestre qui se planque derrière le pseudonyme Spiritualized, n’est clairement pas au fait de son génie. Nous si. Enregistré dans son repaire de l’Est londonien, And Nothing Hurt est, mine de rien, le huitième album de l’Anglais et se hisse dans le top de ses meilleurs disques. Sans changer de formule, l’album reste fidèle à la marque de fabrique qui a fait de Spiritualized l’un des projets musicaux les plus inventifs de ces trente dernières années (mélange de folk-rock-psyché joué comme on mène une épopée glorieuse), Pierce continue de bouleverser nos certitudes sur le concept d’harmonie. Les six longues années qui nous séparent de Sweet Heart Sweet Light, son album précédent, auront donc étaient bénéfiques. Spacemen 3, le groupe qu’il formait avec Peter Kember, avait cette phrase fétiche, utilisée comme titre pour une compile de démos circa 1986 : « Taking Drugs to Make Music to Take Drugs to ». L’adage aujourd’hui serait plutôt le suivant : « Taking Time to Make Music to Take Time to ».
The Blaze – Dancehall
Guillaume et Jonathan, les deux cousins qui forment le duo le plus intriguant du paysage électronique français, ont débarqué comme par miracle il y a deux ans sur nos écrans radars, à la faveur du clip de Virile. Quelques mois plus tard, la vidéo de Territory venait enfoncer le clou et achever de nous convaincre que l’on tenait ici un geste artistique qui dépasse de loin le simple cadre musical. C’est donc avec une certaine fébrilité que l’on attendait l’arrivée sur nos platines du premier album de The Blaze. Inventif, cinématographique au possible, sensoriel, sensible, Dancehall s’impose d’emblée comme une expérience totale, à l’image de leur show au Pitchfork festival l’année dernière. Une redéfinition du spleen, passée à la moulinette de nappes synthétiques entêtantes.
{"type":"Banniere-Basse"}