Alors que le vent glacial venu tout droit de Sibérie nous chasse des rues, les créations sautillantes de Concrete Knives, le rock crispant d’Insecure Men, la créativité débordante de Bagarre, le hip-hop atemporel de Big Budha Cheez et la trap électronique signée Brodinski et HoodRich Pablo Juan rythmeront votre semaine.
Bagarre – Club 12345
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Club 12345 est un voyage transcendantal au tempo débridé, rythmé par les percussions bigarrées et les sonorités digitales des cinq membres de Bagarre. Ce troisième projet détonne, heurte, brutalise. En témoigne Béton armé, Danser seul (ne suffit pas) et Mourir au club. Entre les basses tambourinantes et le propos introspectif, Club 12345 est hybride, symbolisant tant une soirée où tous les excès sont permis qu’une remise en question nocturne et solitaire. Toujours à mi-chemin entre l’électro, le rap, la pop mais jamais approximatif, Bagarre livre un effort nécessaire. Notre rencontre avec le collectif à cinq têtes est à lire ici.
À écouter sur Apple Music.
Concrete Knives – Our Hearts
Absent depuis plus de cinq ans, le groupe français signe son grand retour avec l’émotionnel Our Hearts. Et heureux de constater que leur formule aussi précieuse qu’efficace est restée intacte : une harmonie organique, parfois éthérée ou grandiose, qui enveloppe la voix pénétrante de Morgane Colas. Malgré un changement de label – de la mythique structure anglaise Bella Union à Vietnam (où figure notamment H-Burns et Chevalrex) – et ses quelques années discrètes, l’équilibre délicat mais puissant, essence même de la bande de Nicolas Delahaye, apparaît infaillible. Suivre son cœur et écouter Concrete Knives s’impose comme le mantra de cette semaine.
À écouter sur Apple Music.
Insecure Men – Insecure Men
Insecure Men est le fruit d’une union, celle de Saul Adamczewski – le guitariste de Fat White Family – et Ben Romans-Hopcraft, membre de Childhood. Les deux acolytes ont pris le temps de se retrouver pour pondre cet album éponyme aux contours difformes et aux mélodies distordues. La voix nasillarde et lancinante de Ben, qui s’adonne par moments à de longues complaintes angoissantes mais hypnotiques, est plongée au sein d’un univers sonore hanté par les solos de guitare souterrains de Saul et les diverses apparitions instrumentales qui sonnent comme des bruitages alambiqués. Au travers de références dérangeantes, le duo bouscule notre humanité pour mieux la réveiller, comme l’illustrent Teenage Toy, The Saddest Man in Penge ou Cliff Has Letft The Building.
À écouter sur Apple Music.
Big Budha Cheez – Épicerie Coréenne
“En équilibre entre le vieux et le neuf” disaient déjà Prince Waly et Fiasko Proximo lors de leur nocturne premier album L’heure des loups. La suite s’intitule Épicerie Coréenne (référence au long métrage Menace 2 Society sorti en 1993) et affine cette musique rétro-futuriste. Que ce soit les icônes citées (Puff Daddy, Shaquille O’Neal ou encore Russell Simons) ou le phrasé coulant et enlevé tout droit venu des années 90s, premier âge d’or du rap, Big Budha Cheez (BBC) ravive la flamme de cette période faste tout en continuant de façonner leur propre univers. Si L’heure des loups était brut et identitaire, Épicerie Coréenne est un album d’insinuations. Si Montreuil est moins nommé, le story-telling de Waly est là pour conter le quotidien de M.City. Si Fiasko est moins derrière le micro, ses productions cosmiques parlent pour lui. Autant d’éléments qui font des Montreuillois un duo intemporel et universel, et désormais émancipé de l’espace-temps, BBC peut se consacrer à leur poursuite du bonheur. À noter la présence du lyriciste Oxmo Puccino comme seule collaboration. Quel clip !
À écouter sur Apple Music.
HoodRichPabloJuan & Brodinski – The Matrix
The Matrix est de ce genre de projet qui se suffit à lui-même, s’inspirant du parcours des modèles ambiants pour mieux construire son propre destin. L’EP de 7 titres répond aux algorithmes de l’orfèvre français Brodinski, qui offre un terrain de jeu numérique et hybride pour le flegme d’HoodRich Pablo Juan, rappeur d’Atlanta. Sur des instrumentaux sautillants et sophistiqués, ce dernier narre ses quelques exactions dans la ville sudiste pour un ego-trip fluide et agréable. Avec ce nouveau projet, Brodinski rappelle qu’il excelle dans cette trap frénétique, parfois métallique et qu’il jouit d’une reconnaissance outre-Atlantique dont peu peuvent se targuer.
https://www.youtube.com/watch?v=ih_oOT5jqG8
À écouter sur Apple Music.
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