Un premier album tonitruant chez Dry Cleaning, des retours en grâce avec Piers Faccini et Godspeed You ! Black Emperor, la folie furieuse de La Femme et le renouveau folk de Ryley Walker…
Voici les albums de la semaine et il y en a pour tous les goûts.
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Dry Cleaning – New Long Leg (4AD/Wagram)
Après deux ep prometteurs en 2018, une série de concerts remarqués et une signature sur le mythique label 4AD, les Anglais·es s’attaquent enfin au long format. Peaufiné pendant le premier confinement outre-Manche, puis enregistré en juillet dernier aux iconiques studios Rockfield du pays de Galles sous l’égide du collaborateur historique de PJ Harvey, John Parish, New Long Leg parfait la formule singulière de Dry Cleaning. Les motifs incisifs de guitare se marient à une rythmique motorique. Les textes, où s’accumulent des listes en tous genres, des extraits de notes collectés sur téléphone et des retranscriptions de discussions chopées à la volée, se fondent davantage dans l’ensemble pour ne donner à entendre qu’une seule entité indivisible et sous tension.
Par Valentin Gény
>> Notre ciritique : Dry Cleaning, du post punk au féminin amorphe et envoûtant
Piers Faccini – Shapes Of The Fall (No Format/PIAS)
Dans le prolongement de recherches amorcées sur I Dreamed an Island en 2016, le songwriter anglo-italien explore ici le mode microtonal – caractéristique de la musique du Moyen-Orient – avec sa voix autant qu’avec des instruments à cordes, parmi lesquels un instrument hybride entre oud et guitare, conçu spécialement pour lui par un luthier. […] Si la voix de Faccini évoque toujours beaucoup celle de Nick Drake, sa musique semble ici plus affranchie que jamais. Naviguant librement entre plusieurs traditions musicales, sous l’influence en particulier des musiques de transe du Maghreb et de l’Italie du Sud, elle sonne comme du folk sans frontières, chanté en anglais mais pourtant loin de l’archétypal guitare-chant anglo-saxon.
Par Jérôme Provençal
>> Notre critique : Piers Faccini publie un bel album sans frontières
Godspeed You! Black Emperor – G_d’s Pee AT STATES END (Constellation)
Aussi circonstanciel (ses références à la pandémie, aux violences policières…) et vaguement codé soit-il, cet exercice en forme de brûlot n’est pas sans ascendance dans l’histoire de la pop au sens le plus large. On pense bien sûr aux discours les plus politisés des punks de la fin des années 1970, des mots d’ordre dont à peine plus tard la culture rap aura repris la flamme à sa manière, des appels bravaches à la contestation – ou à de menus actes de rébellion comme le Steal this album choisi comme titre par System of a Down en 2002. Les membres de Godspeed You! Black Emperor demandent, quant à eux, à leurs fans, d’une seule voix, de n’acheter leur nouvel album qu’auprès des disquaires indépendants.
Par Rémi Boiteux
>> Notre critique : Godspeed You! Black Emperor, ou la sainte guerre pop
La Femme – Paradigmes (Disque Pointu/IDOL)
La force de Paradigmes, comme cela fut déjà le cas avec Psycho Tropical Berlin (PTB pour les potes) et Mystère, tient dans le carambolage de ces thèmes, passés à la moulinette d’une gouaille morveuse et de fulgurances qui semblent traduire une volonté de ne pas s’embarrasser avec une syllabe de trop qui traîne sur une mesure, pourvu qu’il y ait l’ivresse. […] quinze titres où se croisent succubes lubriques (Divine Créature), cavalcade synth-surf en Cinémascope (Lâcher de chevaux), cruauté des amoureux·euses écorché·es délicatement susurrée (Le Sang de mon prochain), ou encore évocation lointaine des premiers roulages de pelle dans la cour du collège (Pasadena, sorte de ballade rap/r’n’b post-Pit Baccardi).
Par François Moreau
>> Notre critique : “Paradigmes”, nouvelle folie electropunk et bordélique signée La Femme
Ryley Walker – Course in Fable (Husky Pant/Bigwax)
Le trentenaire de l’Illinois a réuni ses collaborateurs de longue date Bill MacKay, Andrew Scott Young et Ryan Jewell sous l’oreille aguerrie du producteur John McEntire pour concocter un long format transversal et condensé. En sept morceaux, Walker et sa team côtoient aussi bien l’indie folk insulaire de Rang Dizzy, la pop qui monte progressivement vers la voûte céleste sur Pond Scum Ocean que les embardées jazzy qui secouent notamment l’ouverture de Striking Down You Big Premiere. Course in Fable fait fondre les genres pour mieux les ressouder et cherche par tous les moyens de déclencher une virée impromptue et spontanée vers l’onirisme.
Par Juliette Poulain
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