Au programme Mykki Blanco, Bertrand Burgalat, Garbage, Hildegard et Clara Luciani.
Même si la musique live reprend ses droits partout en France et que l’été pointe le bout de son nez, il ne faudrait pas négliger les sorties musicales hebdomadaires surtout quand elles contiennent des artistes aussi émérites que Mykki Blanco, Bertrand Burgalat, Garbage, la paire d’Hildegard ou Clara Luciani.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mykki Blanco – Broken Hearts and Beauty Sleep (Transgressive Records/PIAS)
Présenté comme un mini-album, cet enregistrement contient tout de même neuf chansons. Elles ont pour (inépuisable) thème commun l’amour, leur processus créatif ayant été impulsé peu après la fin d’une liaison amoureuse de trois ans qui a eu un impact très bienfaisant et stimulant sur Mykki Blanco. Se prolonge et s’amplifie ici la collaboration avec FaltyDL : celui-ci réalise la majeure partie de la musique tandis que Mykki Blanco signe presque toutes les paroles. Plusieurs invité·es apportent en outre une contribution (musicale, vocale et/ou textuelle) – Hudson Mohawke, par exemple, coproduit l’euphorisante chanson Free Ride, l’une des plus accrocheuses de l’album, choisie d’ailleurs comme premier single. Quant à Blood Orange, il chante et joue de plusieurs instruments sur la rutilante It’s Not My Choice. Bruno Ribeiro vient, lui, mêler son chant à celui de Mykki Blanco sur Want from Me, superbe envolée romantique à la parfaite pulsation rythmique.
Par Sophie Rosemont
Notre critique est à retrouver dans le numéro des Inrockuptibles du 2 juin.
Bertrand Burgalat – Rêve capital (Tricatel)
Farouche opposant à “la chanson sportive” des années 1990 et fervent partisan du parlé-chanté, le dandy quinquagénaire assume aujourd’hui son Rêve capital, titre poétique d’un sixième album à la fois solaire et mélancolique, ouvert aux plumes transgénérationnelles (Blandine Rinkel et Pierre Jouan du collectif Catastrophe, l’écrivain Laurent Chalumeau, la trop rare Marie Möör, son ami de quarante ans Yatta-Noël Yansané…), aux cuivres et instruments à vent dirigés par Renaud-Gabriel Pion et aux programmations électroniques de Yuksek. “A chaque fin d’album, je me rends compte de ce que je n’ai pas réussi à exprimer, raconte Bertrand Burgalat de bon matin ensoleillé. Depuis The Sssound of Mmmusic, je fonctionne toujours de la même manière : des compositions très préparées avec des prises largement improvisées en studio dans un mélange d’électronique et de jeu organique. Se renouveler avec les mêmes ingrédients oblige à chercher d’une façon moins superficielle et cosmétique.”
Par Franck Vergeade
>> Notre critique : Bertrand Burgalat, entre rêve et idéal pop
Garbage – No Gods No Masters (BMG)
Si leur discographie s’est avérée largement inégale, leurs deux premiers albums restant des éclairs d’inspiration qu’il·elles ont parfois peiné à retrouver, No Gods No Masters (“ni Dieu ni maître”, en VF) surprend par ses textes en lutte permanente. Insoumise et pétillante, féministe de longue date, Shirley Manson s’attaque ouvertement au sexisme et à la misogynie sur le morceau d’ouverture, The Men Who Rule the World. On a toujours beaucoup de plaisir à entendre la voix singulière de cette parfaite maîtresse de cérémonie, tour à tour sensuelle et mordante, qui a inspiré toute une génération de chanteuses charismatiques. Aujourd’hui, elle s’attaque également à des sujets politiques et sociaux, notamment le capitalisme, le racisme ou encore le changement climatique. Comme par le passé, Garbage alterne entre chansons explosives (The Creeps, Wolves) et ballades sombres teintées d’electro (Waiting for God, ou la conclusion This City Will Kill You).
Par Noémie Lecoq
>> Notre critique : Sans dieu ni maître, Garbage signe un comeback plus engagé que jamais
Hildegard – Hildegard (Section1/PIAS)
Sensuelles expérimentations en lâcher-prise : ainsi pourrait-on résumer cet album aussi spontané qu’intrigant, tendre escapade dans une contrée aussi organique que légèrement métallisée, où le violoncelle embrasse l’électronique, le tout caressé par les voix mouillées et brumeuses d’Helena Deland et Ouri, des beats aériens et des influx mystérieux. La réflexion menée par Hildegard repose sur la création même du duo : que se passe-t-il lorsque deux êtres se rencontrent ? Quelle magie opère entre ces deux corps, dans le secret du studio ? Quelle création naît de l’abandon ? Peut-on véritablement fusionner ?
Par Noémie Lecoq
Notre critique est à retrouver dans le numéro des Inrockuptibles du 2 juin.
Clara Luciani – Cœur (Romance/Universal)
Si le single avant-coureur Le Reste demeure en tête depuis sa sortie en avril, il esquissait déjà une inclination discoïde que l’association de Clara Luciani avec les producteurs Breakbot, Pierrick Devin (Phoenix, Lomepal, Benjamin Biolay) et avec Sage à la coréalisation, sans oublier Yuksek au mixage partagé avec Devin, augurait. Disque ensoleillé d’une femme amoureuse, dont elle s’amuse dans les paroles du Chanteur (“On n’épouse pas les chanteurs/C’est vouloir enfermer le vent”) en référence à sa romance avec Alex Kapranos, voix de Franz Ferdinand – avec qui elle duettisait sur Summer Wine l’été dernier –, Cœur est ramassé en onze titres ultra-pop. Et joue autant l’atout Michel Berger dans Cœur ou Tout le monde (sauf toi) que la carte Metronomy, avec Amour toujours et La Place, dont elle avait adapté The Bay dans sa langue maternelle avec l’écho radiophonique que l’on sait.
Par Franck Vergeade
>> Notre critique : Vous allez aimer le “Cœur” de Clara Luciani
{"type":"Banniere-Basse"}