Avec cette semaine le grandiose retour de black midi, les débuts en solo d’Olivia Merilahti sous l’alias Prudence, la dream pop toujours inspirée de Sweet Trip, le rock de NOV3L et l’intime variété de Raoul Vignal.
Le mois de mai se clôture en beauté avec de très attendues sorties : celles de black midi, Sweet Trip, N0V3L, Prudence et Raoul Vignal.
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De quoi régaler tout·e mélomane en cette période de réouverture des lieux culturels !
black midi – Cavalcade (Rough Trade Records/Wagram)
Alors que black midi donne toujours autant dans l’excès, les structures mouvantes aux métriques complexes de Cavalcade fournissent l’espace nécessaire pour y apporter de la nuance. Ici, le batteur émérite Morgan Simpson tempère la frénésie de l’ensemble (Slow). Là, Geordie Greep se fait crooner d’un autre temps (Marlene Dietrich). Aussi bien inspirés par Frank Zappa, Tom Waits et Joni Mitchell que par les œuvres d’Olivier Messiaen ou de Stravinsky – pour reprendre les dires du groupe –, les Anglais s’aventurent davantage sur les terres du rock progressif et du jazz-rock, celles de Magma comme celle de John McLaughlin, jusqu’à explorer les confins du chaos.
Par Valentin Gény
Notre critique sera à retrouver dans le numéro des Inrockuptibles du 2 juin prochain.
N0V3L – NON-FICTION
Sauter à pieds joints dans les flaques putrides de l’époque, danser sur les décombres d’un monde sacrifié sur l’autel du populisme le plus cradingue. Voilà le programme proposé par la clique de N0V3L, formation made in Canada menée par ce dissident de Jon Verley et composée de fiers collaborateurs du collectif craqué Crack Cloud (à qui, ils oublient de piquer le côté trop didactique).
Les Canadien·nes dévoilent aujourd’hui NON-FICTION. Un premier album détaillant un peu plus la formule déjà éprouvée il y a deux ans sur un EP, Novel (2019), avec ses titres courts et saccadés, infestés de guitares frénétiques sur le fil, de break et de lignes de basse engourdie. Marchant sur les plates-bandes de Devo et des Talking Heads, carrément New Wave et arty, N0V3L mobilise ici quelques cuivres comme l’imposent les nouveaux standards du genre (Squid, BC, NR). Sur Notice of Foreclosure, ils convoquent des nappes plus ambient (Apath, Interest Free) et se donnent en spectacle dans les ruines d’une post-modernité à la Burroughs.
Par François Moreau
Prudence – Beginnings (RCA/Sony Music)
A l’inverse de ces artistes qui s’aventurent en solo dans l’idée d’exprimer leurs pensées intimes ou souvenirs d’enfance à faire frissonner Marcel Proust, Olivia Merilahti opte pour un alter ego (Prudence) et une esthétique multidimensionnels. Les différents clips, volontiers futuristes, mis en ligne jusqu’ici, en apportent une preuve éclatante. De même que les productions concoctées par des icones de la French Touch 2.0 – Xavier de Rosnay (Justice) et Surkin, notamment.
Par Maxime Delcourt
Notre critique sera à retrouver dans le numéro des Inrockuptibles du 2 juin prochain.
Sweet Trip – A Tiny House, In Secret Speeches, Polar Equals… (Darla Records)
De retour après 12 ans d’absence (!), le duo formé par Roby Burgos et Valerie Cooper signe son retour avec un disque brillant de justesse. Toujours empreint d’influences justement dosées (leur culte Velocity : Design : Comfort paru en 2003 sonnait comme un mélange entre Beach House, Aphex Twin et Kero Kero Bonito) la dream pop de Sweet Trip continue de prendre la forme d’un shoegaze d’orientation nippone et aux glitches mutants, que ses auteur·rices n’ont jamais aussi bien laissé vivre.
Par Briac Julliand
Raoul Vignal – Years in Marble (Talitres/L’Autre Distribution)
Teintés de ce tropisme d’outre-Manche mais aussi d’échos harmoniques plus américains, avec la sensibilité panoramique d’un Lee Hazelwood – qui compte parmi les héros du songwriter -, les morceaux caressent sans assoupir, et de leurs arrangements modestes savent toujours tirer le meilleur. Car Vignal, qui ne cherche jamais à s’imposer, en impose l’air de rien, installant une bulle de douce torpeur dans laquelle il parvient, sans la briser, à injecter ici une pointe d’acidité, là une discrète grandeur.
Par Rémi Boiteux
>> Notre chronique : “Years in Marble”, le nouveau cru de Raoul Vignal est une promenade en apesanteur
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