Idles, Wild Nothing, Kiddy Smile, Anna Calvi… Rien de tel pour entamer la rentrée en grande forme.
Idles – Joy As An Act Of Resistance
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Dans la lignée du fracassant Brutalism, leur premier long format paru en mars 2017, les énervés de Bristol livrent une suite remarquable. Avec Joy As An Act Of Resistance et ses 12 morceaux d’une efficacité sans pareille, les Idles continuent de déverser leur rage communicative tout en prenant soin de distiller quelques touches d’humour.
Colossus donne le ton dès l’ouverture. Le morceau s’étire progressivement pour permettre à Joe Talbot de sortir ses tripes. Remontée à bloc, la bande s’attaque sans plus tarder aux maux les plus significatifs d’une société à la dérive. Danny Nedelko et son refrain accrocheur mettent le sujet de l’immigration sur la table. Samaritans abat un à un les clichés autour de la masculinité.
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Si les Idles ont bien conscience qu’ils ne changeront pas le monde, ils engagent la discussion sur une rythmique empruntée au post-punk et lancent quelques pistes de réflexion avec bienveillance. Surtout, le groupe laisse transparaître ses faiblesses en évoquant des drames plus personnels. Si l’album distribue les claques, le morceau June et son orgue sépulcral, qui font référence à la mort du nouveau-né de Joe Talbot, nous mettent K.O. Joy As An Act Of Resistance frappe juste et s’affirme comme l’un des grands albums de l’année.
Joy As An Act Of Resistance est à écouter sur Apple Music.
Wild Nothing – Indigo
L’une des signatures majeures du label indie Captured Tracks est de retour avec un quatrième album à fort potentiel addictif. Après avoir vécu à New York et Los Angeles, Jack Tatum est revenu s’installer à Blacksburg dans l’état de Virginie, sa ville d’origine. De ce retour aux sources est né Indigo, un long format qui fleure bon la dream-pop et les années 1980.
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Si Tatum est devenu l’un des maîtres du genre depuis la sortie du premier album de Wild Nothing, Gemini, l’Américain continue d’arpenter son terrain de prédilection en y ajoutant une touche de modernité technique. Loin de l’aspect lo-fi de ses débuts, des titres comme Partners in Motion et The Closest Thing To Living, avec leurs productions extravagantes et leur sonorités voluptueuses, accentuées par un saxophone des plus smooth, confirment l’idée de départ de Jack Tatum : faire de son quatrième album un classique instantané et intemporel. À l’écoute de ses onze titres finement ficelés, le dernier Wild Nothing prouve que sa tête pensante est à la hauteur de ses ambitions.
Indigo est à écouter sur Apple Music.
Kiddy Smile – One Trick Pony
À l’occasion de la fête de la musique, le 21 juin dernier, le boss du label Ed Banger, Pedro Winter, avait convié Kiddy Smile pour un set mémorable sur le perron de l’Élysée. En arborant un t-shirt « Fils d’immigrés, noir et pédé » durant son concert, la figure emblématique du voguing parisien énonçait clairement le caractère politique et engagé de sa démarche artistique.
Avec la sortie de son premier album, One Trick Pony, Kiddy Smile entérine son positionnement militant. Chanteur, danseur et performer noir et gay, l’artiste aux multiples facettes trouve dans ses compositions house un medium pour dénoncer le racisme, l’homophobie et remettre en question le regard de la société sur la communauté Queer. Pour son premier long format, il s’inspire de son expérience personnelle pour y évoquer l’amour (Dark Knight), le sexe (Dickmatized) et le coming-out (Be Honest) sur des instrus taillées pour les dancefloors.
One Trick Pony est à écouter sur Apple Music.
Anna Calvi – Hunter
Cinq ans après One Breath, l’Anglaise est de retour avec un album-manifeste. Ouvertement politique, Hunter permet à Anna Calvi de s’affirmer davantage dans ses textes, où elle se fait porte-parole LGBTQI. Au fil des dix morceaux, sous tension permanente, la multi-instrumentiste s’interroge sur les relations femme/homme, livre sa propre réflexion sur le genre et la sexualité. Elle brouille les pistes avec Chain – « Je serai le garçon, tu seras la fille », s’exclame-t-elle sur le refrain –, divise pour mieux régner sur Alpha et s’affirme sur Don’t Beat The Girl Out Of My Boy.
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Anna Calvi se libère de toute contrainte et offre un album puissant qui donne lieu à des envolées vocales exquises (Swimming Pool) et des instrumentations admirables. Au détour du disque, le séducteur et rugissant Indies & Paradise prouve que l’Anglaise n’a rien perdu de son talent indéniable de guitariste. Avec ce troisième album, Anna Calvi délaisse le rock brut pour flirter plus volontiers avec la pop. Elle assume pleinement son rôle de porte-voix et évite de tomber dans le piège du concept, une erreur qui aurait pu lui coûter d’être jugée d’opportuniste.
Hunter est à écouter sur Apple Music.
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